A VOIR ::: LA POSSONNIERE- ÉPIRÉ - LA ROCHE-AUX-MOINES - BÉHUARD - LOMBARDIERESDIAPORAMA
Les assemblées provinciales n'ayant pas résolu les problèmes financiers du royaume, Louis XVI dut se résigner à convoquer enfin les Etats Généraux, Les provinces et les municipalités reçurent l'ordre de rédiger des cahiers de doléances et de nommer des députés qui iraient les porter au baillage à Angers et élire ensuite les députés aux Etats Généraux. Savennières rédigea le sien le 1er mars 1789 sur le modèle courant, car plusieurs modèles circulaient dans la province comme celui du comte de Serrant, celui des corporations d'Angers et celui rédigé par la Réveillère-Lépeaux, Pilastre de la Bradière, J.B.
Leclerc de Chalonnes et Volney, qui fut le plus utilisé. Le signèrent : René Dertrou notaire royal à Angers et syndic de la municipalité de cette paroisse, le sieur Duparc Lagré procureur de fabrique, le sieur Genest, le sieur Testu, le sieur Froger greffier de la municipalité, Jacques Ledoyen ancien procureur, Jacques Bouet ancien procureur, Louis Mahot, Pierre Tardif préposé du vingtième, René Challin collecteur, Jacques Piron, Jean Mesnard, le sieur Michel Doguereau ancien procureur de fabrique, Pierre Roynard ancien procureur de fabrique, Jean Moreau collecteur, Jacques Rabineau, André Palisse, Louis Perrault, Joseph Brayer, Joseph Tardy, Pierre Royné, Pierre Ménard, Michel Poitevin, Mathurin Bedouineau, Pierre Boisnault le jeune, Jean Royné, Louis Robert, Louis Métayer, Joseph Melville, Germain Miot, Pierre Ciret, François Furny, Jean Jannault, Charles Boisnault, Etienne Roncin, François Charbonnier, François Huet, François Jacob, Jean Grenepois, Jean Gueniou, Jean Chauviré le jeune, Mathurin Grenier et autres.
Ces doléances devaient être rédigées sur des cahiers, mais tout de suite des politiciens comme Volney, La Réveillère, Delaunay, appartenant à la petite bourgeoisie angevine, lancèrent à tout vent des projets de revendications qui devaient ensuite servir de types au plus grand nombre de ces cahiers. Sur le cahier de doléances de Pruniers, le rapport de l'Assemblée électorale du 8 mars 1789 relate : Devant la porte d'entrée de l'église paroissiale de Pruniers, à l'issue de la messe de la dite paroisse.
Devant nous, Guillaume, Nicolas Huard, Conseiller du Roi et notaire à Angers, Marc Simon, procureur de la fabrique, Jean Giffard, syndic de la paroisse, Louis Hubert, René Pambouc, Michel Peaumeau, Jean Bourreau, Charles Neil, Julien Chevallier, René Bougère, Maurice Bricard, François Saulnier, Pierre Gourdon, Michel Roy, Sacques Moreau, François Morat, René Boucher, François Belliard, Étienne Planchenault, Louis Flancheneau, François Chaslot, Jacques Moullard, Mathurin Boulay, Mathurin Pinard, Louis Peaumeau, Pierre Bodin, René Pelletier, Pierre Rousseau, Jacques Buron. Tous se plaignent que la paroisse est moitié en bois, landes et rochers et l'autre moitié en terres, très peu de prés et de vignes. Sur celui de Bouchemaine : Beaucoup de pauvres secourus par la charité particulière, ni routes à ouvrir, ni rivières navigables, ni usines, très peu de bêtes à laine, visites trop rares de la maréchaussée d'Angers, un ruisseau passe au milieu de la paroisse occasionnant des embarras l'hiver. Le 9 mars, tous les députés des cinq sénéchaussées d'Anjou se réunirent dans l'église abbatiale de Saint-Aubin à Angers, sous la présidence de Milscent qui avait tout bien préparé.
À 8 heures du matin, ils étaient accueillis au chant du "Veni Creator" puis une messe basse, mais solennelle, fut dite par les Bénédictins. Un député de Chalonnes, Leclerc, ami de La Réveillère-Lépeaux, de Volney et des frères Delaunay, avocats d'Angers qui entendaient jouer un rôle important, troubla les débats au nom du Tiers État en demandant l'exclusion des officiers des justices seigneuriales. Bouchemaine y avait envoyé un bourgeois, Jean-François Chaillou et un fermier, Pierre Ledroit. Épiré envoya deux vignerons, Claude Mozé et René Pasquier, Savennières envoya Druillon de Morvilliers, avocat au Parlement et aux sièges royaux d'Angers, qui sera plus tard, avec vingt-cinq autres commissaires, rédacteur chargé de réunir les cahiers de doléances en un seul, Genest, Dupas, Delagrée et Testu. Béhuard envoya deux laboureurs : François et Jacques Cady. Les élections furent plus ou moins régulières ; la réduction des députés au quart également.
Finalement, le maire de Savennières, Druillon de Morvilliers, fut élu avec 92 voix, représentant du Tiers avec sept autres députés dont Volney. Le 2 novembre 1789, par 568 voix pour, mais 346 voix contre, plus 40 abstentions et 300 absents, soit 45% seulement des voix, l'Assemblée Nationale votait la confiscation des biens du clergé qui fit réfléchir plus d'un Angevin pourtant porté vers les idées nouvelles. On leur était en effet favorable tant que l'on ne touchait pas à l'ordre établi, mais tout bascula vite, entraîné par quelques chauds esprits qui furent emportés eux-mêmes par leur fougue sincère mais outrancière. Pendant que les militants tombaient, que les prêtres fuyaient et que les paysans se cachaient, les Bourgeois s'emparèrent de nombreux biens.
Ont été vendus entre autres nationalement : les Chevalleries à Bouchemaine, le 1er messidor an IV, Louzil le 12 fructidor an II, la chapelle des Hautes Brosses le 23 mars 1791, le Goupillou le 15 messidor an IV, la Roche-aux-Moines le 29 mars 1791 à Léonard Jean Chevallier, la Richeraie à Savennières ,le 3 novembre 1791, Becderat le 5 messidor an IV sur l'émigré Poulain de Cintré, la Bietterie à l'Alleud le 11 mai 1791, ancienne propriété des moines de Pontron qui l'avaient louée en 1789 au sieur Maurice , la chapelle Saint-Clément le 15 fructidor an IV pour 225 livres, l'Oisonnaie le 17 floréal an III en tant que propriété de l'hôpital des Renfermés d'Angers, le Prieuré Saint-Jacques vendu au citoyen Maugars Thomas-François, notaire d'Angers et franc-maçon notoire et la chapelle Saint Jacques au sieur Gilbert le 18 germinal an II, et à Pruniers la vente du Prieuré commença dès janvier 1791. Il fut adjugé au sieur Viot, le fils d'un orfèvre d'Angers de triste mémoire.
Viot fut chargé par la Convention, d'inventorier les églises de l'Anjou et de les dépouiller de tous les objets d'or et d'argent pour les envoyer à la monnaie. Cet exploit dont il s'était acquitté avec zèle l'avait enrichi effrontément et "la grande fortune, dit Berthe, lui donnait entrée partout". La cure de Pruniers et toutes les terres qui en dépendaient furent mises à l'adjudication avec l'église le 30 novembre 1791, en après-midi. Elle fut achetée par le sieur Chasseboeuf, un quincailler d'Angers pour la somme de 12 300 livres. Les enchérisseurs étaient les sieurs Grivet, Joubert, Bruet et Chasseboeuf.
Ces noms sont tous étrangers à Pruniers. Le cimetière, car on vendit même le cimetière qui relevait du temporel de la cure, fut vendu 6 mois plus tard, le 9 mai 1792, au sieur Duménil d'Angers pour la somme de 105 livres. Quelques personnes du pays s'adjugèrent de petits lots de terre, comme à regret, témoignage de la réprobation générale que suscitèrent dans la population de nos campagnes angevines ces ventes sacrilèges.
Le Vau, fief et seigneurie de N. D. de Clermont fut vendu nationalement le 29 mars 1791, probablement à M. Viot, Le bas Grézil appartenant encore à l'Abbaye St-Aubin fut adjugé à Georget pour 3800 livres. Moirin, propriété de l'Abbaye de Fontaine-Daniel, fut vendu le 16 février 1790.
Cahiers du Premier type
Deuxième type de cahiers : le modèle amendé
Au Petit-Paris, non plus l'apparence ne trompe pas : les doléances sont rédigées d'une belle écriture par un greffier du comte de Serrant ; les habitants signeront (du moins ceux qui savent) un texte pour l'essentiel préfabriqué. À Savennières, le président de l'assemblée est René Dertrou : il est notaire royal à Angers, mais il connaît bien Savennières puisqu'il en est le syndic et y demeure, au moins dans une « résidence secondaire ».
Après un interminable préambule très formaliste, l'exposé des doléances est substantiel, clair et précis ; il s'écarte quelque peu des modèles préétablis. Qu'en est-il par rapport à la pauvreté ? Peut-on considérer que la suppression des « droits sur le vin et autres boissons qui ne soient point vexatoires » est une mesure en faveur des pauvres ? En tout cas, cette requête n'est pas surprenante à Savennières.
Plus évidente dans une perspective de justice sociale, « l'abolition des peines afflictives concernant la chasse et diminution des amendes pour les bestiaux qui sont pris dans les bois ». « La restitution intégrale des dîmes à l'entretien de l'Église et au secours des pauvres » montre l'importance qui reste attachée au service de la charité par l'Église. L'établissement d'un bureau de charité est considéré comme le seul moyen d'éradiquer la délinquance ; il permettrait en effet « d'abolir la mendicité, lequel joint à la suppression des gabelles, diminuera les procès criminels d'au moins les trois quarts ». Une singularité à Savennières : le nombre de doléances relatives à la justice pour la rendre plus simple et plus équitable : « finalement, de faire en sorte que le pauvre peuple des campagnes soit instruit de tout ce qui le concerne pour n'être point pris en contravention sans connaissance de cause, exposé aux vexations d'un traitant et au brigandage de la chicane » (c'est-à-dire de tous les intermédiaires judiciaires).
Source : Livre Entre Loire et Bocage
Qui sera le représentant local du Pouvoir central ? Le Syndic. Institué par un édit royal de 1702, cet « officier » de village, le « syndic perpétuel » a pour fonction « le soin et l'administration de la communauté ».
Cet « officier », titulaire de sa « charge », n'est pas soumis à la volonté des habitants, mais à celle des autorités dont il est l'agent. Cette « charge » ou « office », il l'a achetée de ses propres deniers ; à moins qu'elle l'ait été par la paroisse qui peut ainsi, semble-t-il, « se payer cet officier », issu de ses rangs et pourtant représentant de l'État. Quel peut-être l'intérêt, pour son titulaire, d'occuper un tel office ! Le prestige, le goût du pouvoir peut-être, mais aussi des avantages : des « gages » prélevés sur la collecte des impôts, et une exemption de certaines servitudes (les « corvées » ou travaux d'intérêt général, l'obligation de loger, nourrir ou convoyer les troupes militaires de passage).
Quant aux obligations inhérentes à cette charge, la principale est la collecte des impôts, dont il est responsable, mais dans laquelle il est assisté par des « collecteurs » choisis au sein de la communauté : une fonction ingrate, pas ou très peu indemnisée, qui met souvent le préposé en « porte-à-faux », entre son obligation de percevoir la recette (dont il a dû « faire l'avance ») et l'éventuelle, et fréquente réticence des contribuables « mauvais payeurs ».
Le syndic de Savennières est René Dertrou (1748-1791) ; il exerce les fonctions en 1787 et toujours en 1789 ; il est aussi élu à l'assemblée d'Angers pour les États généraux. C'est un notable, « notaire royal », comme l'était déjà son père. Mais ces fonctions d'« officier » se superposent à des activités artisanales et commerciales : son père est désigné dans certains actes comme « tailleur d'habits» ; parmi ses descendants ou leurs conjoints, on trouve des boulangers, un couvreur, un fabricant de mouchoirs à Chemillé, etc. Bref, une petite bourgeoisie à mi-chemin entre un ancrage commerçant et l'accès à des charges administratives.
Source : Livre Entre Loire et Bocage
Élection d'Angers. — District de Saint Georges-sur Loire.
En 1793 : 2460 hab. État des IMPOSITIONS 1787-1788 (Arch. dép. de M.-et-L.,C 932).
Population = En 1799 : 482 feux (P. V.).
Vingtièmes, 4206 I. 3 s. Principal de la taille, 3900. Brevet, imposition et accessoires, 2567 - Capitation, 2486 l.
Gages des collecteurs, 97,16 s. Équipement du milicien, 3.6 s.Sommes en remplacement de corvées, 975 I. Nombre de minets de sel, 82 2/4 à 61 I.12 s. 3 d. — Totaux des impositions, 19321 I. 10 s. 7 d.
Enquête Seigneur : le comte de Walsh. Membres de la municipalité : Syndic, Dertrou. —
Art. 3. Les privilégiés sont au nombre 15, tant ecclésiastique, noble, que d'autres, qui, par leurs charges, leur confèrent les privilèges, qui ne font point valoir seulement leur vigne et quelque peu de prés.
Le surplus est affermé à l’exception d’un privilégié qui fait valoir une métairie.
Art.9. Il y a une brigade d'employés de 8 lemmes au village de la Possonnière qui ont pour paie 2830 l
Art. 12. Les revenus des biens et des dimes ecclésiastiques peuvent monter à 12 000 livres, charges déduites.
Art. 14. Cette paroisse fourmille de pauvres. Suivant l'état que m'en a fait voir notre curé, auxquels il fait les aumônes qui se montent à 135 familles. Pourquoi tant de pauvres ? En ce qu'il y a beaucoup de vignes, faibles ressources, ce qui fait bien des journaliers qui n'ont que 12 à 15 sols par jour.
Encore ne sont-ils pas toujours occupés. Ces journées peuvent-elles faire vivre femmes et enfants, n'ayant point d'autres ressources ?. Il n'y a pas de possibilité, la misère les force d'envoyer leurs enfants mendier aux portes, dont plusieurs s'en font un état. J’ai l'honneur d'assurer que faisant les rôles de plusieurs paroisses depuis 1770, je n'ai pas vu de paroisse plus taxée que Savennières. Signé : Dertrou, syndic.
Carte générale de l’élection d’Angers (ibid. C 211). —Sur la Loire. Bon fonds, 1/3 à froment et à seigle. Plus de seigle que de froment. Quelques avoines et lins. Ni orge, ni chanvre, ni blé noir. 1/3 en vignes d'un excellent cru, 1/3 en bois. Il y a des prairies.
Gros taux des principaux fermiers en 1790 : 2 de 90 à 80 l.; 2 de 80 à 60 l. ; 23 de 60 l à 40 l
sont comparus à l'issue de notre grand’messe paroissiale, lieu et endroit où se tiennent ordinairement les assemblées de cette paroisse de Savennières, devant nous :
René Dertrou, notaire royal à Angers et de Monsieur, fils de France, frère du Roi pour la résidence de Savennières. y demeurant, soussigné et syndic de la municipalité de cette paroisse, le sieur Duparc Lagré, procureur de fabrique, le sieur Genest, le sieur Testu, le sieur Froger, greffier de la municipalité, Jacques Ledoyen, ancien procureur, Jacques Bouet, ancien procureur. Louis Malot, Pierre Tardif, préposé du vingtième, René Chiait collecteur, Jacques Piron, Ivan Mesnard, le sieur Michel Doguereau, ancien procureur de fabrique, Pierre Roynard, ancien procureur de fabrique. Jean Moreau, collecteur, Jacques Rabineau, André Palisse, Louis Perrault, Joseph Brayer, Joseph Tardy. Pierre Royné, Pierre Ménard, Michel Poitevin, Mathurin Belouineau, Pierre Hoisnault le jeune, Jean Royné, Louis Robert, Louis Métayer, Joseph Vieilville, Germain Miot, Pierre Ciret, François Furny, Jean Jannault, Charles Boisnault, Étienne Roncin, François Charbonnier, François Huet , François Jacob , Jean Grenepois, Jean Gueniou, Jean Chauviré le jeune, Mathurin Grenier et autres Députés : Druillon de Morvillier, avocat au Parlement et aux sièges royaux d'Angers, Genest et non Dertrou, Dupas, Delagrée, Testu. Suivent 18 signatures. Cahier des Doléances et représentation des habitants de la paroisse de Savennières
En 1795, la municipalité de canton devient l'échelon administratif de base. Le canton de Savonnières comprend trois communes : Bouchemaine, Savonnières et Béhuard.
Le canton a, à sa tête, un président élu pour deux ans, renouvelable une fois, par les citoyens du canton (citoyens actifs, payant un impôt minimal correspondant à 10 journées de travail). Les communes ne sont pas supprimées, mais les équipes municipales ne sont plus composées que d'un agent municipal et d'un adjoint.
Ces deux représentants conservent, néanmoins, dans leur commune, un rôle d'officier d'état civil « chargé de recevoir les actes destinés à constater les naissances, mariages, décès ».
Cette concentration administrative est renforcée par une centralisation très verticale officiellement exercée par le commissaire du directoire exécutif. Il assiste à toutes les séances et son rôle est de rappeler la loi et de veiller à son application et de rendre compte au directoire départemental.
Aussi, dans les comptes rendus des délibérations du conseil cantonal, avant chaque décision, il est noté : « et après avoir entendu le commissaire, du directoire exécutif a arrêté que »
Le commissaire doit des rapports décadaires (tous les 10 jours) et faire preuve de son efficacité.
La commune n'a plus guère d'existence : plus de budget propre.
Le siège du Conseil cantonal
Une délibération du 22 mai 1796 précise que les réunions ont lieu dans l'ancien presbytère du cure Bonnet. Le juge de paix y tient aussi ses audiences et le percepteur y reçoit les contributions.
Or, ce local est à vendre comme « bien national ». Le Conseil adresse « aux citoyens administrateurs du département » une requête pour l'acquérir : « Cette maison est tellement essentielle pour le service public qu'il serait absolument impensable de la remplacer par aucune autre. »
C'est le commissaire Bonnet qui fait l'acquisition de son ancien presbytère le 7 juillet 1796.
Le 8 décembre 1796, le conseil cantonal négocie la jouissance d'une des maisons du citoyen René Richou, charron, domicilié à Savennières, où il logeait 2 locataires, moyennant la somme de 140 livres par an. Et dans une délibération du 2 avril 1797, on lit : « que la chambre d'au-dessus de la salle des finances fut donnée au citoyen juge de paix pour y tenir ses audiences, dans le même local où l’administration tient ses séances, les administres trouveront dans le même endroit tous les fonctionnaires auxquels ils pourront avoir besoin. »
La première administration cantonale installée le 6 décembre 1795 est composée :
1a) de 6 élus municipaux
Pour Savennières : Louis-Denis (dit Denis) Brillemont, président du conseil cantonal.
Pierre Contancin, secrétaire en chef chargé de la garde du papier et de la signature d'expédition.
Pour Bouchemaine : François Poirier du Lavoir, agent, Étienne Allard du Breuil, adjoint.
Pour Béhuard : Charles Colin, agent, Charles Cadix, adjoint.
1-b) Du commissaire du pouvoir exécutif. Cette fonction de commissaire est au départ fort fluctuante. Antoine Vallée, puis Frémi font fonction de commissaire. Le 7 mai 1796, le citoyen Brideau est nommé et installé commissaire du directoire exécutif.
Mais à partir de juillet 1796, la fonction est exercée par René Bonnet, ex-cure de Savennières.
c) d'un juge de paix : il siège à chaque réunion du Conseil. La fonction est exercée, au cours de ces années, par Louis Tardif-Chaumerie (ou de la Chaumerie).
Cette première administration est bousculée en novembre 1797. Par arrêté du Directoire exécutif, Brinemont, président ; Poirier du Lavoir, agent ; Allard du Breuil, adjoint ; Fremi, agent, sont destitués de leurs fonctions sous prétexte d’insouciance et de peu d’énergie. Ils sont remplacés : le 1er par Pierre Froger, ancien juge de paix, le second par Georget, le 3e par Séchet, le 4e par Pierre Gaudin.
1-A) L'information.
D'abord, la communication des lois et règlements à la population tout entière : c'est notamment la tâche des gardes champêtres communaux de faire part à tous les citoyens, alertés au son du tambour, des principales décisions ayant une incidence sur la vie sociale.
Parmi ces décisions :
1-B) Les impôts.
Le conseil en fixe les « rôles » (les bases) avec des commissions locales, tandis que la perception est confiée à des fermiers communaux. Sur ces relevances le conseil a le pouvoir de décider des exonérations exceptionnelles en cas de catastrophes climatiques, d’inondations, de grêle sur les vignes, ou de situation de grande difficulté chez certains particuliers.
2-C) La sécurité.
La sécurité est assurée par la garde nationale et les gardes-champêtres. Ce doit 'être aussi le souci de tous les citoyens. Chaque capitaine de la garde doit faire devant le Conseil, tous les décadis, un rapport sur la situation dans le canton.
La principale menace est celle des Chouans, surtout en 1799.
Suite aux différentes incursions que les Chouans ont faites à Saint-Georges et dans le canton, particulièrement à Béhuard, où ils ont brûlé le registre de l'état civil, l'administration cantonale est autorisée le 4 novembre 1799 à tenir provisoirement ses séances à Angers.
Les brigands constituent un important danger, et aussi le vagabondage des animaux. Cette errance des animaux tient beaucoup à la négligence des propriétaires dans l'entretien des clôtures (à l'époque, pas de grillage ni de barbelés).
3-D) La vie publique.
Gros souci du conseil cantonal : le respect du décadi (jour de repos remplaçant le dimanche, tous les dix jours). La population reste attachée au rythme hebdomadaire et au repos du dimanche.
Les fêtes, ces fêtes décadaires auxquelles le conseil cantonal, sur injonction des autorités supérieures, attache tant d'importance, visent à créer un nouveau lien social par la substitution d'un rituel républicain aux fêtes chrétiennes dont l'un des théoriciens fut le chalonnais Jean-Baptiste Leclerc.
Le conseil organise et conduit les fêtes commémoratives qui rappellent les moments fondateurs du nouveau régime : prise de la Bastille, fondation de la République, mort de Louis XVI ; et celles qui célèbrent un évènement exceptionnel : plantation de l'Arbre de la Liberté ; victoires de Bonaparte. Et toujours aux mêmes dates, les fêtes célébrant des valeurs (la liberté, la paix, l'agriculture) ou des réalités sociales (la jeunesse, la famille, la vieillesse).
Quel bilan ?
Beaucoup de difficultés : pénurie de moyens, de matériel, de financement pour le traitement des secrétaires et des coursiers ; instabilité des agents municipaux due aux missions où remplacements qui se multiplient suite à des révocations massives par changements au sommet de la hiérarchie ou par avis des commissaires.
Le déclin administratif et politique est si patent que le Consulat rétablira les municipalités communales, mais avec des maires et leurs adjoints nommés par l'administration centrale, qui convoque aussi les réunions des conseils municipaux.
Louis Barrault- Sources : ADML dossier 68
Les questionnaires, remplis dans chaque communauté locale, sont synthétisés au niveau du district de Saint-Georges, lequel est doté d'un bureau composé de représentants des trois ordres : Bourgonnier, curé de Saint-Jean-de-Linières et secrétaire du Puy de Cumont pour la noblesse ; Bucher, procureur fiscal de Bécon et de Bois-Robert, pour le Tiers-État.
Retenons les deux questions relatives à notre préoccupation du moment : La question 22 est ainsi formulée : « Y-a-t-il beaucoup de pauvres dans la paroisse ? Par quels moyens pourrait-on les soulager ? ». La question 10 est en rapport avec cette préoccupation : « Quels sont les ateliers de charité les plus utiles à établir dans le district ? ».
Et voici les réponses obtenues : Pour Savennières, la réponse est précise et se prolonge par une doléance : « Cette paroisse fourmille de familles de pauvres ; suivant ce que m'en a fait voir Monsieur notre curé auxquels il fait les aumônes, se monte à cent trente-cinq familles.»
Tant de pauvres en ce qu'il y a beaucoup de vignes, faibles de ressources, ce qui fait que bien des journaliers n'ont que 12 à 15 sols par jour, encore ne sont-ils pas toujours occupés ; ces journées peuvent-elles faire vivre femmes et enfants n'ayant point d'autres ressources ; il n'y a point d'autre possibilité. La misère les force d'envoyer leurs enfants mendier aux portes, dont plusieurs se font un état, et il serait bon d'empêcher ces abus et de soulager les vrayes pauvres, en versant les aumônes dans les ménages et jamais aux portes, d'avoir pour cela un bureau d'administration, de faire des quêtes, d'employer les fondations qui y sont destinées, nous entendons les fondations dont les fabriques sont chargées envers les pauvres.
Oserais-je prier Messieurs les députés qui composent le Bureau du District d'avoir égard à notre paroisse lorsqu'ils auront eu ordre de faire l'assiette des impositions ; j'ai l'honneur de leur assurer que faisant les rôles de plusieurs paroisses depuis 1770, je n'ai pas vu de paroisse plus taxée que celle de Savennières.
La plus forte métairie semant dix septrées par chacun an est taxée à quatre-vingt-dix livres de principale taille, la seconde qui ne peut semer que sept septrées est taxée à quatre-vingt-six livres aussi de principales tailles, à proportion, les autres taillables sont taxés ». Cette réponse est signée Destrou, syndic : c'est un notaire, ce qui explique l'expérience fiscale qu'il invoque ; mais ce qui n'empêche pas une orthographe et une syntaxe fort approximatives.
Telle est l'appellation retenue pour cette synthèse de 1790 (Archives départementales 1 L 402). Elle confirme et précise les informations recueillies par l'enquête de la Commission intermédiaire (1788). On y constate que les premières mesures prises par la Constituante (très récemment, il est vrai), ont certes considérablement amélioré les « droits de l'homme et du citoyen » et modifié l'organisation administrative du pays, mais n'ont guère produit d'effets sur la situation sociale des populations. Savennières avec 2460 habitants est la commune la plus peuplée du canton (davantage que Saint-Georges).
Pas étonnant qu'on y recense : 48 vieillards à aider, 39 infirmes, 208 enfants encore dépendants, mais aussi 20 malades chroniques et 3 vagabonds (ce qui est peu en comparaison d’autres communes) et au total 393 individus requérant assistance.
Bien sûr, 243 livres sont affectées à des fonds de charité. Mais on pourrait donner du travail « pour réparer les chemins et les levées qui sont impraticables » afin de réduire cette pauvreté. Car « un tiers de la paroisse est planté en bois, terres labourables et prés et les autres tiers en vignes (une superficie considérable par rapport à celle d'aujourd'hui !), ce qui fait beaucoup de journaliers qu'il faudrait augmenter ». Et l'on en profite pour glisser une doléance : « Cette paroisse, malgré la quantité de journaliers qui sont pauvres et le débord des eaux qui ravagent les terres deux ou trois fois l'an, est grevée de tailles (les impôts n'ont donc pas tous été supprimés, ainsi qu'elle s'offre de le démontrer).
Source : Livre Entre Loire et Bocages
Elles sont présentes à Bouchemaine et à Savennières (qui constituent alors un canton). La Garde nationale est d'abord une milice parisienne (dans laquelle La Fayette a joué un rôle éminent) ; héritier de milices locales d'Ancien Régime chargées de tâches de police, ce mode de défense s'est répandu dans toutes les villes, puis dans les campagnes.
Quel fut le rôle de ces milices communales ? Toujours, en premier lieu, assurer la police contre les voleurs, ainsi que le demandent les habitants de Beaulieu en septembre 1789 ; « il est très nécessaire de monter la garde et de faire de fréquentes patrouilles, pour la sûreté publique de ladite paroisse, en qualité de milice nationale de ladite province.» Quant à la milice rurale du Lion d'Angers, elle se préoccupe de réprimer les vols dans les jardins, les rixes, et surtout de limiter les beuveries .
Et tout ceci valait sans doute pour les compagnies de gardes nationaux de nos paroisses (bientôt « communes »).
VIEILVILLE Joseph fut nommé capitaine de la garde nationale de Savennières et prit pour lieutenant Jacques ESNAULT. Il devint ensuite procureur de la commune
Ce ne sont pas des volontaires, mais des conscrits de la « Levée de 300 000 hommes » décidée en février 1793 et de la « Levée en masse », celle qui allait déclencher l'insurrection vendéenne (les troupes de volontaires de 1791 et 1792 étant insuffisantes).
Il existe là une compagnie de la Garde nationale : c'est un bon terreau pour les vocations de volontaires.
Certains ne reviendront pas.
Ainsi René Freulon, né le 12 juin 1774, de René et de Louise Jouet. Entré à l'hôpital des Sans-Culottes de Nantes, il y décède de «fièvre putride » deux mois plus tard, le 22 août 1794.
Urbain Esnault, fusilier au 4ème bataillon de Mayenne-et-Loire, décède (« suite à une fièvre ») à l'hôpital ambulant de la Haute-Pierre à Metz le 8 décembre 1794.
François Robineau, laboureur, petit de taille (1,56 m), meurt à l'hôpital militaire de Marmoutier le 15 août 1794. Était-il engagé dans la guerre contre les Vendéens ? Même hypothèse pour Étienne Roland mort à l'hôpital militaire d'Angers le 16 mars 1794.
François Jacob, né le 22 août 1772, fusilier au 5ème bataillon du département, perd la vie à l'hôpital fixe de Metz en octobre 1794, un sort identique pour Jean Boureau, qui décède à l'hôpital d'Angers le 5 juin 1794, et pour Jean Delaunay, du bataillon de Mayenne-et-Loire, à l'hôpital de L'Égalité de Nantes.
D'autres volontaires auront plus de chance.
Parmi les premiers enrôlés, Thomas Billot, dès le 16 janvier 1792 : il est né à Ingrandes en 1766 et s'y mariera. Pour l'heure, il est « garçon bouvier à Savennières chez Jean Moreau ». Le 22 juillet 1792, c'est au tour d'Urbain Bourdeil de se faire enrôler. Fils de Pierre et de Françoise Martin, né en 1765, il est alors « garçon meunier ». Sa taille est de 1,60 m ; son visage est précisément décrit : « front petit, yeux bleus, nez moyen-gros, visage ovale marqué de petite vérole, une cicatrice à la lèvre supérieure » ; examiné de partout, le corps à nu (comme ce sera toujours la règle avec le conseil de révision), on lui remarque « deux coupures sur le poignet droit ; la jambe de même », ce qui ne l'empêchera pas de partir au front aussitôt. Il en reviendra puisqu'on le retrouve mobilisé à nouveau sous Napoléon au 6ème régiment d'infanterie. Là encore, il échappe aux périls des combats, se marie en 1811, mais décède en 1812.
François Gaultier, né le 17 septembre 1765, « marinier sur Loire », fils de François et Perrine Chalain, est enrôlé au 2 ème bataillon le 29 juillet 1792. Mais son service n'est pas très long, puisque son mariage avec Renée Gohard, le 11 février 1794, est à l'origine d'une longue et nombreuse descendance. On connaît le visage de François Dupuis : « Cheveux, sourcils et barbe châtains, le front petit, les yeux roux, le nez un peu gros, la bouche grande, le menton fourchu et à fossette, la lèvre inférieure saillante ». Né le 10 mai 1766, il exerce la profession de tonnelier, mais il est « classé matelot depuis deux ans », ce qui s'explique par sa spécialité : la marine utilise énormément de tonneaux pour la conservation de l'eau et des denrées ; de plus, il peut être employé comme charpentier à bord. Il est enrôlé dès 1791, en raison aussi de sa « bonne volonté ». Combattra-t-il ?
Jean Hamoneau, né à Savennières en 1771, est tisserand comme son père, Pierre, et ne sait pas signer. Sa taille est de 1,62 ; il a les cheveux châtains, les yeux bleus, un visage assez plat avec des marques de petite vérole. Il est enrôlé le 6 septembre 1792. Que devient-il ensuite ?
François Hervé, lui, sait signer. Il faut bien cela pour servir comme domestique chez le curé de Saint-Augustin. Il mesure 1.58 m, et n'a que 17 ans quand il s'enrôle le 5 septembre 1792. Quel sera son sort ?
Plusieurs Saponariens se font inscrire sur les rôles à la même date du 15 septembre 1792. Charles Avrillon est né à Rochefort le 2 mars 1769, mais il travaille comme tailleur de pierre à Savennières. Il mesure 1,61 m et ne sait pas signer.
Paul Letheule, 1,60 m, est né à Bouchemaine le 8 mars 1774, mais exerce comme tailleur d'habits à Savennières.
Jacques Méron, fils de Jacques et Jeanne Palisse, est né à Savennières et y travaille comme garçon laboureur : il a 25 ans, mesure 1,62 m et son visage est marqué par la petite vérole.
Jean Meignan, garçon laboureur, n'a que 15 ans et demi ; la description de son visage « petit, plein et rond, yeux bleus » suggère des traits encore enfantins. Il est le fils de Pierre, vigneron à la Roche-aux-Moines et de Marguerite Lemonnier qui demeurent au Moulin de la Croix. Est-ce l'exemple de son frère déjà militaire qui le pousse ? Mais, compte-tenu de son âge, il est peu probable qu'on l'ait retenu. D'ailleurs, il se mariera en 1797 (à 20 ans, donc jeune pour l'époque), avec Françoise Robert, et sera l'ancêtre d'une longue descendance, encore bien présente dans notre région.
Aussi jeune est Louis Bassiot (?), garçon laboureur à la Possonnière, d'ailleurs de petite taille (1,58 m) et d'allure sans doute assez poupine (« visage plein et ovale, menton rond et gros, nez canard, yeux roux, cheveux blonds tirés un peu sur le rouge »). Mais il ne suffit pas d'être vaillant : l'adolescent est immédiatement réformé comme « infirme ».
Mathurin Chauviré est garçon vigneron (l'appellation désigne un célibataire domestique logé par son patron) demeurant aussi à la Possonnière, fils de Joseph et de Marie Bessonneau : de taille honorable pour l'époque (1,62), avec un « visage assez plein et rousselé, un nez long et gros », il ne paraît pas chétif et peut faire un bon soldat. Sera-t-il mobilisé ? En tout cas, il se marie (tard, il a 47 ans), à Savennières, avec Jeanne Richou.
D'autres jeunes gens de Savennières seront convoqués à Angers pour la levée de 300 000 hommes entre le 2 et le 9 floréal de l'an II (fin avril 1794). On connaît leur nom et le lieu de leur hébergement (« à la citadelle » ou en ville, « chez l'habitant », parfois avec une adresse précise).
Ce sont : Joseph Rousseau, Joseph Bricard, Joseph Bessonneau, Louis Martin, Joseph Auger (employé au charroi de l'armée), Pierre Dupré, Julien Deschesneaux, et un certain Boisneau, « renvoyé étant infirme ». Mais on ignore dans quelle unité ils ont été mobilisés (au moins pour ceux qui l'ont été), pour quelle destination, et avec quelle durée.
Épiré
Ce n'est qu'une petite paroisse pour laquelle nous n'avons retrouvé qu'un volontaire : Joseph Gohard, qui s'engage à Saint-Georges le 9 septembre 1792. Il a 23 ans, se déclare « faiseur de bateaux », mesure 1,63 m, se caractérise par un « menton fosset » achevant un « visage long et blême ». Partira-t-il ? Est-ce son engagement citoyen qui lui vaudra d'être garde-champêtre après son mariage à Savennières ? II décédera à Angers en 1847, âgé de 78 ans.
Parmi les membres des communes de nos coteaux qui défendirent le plus les idées révolutionnaires, il faut mentionner :
la famille Vieilville, famille considérable de la Possonnière avec Joseph Vieilville tenancier de l'auberge "le Grand Louis" en 1765, à qui succéda son fils Joseph en 1786. Le grand-père Marc Vieilville en était déjà tenancier en 1700 ; un autre Vieilville sera plus tard vicaire de Savennières. Joseph fut nommé capitaine de la Garde nationale locale et prit pour lieutenant Jacques ESNAULT. Il devint ensuite procureur de la commune.
Marie-Jacques Cady fut nommé maire de Béhuard en 1790, remplacé par Charles-René-Jean Colin, dit l'abbé Colin, en 1792.
À Savennières, Pierre-Louis-Jérôme Leglou, ancien receveur général des aides à Baugé et commandant des volontaires du district, fut le premier à porter le titre de maire le 15 thermidor an VIII. Un carrefour à l'entrée du bourg porte encore son nom.
À Bouchemaine, un bataillon de la garde nationale fut formé avec à sa tête Jean Michel Hossard dit Malibert. Le premier maire fut Poitevin en 1790, puis lui succédant LB. Coutelle le 26 janvier 1792 et M.F. Poirier-Dulavouer le 15 messidor an VIII.
Le 14 juillet à Paris, une centaine d'assaillants périrent pour délivrer sept prisonniers seulement. La prise de la Bastille, symbole de l'ancien régime, allait déclencher le pillage des châteaux en campagne. Les grands bouleversements commençaient. Le 15 janvier 1790 était créé le département de Mayenne-et-Loire remplaçant l'ancienne province d'Anjou. La réorganisation administrative des trois paroisses de l'Anjou, de la Touraine et du Maine en quatre départements date du 15 janvier 1790, mais le 26 février 1790, le département de Mayenne-et-Loire sera changé en Maine-et-Loire.
Le département sera représenté par le Conseil Général.
Jean Savant, historien de La Possonnière, note qu'en 1791, la fête nationale du 14 juillet ne fut célébrée à Savennières que le 17 seulement.
Le curé Joncheray a écrit qu'en février 1791, on aurait brûlé les objets du culte, sur la place publique de La Possonnière, où existait encore le gibet devant l'actuelle Taverne du Prieuré. Le père Rolland passant devant le brasier remarqua un crucifix, l'écarta des flammes, puis remonta dans le bourg et redescendant par la rue de la cure pour ne pas être vu des curieux, il le ramassa et le cacha sous sa blouse, Ce crucifix est conservé actuellement à la sacristie avec un vieux calice.
En fait, le maire de Savennières vint faire l'inventaire de la chapelle le 10 juillet 1791. Il y fut enfermé avec les officiers municipaux qui l'accompagnaient, par les gens du village menés par le charpentier Jacques Robert et un marinier Jean Bourigault. Après une longue discussion, le maire dut remettre les clefs aux gens du pays qui se portèrent garants et responsables de tout ce que contenait la chapelle. Il n'y eut donc ni incendie ni vol, car le 19 avril 1792, le Conseil Général nommait un commissaire de police, Pierre Miot pour faire respecter les offices religieux et "veiller à ce qu'il ne se commette aucun abus dans ladite paroisse pendant l'office divin".
L'arrêté fut contresigné du maire Robert, du vice-maire Pierre Gaudin, de J. Meunier, officier et de J. Vieilville, procureur de la commune, rédigé par P. Miot et Contancin, greffiers. (Archives, registre des arrêtés 1790-1842)
En novembre de la même année, Angers recevait une "machine à décapiter", autrement dit une guillotine qui resta dressée quatre mois durant sur la place du Ralliement.
Les 10, 11 et 12 mars 1793 commençait la guerre de Vendée à Saint-Florent-le-Vieil, distant seulement d'une trentaine de kilomètres à l'ouest de chez nous. Trois semaines plus tard, le 6 avril 1793, c'était à Paris la création du comité de salut public du 9 thermidor et trois semaines encore après, trente mille Vendéens avaient pris les armes à Cholet.
Ils seront cent mille, dont quarante mille femmes, à traverser la Loire à la Meilleraie dans la nuit du 17 au 18 octobre.
Dès le 22 mars 1793, l'armée catholique et royale était entrée dans Chalonnes qui avait longtemps hésité à se rallier à la cause des Vendéens. Nombre de Chalonnais prirent peur et se réfugièrent dans les îles jusqu'à Rochefort. Dans la nuit du 3 au 4 avril, la ville était en flammes et les Vendéens arrivaient à Saint-Augustin-des-Bois.
Le 11 suivant, le département ordonnait à tous les mariniers de Chalonnes, de Rochefort et des îles, de se rendre à Savennières" sous le canon de la barque qui y est stationnée" pour assurer l'évacuation des habitants et des bestiaux sur Angers. À l'Alleud, après le départ de l'abbé Pirault, la chapelle Saint-Clément subit diverses profanations et on dit même qu'elle fut incendiée au moins partiellement.
En 1793, Marie Berthelot, veuve d'Alexis Maurice, alla un dimanche après-midi chercher la clef chez Jacques Doyen tonnelier à l'Alleud, s'enferma dans la chapelle et recueillit dans une étoffe de soie rouge qui servait à couvrir le pupitre du missel, les reliques de Saint-Clément et de Saint-Joyeux qui étaient enchâssées derrière des plaques de verre dans les bustes séparés des deux saints et exposées à la vénération publique depuis vingt-neuf ans environ. Elle n'en avisa que sa nièce Jeanne Piron, femme de Jacques Poirou filassier, et les remit à l'abbé Renou, curé de Savennières en 1801 en présence de J. Piron et de son mari, ainsi que de quelques vignerons de l'Alleud, Jean Ménard père et fils, Jean Burgevin et Louis Cordier. Les reliques des deux saints sont encore à Savennières renfermées dans une petite châsse sur laquelle repose non plus un buste, mais une statue représentant les deux saints martyrs.
C'est dans la vallée, semble-t-il, que se manifesta le plus cruellement la terreur.
L'île Béhuard était occupée par les Bleus et leur servait de poste d'observation. Tout trafic fluvial fut interdit durant la guerre de Vendée à partir du 15 février 1794 par arrêté de Francastel et les bateliers furent réquisitionnés à Angers, comme on vient de le voir. Au Noël suivant, ce fut la fusillade du Champ-des-Martyrs du Marillais et six mois plus tard, le 8 juin 95, l'incendie de Saint-Florent-le-Vieil.
En ces temps-là, les prisonniers étaient noyés par centaines à la Baumette et aux Ponts-de-Cé. Trente-deux Vendéens furent écorchés vifs aux Ponts-de-Cé par Péquel, chirurgien-major du quatrième bataillon des Ardennes, et Monsieur de Romain précise qu'un jour on vit dix-neuf cadavres de noyés dans l'île Murot. Aussi les femmes n'osaient plus laver le linge en Loire. Elles y revinrent pourtant, mais un jour un cadavre surgit à nouveau près d'elles, (bulletin paroissial du curé J. Joncheray).
On n'a pas retrouvé trace, à part celle des prêtres, d'autres victimes de la Révolution.
Le curé Joncheray rapporte de bien petits malheurs à côté de ceux qui frappèrent les communes d'alentour : Anne Boisneault, épouse de Pierre Bouet et mère d'Angélique Gasnier et de Marie Bouet qui épousa Mathurin Ragueneau, allant retrouver sa mère dans les vignes du côté de Savennières, fut interpelée par une patrouille républicaine parce qu'elle n'avait pas de cocarde à son bonnet.
Perrine Juret, épouse du vigneron Jean-Pierre Ménard de l'Alleud, fut arrêtée chez elle dans sa maison du Pâtis du Four devant ses enfants, et enchaînée pour être conduite à Saint-Georges parce qu'elle avait hébergé un prêtre réfractaire. Mais finalement, les gardiens eurent pitié d'elle et, à l'approche du Port-Girault, ils la libérèrent.
Cette même année, on a dit aussi qu'un habitant du bourg, caché par Madame Eugène Thoré, à la Pasqueraye, aurait été arrêté, emprisonné à Angers et fusillé avec 2000 autres du Champ-des-Martyrs d'Avrillé, mais il n'a jamais été identifié.
En 1817, une émeute éclata, provoquée par la disette de blé. Des habitants de nos communes voulaient s'opposer à l'envoi de blé hors du département, et arrêtèrent les bateaux chargés à Chalonnes .
(C. Port. T.1. 1965.).
D'après les nouveaux décrets, les blés pouvaient circuler librement. Ils étaient chargés sur des bateaux et s'en allaient à Nantes. Chalonnes servait de port d'embarquement pour toutes les Mauges. Le grain était apporté dans des sacs sur le dos des chevaux et entreposé chez les boulangers en attendant leur départ pour Nantes. Au commencement de 1817, la soudure parut difficile à faire. Il fallut cette année-là moissonner dès le mois de juin et le kilo de pain valait 0 Fr.60, prix élevé pour l'époque. Dans tous les environs, le grain manquait aussi, les gens commencèrent à murmurer. Ils accusèrent les commerçants de Chalonnes d'avoir accaparé le blé et de vouloir les faire mourir de faim.
Délibérations du conseil municipal de Savennières, le 10 juin 1817. Procès-verbal adressé au préfet de Maine-et-Loire (transcription intégrale,.
L 'an mil huit cent dix-sept, le dix juin, deux heures de l'après-midi, Le bruit se répandit dans la commune de Savennières que des habitans de diverses communes de la rive gauche de la Loire, département de Maine-et-Loire s'étaient portés à Rochefort et de là dans la ville de Chalonnes pour y faire ouvrir des magasins de grains qui s'y trouvaient et que les propriétaires et dépositaires de ces grains s'étaient déterminés pour éviter tout trouble à vandre et distribuer ledit grain au prix modéré de trois francs le boisseau de froment et deux francs celui de seigle et que des femmes des villages de La Leu, La Possonnière et du bourg de Savennières qui revenaient du marché de Chalonnes (qui se tient ce jour) en avaient obtenu à ce prix.
Cette nouvelle produisit, dans le bourg et les villages susmentionnés, la réunion des femmes de la classe indigente. La misère est excessive et quelques-unes d'entrelles quittent leurs quenouilles pour se rendre à Chalonnes. Alors les membres du conseil municipal qui se trouvaient au bourg de Savennières discipèrent ces réunions en les assurant que si on distribue des grains audit prix, ils en obtiendraient également. Cela calma les esprits et empêcha les pauvres vignerons et autres ouvriers qui revenaient de leurs travaux de se laisser aller aux invitations faites par leurs femmes de se porter au village de la Roche-aux-Moines situé sur la rive droite de la Loire en cette commune de Savennières où on leur avait assuré que le nommé Faucheux, meunier en cette commune, avait fait charger le bateau du marinier Tourmeau.
On fit vérifier le bruit et il se trouva dénué de tout fondement, car il n'y avait eu ni station, ni chargement de bateau à La Roche-aux-Moines. Les membres du conseil se retirèrent chez eux après s'être assurés qu’il n’existait aucun rassemblement et que chacun était rentré chez soi pour y prendre leur repos, et donner l'ordre aux gardes champêtres de la commune de se tenir nuit et jour le long de la rive de la Loire qui borde la commune de Savennières pour veiller à ce qu'aucun bateau chargé de grains ne puisse, ni s'arrêter, ni aborder sur ladite rive.
Le onze juin, dès la pointe du jour, des habitants des villages et communes se joignent à celle de Savennières et même des pauvres de la ville d'Angers traversèrent le bourg de Savennières, le village de la Possonnière, de La Leu, du Port-Giraud avec des poches sous les bras en disant aux habitants de Savennières qu'ils allaient chercher du grain à Chalonnes où on en vendait ou même donnait. Alors plusieurs hommes et femmes du bourg et des villages susdénommés partirent par trois ou quatre pour aller à Chalonnes et dans leur chemin rencontraient des individus qui en revenaient et leur dire qu'il n'y en avait plus, mais qu'ils en trouveraient vis-à-vis la Boule d'Or (au Port Girault).
En effet, ils s'y acheminèrent, trouvèrent entre les communes de Chalonnes et Saint-Georges-sur-Loire un train de bateaux qui avait été arrêté dans la matinée par des individus de la rive gauche de la Loire et qui étaient encore dans les bateaux et les engagèrent à prendre du froment comme eux. Une grande partie se laissa aller à cette suggestion, et d'autres, voyant qu'on ne voulait pas recevoir leur argent, s'en revinrent sans grain. Ce pillage dura ainsi jusqu'à ce que la troupe venue tant de la rive gauche que de Saint-Georges dissipe ce rassemblement et saisisse les grains en poches délaissés sur le rivage et qu'ils firent reporter aux bateaux.
Le lendemain douze, les habitants ayant entendu dire qu'on distribuait du grain en payant dans lesdits bateaux, que la force armée avait fait laisser vis-à-vis l'île de Montravers, ceux qui n'avaient pas participé au pillage de la veille y furent avec de l'argent ainsi que ceux qui en avaient eu tant à Chalonnes qu'aux susdits bateaux, et ceux qui y furent y prirent la majeure partie du grain sans payer. Le même jour au soir, l'on apprit qu'il avait été arrêté un bateau d'orge sur la commune de Bouchemaine et l'on ne s'aperçut d'aucun mouvement de la part des habitants pour s'y porter.
Le treize, au matin, M. le Maire et son adjoint, ayant appris que divers habitants se proposaient de retourner aux bateaux, et en connaissance des évènements arrivés à Bouchemaine au village de La Pointe, réunirent les membres du conseil municipal, alors présents au bourg, pour aviser au moyen de prévenir et empêcher toute agitation, insultes et pillage dans l'étendue de la commune de Savennières. Et la proclamation proposée par M. le Maire et dont la teneur fut adoptée unanimement et fut en outre proclamée par M. le Maire accompagné de son adjoint dans le bourg et le village de la Possonnière.
Cette proclamation affichée ensuite avec l'arrêté de M. le Préfet de Maine-et-Loire produisit l'effet qu'on en attendait, car il est notoire que depuis ce moment aucun habitant n'est retourné aux rassemblements de la veille. L'on observe en outre que le malheureux Boulard qui a été arrêté au rassemblement de Bouchemaine a joui jusqu'à ce jour d'une bonne réputation et que l'on ne peut attribuer sa présence à ce pillage qu'à son indigence ayant deux enfants et une femme dans un état fâcheux, aussi nous croyons qu'il mérite de l'indulgence d'après l'exposé des faits ci-dessus. Il en résulte qu'aucune arrestation de bateaux, outrages, vexations, aucun mauvais traitement, voire de faits, infractions aux lois, enfin qu'aucun propos outrageant, ni cris séditieux n'ont eu lieu sur le territoire de la commune de Savennières qui est parfaitement tranquille et où rien n'annonce le germe de trouble d'aucun genre.
Fait, clos et rédigé le présent procès-verbal pour servir et valoir ce que de raison, et être adressé par M. le Maire à M. le Préfet de Maine-et-Loire.
A la mairie de Savennières, le 13 juin mil huit cent dix-sept.
Ont signé : Letourneux de la Perraudière, maire, Chevallier adjoint, Fresnais de la Briais, Lebiez, Esnault, Royné.
D'après le récit de ces évènements par Mathilde Chollet dans son livre «Cita/ormes» p. 124-125.
Dans la nuit du 9 au 10 juin, une troupe armée envahit la ville de Chalonnes, frappe aux portes des boulangers. À grands cris, elle demande du pain.
Le lendemain matin, un plus grand rassemblement se forme. Ils sont plus de 600 qui vocifèrent et n'écoutent pas les paroles de calme prononcées par le maire et le juge de paix. Rien n'y fait. Ils veulent du blé, ils auront du blé ; ils ne partiront pas avant d'en avoir reçu. Pendant que tous ces cris, toutes ces menaces se faisaient entendre, arrive Pierre Denis, fils de Denis, meunier au moulin Cassin de Melay, avec quatre chevaux chargés de sacs de blé. Immédiatement, la foule se précipite vers lui, demande de leur livrer le grain. II accepte, mais au prix de 2 F le boisseau, ancienne mesure du roi. 25 boisseaux lui sont payés 2 F le boisseau. Deux sacs de 12 et 6 boisseaux ont disparu.
Chez Guérin, les émeutiers enfoncent les portes, entrent dans le magasin et emportent 3 fournitures de froment. (Une fourniture vaut environ 4 500 kg).
Plusieurs bateaux chargés de blé sont au Port-Chaillou. Une bande d'émeutiers y courent, montent dans un bateau, pillent les sacs. Le maréchal des logis et ses gendarmes ne peuvent qu'assister à la scène sans rien essayer d'empêcher. Quelques révoltés veulent pénétrer dans les églises pour sonner le tocsin, le maire s'y oppose.
La Gendarmerie de Chalonnes a demandé du renfort à celle d'Angers. Bientôt, le 10 juin, arrivent un capitaine de gendarmerie accompagné de 20 gendarmes. Ils parcourent les rues au galop de leurs chevaux, sabre au clair pour disperser les attroupements.
Aussitôt les émeutiers se cachent dans les magasins de grains. La charge passée, ils ressortent de leurs abris et se montrent de plus en plus excités.
Les émeutiers sont d'ailleurs plus de 1500 venus de Montjean, La Pommeraye, Sainte-Christine, Neuvy, Saint-Laurent-de-la-Plaine, La. Jumellière, Chaudefonds, Saint-Aubin-de-Luigné, Rochefort, Denée, Béhuard, La Possonnière, Saint-Georges-sur-Loire, Savennières, Saint-Germain, Champtocé, Ingrandes, etc. Ce que voyant, le capitaine de gendarmerie craint d'être cerné par les révoltés, il bat en retraite avec ses hommes.
Le lendemain 11 juin, vers midi, 500 à 600 émeutiers reparaissent ; ils apprennent qu'il y a du blé entreposé chez Lorin. Ils s'y rendent immédiatement, réussissent à entrer, pillent les sacs de blé. Tout d'un coup, la porte est fermée. Ils sont obligés d'attendre pour sortir, la porte n'est qu'entre-baillée. Ils sortent un à un et doivent acquitter le prix. Peu à peu ,tout se calme.
Des habitants armés de brocs, de bâtons, de coupe-marcs poursuivent les attardés et délivrent la boulangerie Gontard : le pain et le blé n'y avaient pas encore été pillés.
Toutefois, vers 4 heures du soir, un marinier vint prévenir la municipalité de Chalonnes : « Trois grands bateaux », dit-il, chargés de grains et stationnant dans le Grand-Bras, ont été entourés vers 2 heures par plusieurs fûtreaux, une soixantaine d'individus ont fait l'escalade des embarcations chargées et pillent leur contenu. Ils sont habillés de noir et se sont barbouillés la figure de suie pour ne pas être reconnus.
Le maire de Chalonnes : « Je me suis rendu auprès du maire de Saint-Georges pour le prier d'intervenir ; l'adjoint seul était là : il vint au Grand-Bras accompagné du brigadier de gendarmerie ; il exhorta les pillards à rentrer chez eux, mais voyant qu'il ne pouvait y parvenir, il s'avisa de constater que les bateaux se trouvaient légèrement sur Chalonnes et m'engagea à m'adresser à vous ».
Heureusement, la gendarmerie est revenue à Chalonnes en renfort : 110 hommes sous le commandement du grand prévôt. Celui-ci va immédiatement au Grand-Bras avec 20 hommes. Ils montent dans de petits bateaux et entreprennent de poursuivre les fuyards. Ils réussissent à capturer un bateau monté par cinq hommes et une femme, ils les arrêtent comme prisonniers. Ils tirent des coups de fusils sur d'autres barques sans blesser personne. Pendant ce temps, 40 autres gendarmes se sont rendus dans la vallée. Ils perquisitionnent dans toutes les maisons et ils ramènent 20 prisonniers. Ceux-ci sont interrogés ; seulement trois hommes de Chalonnes et quatre de Saint-Georges sont maintenus en état d'arrestation et enfermés dans la prison municipale.
Ces internés ne sont pas abandonnés par leurs compagnons. En effet, vers midi, un groupe de 50 personnes avec, à leur tête, Cady, le maire de Saint-Laurent-de-la-Plaine, parcourt Chalonnes en demandant la mise en liberté des prisonniers. Le grand prévôt et l'adjoint vont au-devant d'eux, mais ces manifestants s'enfuient au plus vite, mais pas pour bien longtemps. Ils reviennent le soir vers 11 heures. En entendant leurs cris dans la campagne, les gens s'empressent de fermer leurs portes. Les manifestants parcourent les rues. Les gendarmes font de même. Le maire de Saint-Laurent-de-la-Plaine veut arrêter le cheval du capitaine en demandant la mise en liberté des prisonniers. L'officier refuse ; les révoltés tirent des coups de feu, les gendarmes ripostent. Personne n'est blessé. Mais, devant l'attitude énergique du service d'ordre, le matin, les révoltés se retirent et les prisonniers, sous bonne escorte, sont emmenés à Angers.
Pendant cette nouvelle émeute, 38 hommes sont montés dans des batelets pour aller finir le pillage des bateaux stationnés au Grand-Bras. Ils emportent ainsi 40 fournitures de blé (mesure de Saumur). De la sorte, il ne restait plus de blé ni chez les boulangers, ni chez les marchands, ni dans les bateaux ; l'émeute, forcément, prit fin.
À quelque temps de là, le général d'Andigné, avec le procureur du Roi, vint à Chalonnes faire une enquête. Le préfet de Loire-Inférieure insista près de la municipalité de Chalonnes pour que les livraisons de blé pour Nantes soient faites bien régulièrement. Les enquêteurs conseillèrent à la municipalité de venir en aide aux indigents et, pour se procurer des ressources, de prélever une imposition extraordinaire sur les plus riches contribuables.
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La vogue du covoiturage dans les années 1940-1950, c'est-à-dire pendant et après la Seconde Guerre mondiale (certains se souviendront, d’autres imagineront), la plupart des familles n'avaient pas de voiture ; on se déplaçait à pied, à vélo ou vélomoteur (Solex ou Mobylette), en carriole ou charrette, par le train, en taxi, et naturellement, toutes les personnes ayant une voiture, en particulier les commerçants, proposaient le « covoiturage ».
Même les véhicules professionnels servaient au transport de passagers ; ainsi, le tonnelier disposait des bancs à l'arrière de son camion, habituellement utilisé pour le transport des fûts, pour permettre à une famille entière de se déplacer. Le charbonnier faisait de même avec le camion qui lui servait à livrer le charbon. C'était la fête !
Au cours de ces années-là, se déplacer n'était pas un véritable problème dans la mesure où tout pouvait être trouvé dans le village (achats alimentaires, loisirs, travail) ; un épicier livrait à domicile en campagne ; des couturières allaient dans les fermes pour tous travaux de couture (raccommodage, confection de vêtements pour les enfants ou les adultes) ; sinon, on allait en carriole faire les magasins à Ingrandes, ou par le train à Angers (on allait à pied jusqu'à la gare qui était à environ 1 km du centre bourg à cette époque).
Dans le bourg, il y avait trente magasins. À elle seule, la rue Duboys d'Angers comptait quatorze vitrines sur les vingt-six maisons habitées. Plusieurs commerces étaient en double ou plus : cinq cafés, cinq épiceries, trois restaurants, deux boulangeries, deux charcuteries et deux boucheries. En bâtiment annexe, boucheries et charcuteries avaient leur abattoir. Les deux hôtels-restaurants fonctionnaient toute l'année. L'hôtellerie avait une clientèle de passage (déplacements professionnels) et des touristes qui venaient pour la pêche ou autres loisirs liés à la Loire et aux relations amicales.
Les fêtes familiales (mariages, baptêmes ou autres rassemblements) se faisaient au restaurant.
Le tourisme commençait à se développer ; plusieurs maisons étaient louées pendant les vacances par des Angevins ou des Parisiens. Les services rendus par les commerçants ne se limitaient pas à l'exercice de leur profession ; s'ils avaient le téléphone, ils offraient à leurs voisins la possibilité de se faire appeler chez eux : on courait vite prévenir la personne pour que la communication ne dure pas trop longtemps. Chez les particuliers, le téléphone a commencé à se généraliser dans les années 70. Les enfants de cette époque se souviennent tout particulièrement des épicières qui donnaient des bonbons. Vingt-cinq artisans étaient également installés à Savennières.
Maçons, menuisiers, peintres, mécaniciens, serruriers, etc., quels que soient les travaux à faire réaliser, il y avait toujours l'artisan compétent. De plus, ils embauchaient et formaient le personnel nécessaire. Il n'était donc pas nécessaire de se déplacer pour trouver du travail ; les différents châteaux ou domaines viticoles fournissaient également des emplois tels que cuisinier ou cuisinière, maître d'hôtel, jardinier, chauffeur, vigneron. Pour les vendanges, à l'automne, le recrutement se faisait sur place.
Les femmes, en particulier, en profitaient pour améliorer leur budget. En cave, de nombreuses tâches étaient totalement manuelles et nécessitaient un renfort de personnel.
Par exemple, pour la commercialisation du vin, dans un seul domaine, il pouvait y avoir 40 000 bouteilles à laver, remplir, étiqueter et emballer. Toutes ces activités réunies créaient une animation permanente dans les rues où circulaient régulièrement les charrettes des cultivateurs installés dans le bourg et parfois les vaches qu'on emmenait paître sur les bords du Petit Canal. Tous les jours, on allait chercher le lait frais dans l'une ou l'autre de ces fermes, ou dans les basses-cours des châteaux.
Aujourd'hui, les structures des rues du centre bourg n'ont pas changé, seules les activités ont suivi l'évolution industrielle et certaines professions ont totalement disparu. C'est le cas des métiers du cheval (remplacés par la voiture ou le tracteur), tels que le maréchal-ferrant, le bourrelier, le charron-forgeron.
Malgré tout, on ne peut pas oublier les harnais accrochés à la porte du bourrelier (9 rue Duboys d'Angers), le bruit du charron-forgeron martelant une roue de charrette (11 rue Raymond Delouche). Chacun se souvient aussi des odeurs de la corne brûlée des sabots des chevaux (8 rue du Puits Gautier), de celles que dégageait l'alambic du bouilleur de cru ambulant installé au Petit Canal, des odeurs alléchantes qui planaient dans les environs des charcuteries, du bois chez le tonnelier (9 rue du Puits Gautier), de châtaignier, utilisé pour fabriquer les fûts à vin, et de chêne, pour les fûts à alcool.
Bien entendu, il y avait les écoles. Que l'on habite dans le bourg ou dans la campagne, on y allait à pied, tous les jours (sauf le jeudi et le dimanche) de 9 h à midi, et de 13 h 30 à 16 h3 0 (ou de 14 h à 17 h). Certains avaient 6 km à faire le matin et le soir. La majorité des enfants était scolarisée de 6 à 14 ans ; un petit nombre était présenté par l'instituteur au certificat d'études primaires (le "certif"), les autres allaient en apprentissage. Croix et ou bons-points récompensaient chaque semaine les meilleurs élèves pour les résultats obtenus ou pour la discipline .
Il y avait trois écoles à Savennières :
deux pour les filles (l'école du Sacré-Cœur, rue Monsallier, et l'école publique de Madame Sallenave, rue Frouin) et une à deux classes pour les garçons (située rue de la Mairie dont le directeur était Monsieur Robert Sallenave).
À l'école publique ou à l'école privée, on disait alors "école libre" seule la classe de maternelle était mixte. Les bureaux en bois, avec pupitre et encrier, étaient astiqués à la bougie par chaque élève qui s'appliquait aussi à faire briller les bouchons des encriers : ces bouchons étaient souvent des boutons en cuivre.
De grandes cartes géographiques de Vidal Lablache décoraient les murs. Ces trois écoles avaient trois points communs : le respect du maître ou de la maîtresse, la discipline et un accord complet entre enseignants et parents.
Les élèves de l'école de garçons, été comme hiver, portaient des culottes courtes et, comme le maître, une blouse grise qui restait au vestiaire de l'école. La politesse était de rigueur : des commerçants signalaient au maître les enfants qui ne disaient pas bonjour. Si besoin, le maître punissait. À la récréation, on jouait aux billes, à la marelle, aux osselets. Le jeudi, jour sans école, il y avait catéchisme avec le curé.
À l'école publique des filles, Madame Sallenave était appelée « Madame » par ses élèves, y compris par sa fille Danièle, élue à l'Académie française en 2011, qui, d'elle-même, avait ressenti le besoin de bien faire la distinction entre la vie familiale et la vie scolaire, et non pas à la demande de ses parents comme le croyaient les autres enfants.
Dans sa classe unique, la maîtresse inspirait respect et admiration et les élèves les plus sensibles s'appliquaient pour ne pas la décevoir. Monsieur et Madame Sallenave occupaient le logement de fonction attribué à la directrice de l'école de filles (même maison que l'école) ; l'adjoint au directeur de l'école de garçons disposait alors de celui qui était prévu pour le directeur, c'est-à-dire dans la Mairie.
Dans le bâtiment où est actuellement la maternelle, rue Frouin, avaient lieu régulièrement les consultations de nourrissons et les vaccinations, on l'appelait la Pouponnière
Pendant la guerre, ce lieu servait également à rassembler les colis destinés aux prisonniers.
En fin d'année scolaire, filles et garçons étaient réunis dans la cour de l'école de Monsieur Sallenave pour la remise des prix (prix d'excellence, prix d'honneur, prix de lecture, etc.). Le préau était décoré de drapeaux, de plantes, et, avec la participation de la fanfare, cette manifestation se déroulait dans la gaieté, en présence des parents des enfants et des notables de la commune.
L'école privée était tenue par les soeurs de Saint-Charles. L'école (rue Monsallier), le logement des religieuses (rue Beausoleil) et l'espace entre ces bâtiments jusqu'à la pointe du terrain actuel du garagiste (rue de la Croix Tout Blanc) étaient propriété du Baron Brincard. Il n'y avait aucune construction sur ce terrain planté de vignes, appelé « Clos Sicot ». Il y avait trois classes : maternelle et CP ; CE1 et CE2 ; CM1 et CM2.
L'hiver, à l'odeur de craie se mêlaient celles du poêle à charbon et des tuyaux chauds.
Un autre parfum a marqué les mémoires : celui des tilleuls qui embaumaient la cour de récré au mois de juin. La cueillette des fleurs à cette période annonçait l'approche des vacances.
Le jeudi et le samedi après-midi étaient consacrés aux chants ou aux travaux manuels (école ménagère).
Les premiers voyages scolaires ont été organisés dans les années 50 : les anciennes élèves se souviennent parfaitement des visites à Sainte-Anne-d'Auray, Oradour-sur-Glane et aussi du voyage en Auvergne. Le dernier dimanche avant les grandes vacances se déroulait également la remise des prix, en présence des parents, du maire et autres notables de la commune devant lesquels les enfants présentaient un spectacle préparé pendant plusieurs mois.
Il n'y avait pas de cantine municipale, mais, dans la salle à manger de leur maison, les soeurs proposaient un repas aux enfants de l'école privée qui ne pouvaient retourner chez eux le midi. De son côté, pendant la guerre, Madame Sallenave assurait aussi les repas : « Une grande soupe de légumes cuit doucement sur le gros poêle près de l'estrade ; chacun des enfants apportait sa contribution en nature». On a toujours des poireaux, des choux, des pommes de terre . (Voir "L'églantine et le muguet" de Danièle Sallenave) D'autres enfants déjeunaient chez des amis de leurs parents .
En campagne, dans de nombreuses circonstances, solidarité et entraide se pratiquaient automatiquement. Au moment des naissances à domicile, une voisine assistait la maman et, éventuellement, hébergeait les « grands ».
Lors des battages, les fermiers s'entraidaient. Quinze à vingt personnes étaient nécessaires dans chaque ferme. Tout le monde participait, les femmes aux repas, les enfants à divers travaux. Pendant trois semaines, on suivait ce rythme : lever à 5 h du matin, pause à 9 h (casse-croûte),déjeuner à 13 h, pause à 17 h, dîner.
Déjà, lors des bombardements, dans le bourg, on se regroupait dans les caves des maisons. Pour les grandes vacances, les amis qui habitaient au bord de la mer accueillaient de temps en temps les enfants du village.
Si le commerce de proximité et l'artisanat local étaient dynamiques, les activités de loisirs avaient également une place importante dans la vie de la commune (sans télévision, sans portable, sans ordinateur, et même sans électricité).
Dans la vie quotidienne, il y avait peu de place pour l'ennui ; tout le monde participait aux travaux ménagers (vaisselle, balayage), éventuellement à ceux de la ferme, et de façon saisonnière, aux travaux des champs. Les petites filles apprenaient à tricoter et à broder, les garçons à bricoler.
Le temps libre était plus court que maintenant, car de nombreux travaux prenaient beaucoup plus de temps, en particulier en campagne où tout se faisait sans électricité (on s'éclairait avec des lampes à pétrole ou des bougies), sans l'eau sur l'évier (on allait chercher l'eau au puits à quarante ou cinquante mètres de la maison), et évidemment, sans trayeuse électrique ni engins motorisés.
Dans le bourg, l'électricité fut installée dès 1923, le 1er mai 1930, décret autorisant des emprunts et perception de surtaxe temporaires en vue de l'installation de l'éclairage électrique à la gare de Forges, l'eau courante à partir de 1938, et généralisée pendant la guerre. En campagne, ce n'est qu'en 1957 que la totalité des habitations fut équipée ; on allait chercher l'eau dans des seaux à la pompe, auprès de l'église, au carrefour Leglou ou encore dans des puits publics toujours visibles, ou privés (droit de puisage).
Pour se distraire, à la maison, les enfants lisaient Bibi Fricotin, Les Pieds Nickelés, Les Aventures de Tintin ou bien des livres de la Bibliothèque verte ou de la Bibliothèque rose. Sur un tourne-disque, on passait des 45, 33 ou 78 tours vinyles de Mouloudji, Charles Aznavour, Brassens, Edith Piaf, Marie-José Neuville qui s'accompagnait à la guitare et donnait l'envie à une adolescente du moment d'apprendre à en jouer et d'en acquérir une. C'était une idole, au même titre que James Dean, acteur de cinéma (À l'Est d'Eden). Pouvoir tapisser les murs de sa chambre avec des affiches de son idole donnait satisfaction et fierté.
En privé, il y avait les veillées chez les uns ou les autres, dans le bourg ou en campagne. C'était l'occasion de discuter ensemble,de jouer aux cartes (belote, manille) et, pour les enfants, de jouer aux petits chevaux, au jeu "de l'oie, au nain jaune, au Monopoly" etc. Pendant les vacances, les balades à vélo tous azimuts avaient pour les ados un goût de liberté. Il en était de même avec la baignade à la Queue du Burette, au Grand Canal ou dans la Guillemette où jeunes et adultes pratiquaient également la pêche.
Un passionné de radio et de cinéma (2 rue du Hallay) proposait à ses amis, le dimanche après-midi, la projection de films ; puis, dans les années 50, lorsqu'il eut la télévision, on allait passer la soirée chez lui regarder « La piste aux étoiles » de Gilles Margaritis et Pierre Tchernia ou toute autre émission. On allait également « au théâtre » applaudir la troupe de théâtre amateur, soit à l'école privée, dans les salles de classe dont les cloisons étaient amovibles, soit dans la grange de la basse-cour du Fresne (l'actuelle « salle du Fresne ») où estrade et chaises étaient installées en lieu et place du matériel agricole et lorsqu'il n'y avait plus de foin. La musique était aussi une activité de loisir bien organisée qui regroupait de nombreuses personnes.
Dans une vingtaine de familles, le père et, éventuellement, le grand frère faisaient partie de la fanfare dans laquelle il y avait tambour, grosse caisse, trombone, trompette, clairon. Les répétitions avaient régulièrement lieu à la mairie, et le groupe participait à l'animation de nombreuses fêtes telles que la fête communale qui avait lieu le premier week-end de juillet, la fête nationale du 14 juillet et sa « retraite aux flambeaux », la distribution des prix dans les écoles, la kermesse de l'école privée dans le parc du domaine du Closel.
Particulièrement apprécié, mais strictement réservé aux hommes : la boule de fort, jeu de boules très ancien, particulièrement répandu en Anjou et toujours pratiqué. On y jouait déjà, soit à Épiré « la Bonne tenue », soit rue de la Motte à « la Concorde ». Des fêtes privées étaient parfois organisées ; ainsi, en 1953, en l'honneur du couronnement de la reine d'Angleterre, Monsieur et Madame Pirie, écossais, propriétaires du Château de Varennes, offrirent à leur personnel et à leur famille une fête absolument fabuleuse et inoubliable.
La fête des Moissons procurait également beaucoup de plaisir.
La fête communale se déroulait le premier week-end de juillet avec la fête foraine que chacun connaît et le fameux « des neiges »
Jeux : course en sac, tir à la corde, course de vélo
Lors de la Fête nationale du 14 juillet, la retraite aux flambeaux était accompagnée par la fanfare suivie du bal musette et d'un feu d'artifice.
La kermesse de l'école privée dans le parc du domaine du Closel avec la fanfare commençait par un défilé des enfants costumés depuis l'école jusqu'au parc.
Cet aperçu de la vie en 1950 , est né de la rencontre entre huit personnes de Savennières qui y sont nées, y ont vécu et y sont encore domiciliées aujourd'hui. Elles ont entre 80 et 99 ans pour la doyenne de ce petit groupe. «Autres temps autre mœurs, comme dit l'une d'entre elles.
Cette synthèse est aussi un clin d'œil à la question posée parfois aux grands-parents : "Mais comment vous faisiez sans voiture, sans télé, sans ordi, sans téléphone, sans réfrigérateur ? "N'te tabute donc point !" Ne t'en fais donc pas... nous rappelait une autre personne en conclusion de ces entretiens.
Source : GROUPE DE TRAVAIL Janine LE BODIC, Véronique DELAIS, Louis BARRAULT (Association HCLM Histoire des Côteaux de Loire et de Maine).
La famille Duboys fut une grande famille d'éminents juristes angevins. Elle tint une place importante dans la société saponarienne du XIXe siècle, aussi est-ce à juste titre que l'on a donné son nom à la rue principale du bourg de Savennières ainsi qu'à une rue d'Angers aboutissant Place Ney dans le quartier de la Challouere.
Elle remonte, pour le moins, avant la Révolution, à un procureur, notaire royal de Brizay près de l’île-Bouchard en Indre-et- Loire.
Jacques DUBOIS marié avec Madeleine CARFTIER Celui-ci eut deux enfants : l’un prêtre professeur au collège de Poitiers, l'autre notaire royal à Richelieu. Ce dernier eut un enfant à qui il donna le prénom de Jean-Jacques.
Il naquit à Richelieu le 17 octobre 1768 et épousa Anne-Françoise Juteau du Houx originaire du Mans, dont la famille habitait un hôtel voisin de la cathédrale. Elle était la fille d'un procureur impérial, Nicolas-Louis Juteau, chevalier né à Saumur le 5 octobre 1753 et décède en 1828 dans la Sarthe à Montbizot près de Ballon. Jean-Jacques eut une vie des plus mouvementées. En effet, après des études de droit à Poitiers, il est licencié à vingt ans en 1788, entre dans la magistrature et vient s'installer deux ans plus tard dans un hôtel de la rue du Cornet à Angers comme avocat au Presidial.
Le 9 septembre 1791, il s'enrôla, comme simple soldat, dans le 3e bataillon des volontaires. Nommé capitaine dix jours après, et le lendemain lieutenant-colonel en second, il défendit Vannes contre les Chouans, la Gacilly, reprit Rochefort-en-Terre, assista aux affaires de Nantes, de Mauves et de Thouarcé et fut nommé commandant de la place de Vannes, puis commandant du département.
Envoyé en garnison à Belle-Île-en-Mer, il fut, comme suspect, traduit devant le tribunal révolutionnaire de Belle-Isle, mais il se défendit lui-même et fut acquitté. Il se battit à Dol et à Antrain, et y fut blessé à la figure et à la jambe. Élevé au grade de chef de brigade, le 10 germinal an IV Par la suite, il obtient du jury d'instruction de l'Ecole centrale de Maine-et-Loire, ancêtre du lycée David d'Angers, la chaire de législation.
Mais pour cela, il doit monter à Paris suivre les cours de Lenoir-Laroche et revient professeur de 1797 à 1804 tout en exerçant à la fois comme avocat et avoué. Mais son discours de la rentrée de l’an XII (1803) contient une vive attaque contre la création des lycées. Aussi, après la suppression de l'École Centrale en 1806 et sa transformation, il doit donner des cours privés réputés qui réunissent souvent une cinquantaine d'élèves. En 1811, il est nommé substitut du procureur général près la Cour d'Appel d'Angers et se lance dans la politique.
Député de l'arrondissement de Segré pendant les Cent-jours, il est révoqué à la Seconde Restauration et revient au barreau. En effet, sa carrière politique soulève contre lui la vindicte des gens de la Restauration, mais il acquiert par la suite la faveur des Orléanistes.
Procureur Général en aout 1830 puis conseiller à la Cour de Paris en 1831, il sera élu député de Beaupreau en octobre et réélu jusqu'en 1837, également conseiller général du canton de Montrevault de 1830 à 1839. Il démissionne en 1844 et se retire enfin dans sa maison de campagne de la Bizolière où il décède un an plus tard le 18 juillet 1845 à l’âge de 77 ans, laissant pour héritiers trois enfants : Jean-Jacques-Emile, Anne-Emilie et Eugene-Ernest.
II est né à Angers en 1805 et est décèdé à Paris le 11 juin 1882.
Maitre de requêtes au Conseil d'Etat, c'est lui qui agrandit considérablement la Bizoliere, la transforma, fit ériger par l'architecte Edouard Moll, l'actuel château qu'il appelait sa Grande Maison, fit dessiner et aménager en 1866 le parc et légua en mourant des œuvres d'art à la ville d'Angers ainsi qu'une somme de 300 000 F à la commune de Savennières pour y fonder un hospice de vieillards remplace en 2003 par un établissement plus grand et plus moderne, qui porte toujours son nom : « Maison de Retraite Duboys d'Angers » .
Second enfant et seule fille de Jean-Jacques Duboys, elle épousa Michel de Puisard, député de la Mayenne (1786-1850) et eut deux enfants.
Troisième enfant et second fils de Jean-Jacques Duboys, il naquit à Angers le 16 janvier 1808 et mourut à Cannes le 30 avril 1882 ou 1877 selon C. Port. Magistrat, il fut maire bonapartiste d'Angers (de 1851 à 1859). Durant son mandat municipal, il créa le service des eaux de la ville d'Angers et fit installer la fontaine du Mail sur le nouveau jardin du Mail.
En 1852, il fut élu, le 29 février, député au Corps législatif pour la 1re circonscription de Maine-et-Loire, avec 18 990 voix sur 20 273 votants et 39 803 inscrits, contre 288 à M. Lefrançois, ancien représentant, et 113 à M. Bordillon. Il fut réélu, le 22 juin 1857, par 11 540 voix sur 23 594 votants et 38 808 inscrits, contre 10 276 à M. Bordillon et 1 876 à M. Tournaux.
Il vota constamment avec le gouvernement. Ayant été nommé premier président de chambre à la Cour d'Angers, il fut obligé de résigner son mandat de député, incompatible avec cette nouvelle fonction.
Il fut remplacé au Corps Législatif par M. Legris. Eugene Ernest Duboys d'Angers épousa Mlle Peltreau qui lui donna deux enfants, Gaston, et Anne-Alix qui épousa le baron Brincard.
Ces derniers eurent deux enfants : Anne, épouse du comte Arnaud de Gramont (1861-1923), et Georges Brincard (1871-1953), grand-père des actuels propriétaires.
La famille Brincard originaire de la Meurthe-et-Moselle sous Louis XVI s'illustra sous l'Empire grâce à un conseiller d'état à qui Napoléon octroya le titre de baron pour avoir introduit la cavalerie légère dans l’armée française.
Sources : notice biographique de Amédée Cesena, Angers, Cosnier-Lachese 1846 et archives familiales, Revue de 1'Anjou 1878, Dictionnaire historique, géographique et biographique de M-et-L par Célestin Port.
Source : Histoire des Coteaux de Loire et de Maine
Père : Arnaud de Gramont, Voir ci-dessous
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Sanche de Gramont Connaissant à fond la langue espagnole, animé d'un sentiment patriotique pour les Pyrénées et la Navarre, berceau de sa famille, il avait choisi pour sujet d'études le moyen âge pyrénéen et spécialement le règne du roi de Navarre, Sancho el Fuerte, le vainqueur de Las Navas de Tolosa. Le 4 février 1914, il se présentait à vos suffrages, sous le patronage de notre confrère le comte Durrieu, et était élu associé correspondant. Au mois de juillet, à la veille de la conflagration universelle, il confiait , à l'imprimeur, le texte annoté d'un cartulaire du XIIe siècle découvert par lui à l’abbaye d Irache, près de Pampelune. Sanche de Gramont avait déjà publié avec succès un volume de poèmes en prose sous le titre d'Antéros et donné une édition d'un poème latin de Charles du Périer sur la mort du comte de Guiche. Mobilisé dès le début de la guerre, il passa dans l'aviation en novembre 1916. Dans les premiers jours de juillet dernier, il était chargé de protéger, contre les observations de l'ennemi, les abords de la forêt de Villers-Cotterets, où commençait à se masser l'armée du général Mangin. C'est là que, le 3 juillet, ayant accepté héroïquement le combat, seul contre quatre avions allemands, il tombait criblé de balles et venait, d'une hauteur de 2,500 mètres, s'écraser dans les lignes ennemies, près de Chouy, sur les rives de l'Ourcq. Il était titulaire de trois citations. Sanche de Gramont venait d'atteindre sa trentième année. Pour montrer quel esprit animait ce jeune héros qui vient d'ajouter une gloire nouvelle à un nom illustre, je ne vous citerai que cette phrase, si simple, mais si émouvante dans sa simplicité, qu'à la veille de sa mort il écrivait dans une lettre à un ami : « Je ne veux plus être, disait-il, qu'un œil pour pointer, un bras pour diriger et un cœur pour me réjouir de la victoire. » « Cette victoire, si radieuse et si belle, dont il ne douta jamais et que nous contemplons aujourd'hui, il ne l'aura pas vue.»/u> Issu d'une illustre et antique lignée du Béarn, il était fils d'un général qui s'était distingué pendant la guerre de 1870 et avait perdu un bras à ReischofTen et neveu du duc de Gramont, ministre sous l'Empire. Il représentait dignement la science libre de toute attache officielle. Indépendant par sa situation sociale et par sa fortune, dès sa jeunesse, il s'était intéressé aux sciences physiques et chimiques. Il leur a consacré avec passion le meilleur de sa vie, sans leur demander autre chose que les nobles satisfactions intellectuelles données par la recherche désintéressée de la vérité. Observateur habile, patient et perspicace, doué d'une remarquable continuité de vues, il avait rapidement trouvé sa voie ; il y a persévéré et n'a pas tardé à se tailler une notoriété scientifique enviable, grâce à la valeur et à l'originalité de son œuvre. Pourvu d'une excellente culture générale l'attirant vers les généralisations et les aperçus philosophiques, orné par le charme d'une éducation raffinée, il était d'un accueil aimable et bienveillant. Son amitié était sûre et fidèle. Il se plaisait à parler des recherches qui lui étaient chères, à leur attirer des prosélytes parmi les jeunes gens et aussi à mettre libéralement sa grande compétence et son laboratoire personnel à la disposition de tous ceux, savants ou industriels, auxquels il jugeait pouvoir être utile. C'est à la Sorbonne, dans le laboratoire de Charles Friedel, qu'Arnaud de Gramont a débuté, en 1883, par des travaux de chimie organique (étude de l'action de l'aldéhyde sur le propylglycol), puis il s'est essayé à la synthèse minéralogique (boracite, datholite). Il a publié ensuite des observations sur la pyroélectricité de quelques minéraux faites en collaboration avec son maitre. Le successeur de Friedel, Albin Haller, lui conserva la même hospitalité affectueuse et cordiale. Mais ses recherches commencées dans la capitale, il les continuait dans des laboratoires personnels au cours des longs séjours faits chaque année dans ses châteaux du Vignal en Béarn, et de la Bizolière en Anjou. En 1891, a paru sa première note de spectroscopie, science à laquelle il allait se consacrer dès lors tout entier, la cultivant à la fois du point de vue théorique et du point de vue de ses applications à la minéralogie, à la chimie et à l'astronomie. D'une première observation va découler logiquement toute son œuvre. Il constate que l'étincelle de décharge d'un condensateur électrostatique fournit, en éclatant à la surface d'un composé chimique, un spectre complexe formé par toutes les lignes de tous les éléments constituants, métalloïdes aussi bien que métaux ; il se produit ainsi un véritable spectre de dissociation. Telle va être la base d'une nouvelle méthode générale de recherches poursuivies d'abord dans le spectre visible par l'observation oculaire, puis, à partir, dans l'ultraviolet, à l'aide de la photographie, dont il a été un des premiers à saisir l'importance pour ce genre d'étude. A. de Gramont l'a appliqué lui-même à l'étude d'un très grand nombre de minéraux bons conducteurs ; deux fragments de ceux-ci sont reliés au pôle d'une bobine d'induction, dans le secondaire de quoi peuvent être intercalées, à volonté, une ou plusieurs bouteilles de Leyde : l'étincelle condensée jaillissant entre ces deux fragments fournit un spectre de dissociation facile à photographier. Le même dispositif peut être appliqué à des minéraux, tels que les chlorures, la cryolite, qui, bien que non conducteurs, sont volatilisables dans l'étincelle éclatant entre les extrémités de la pince de platine qui les maintient. Sa thèse de doctorat ès sciences consacrée à l'analyse spectrale directe des minéraux renferme non seulement l'exposé théorique de ses procédés, mais un grand nombre de données importantes sur beaucoup d'espèces minérales. Voulant généraliser ce genre de recherches, A. de Gramont e été conduit ensuite à établir sa méthode d'analyse spectrale, par les sels fondus, des composés non conducteurs qu'il mettait en suspension dans le carbonate de sodium ou de lithium. Il a montré la fécondité de ce mode d'investigation par l'étude d'un très grand nombre de silicates et d'autres groupes de minéraux. D'une façon générale, l'observation des spectres est rendue difficile par la multiplicité des raies des composants auxquelles s'ajoutent celles de l'air. En s'appuyant sur des recherches antérieures de Schuster et de Hermsalech, A. de Gramont est arrivé à simplifier ces spectres : il intercalait des self-inductions croissantes dans le circuit de décharge du condensateur. Dans ces conditions, on voit les spectres se modifier peu à peu, les raies de l'air, puis celles des métalloïdes disparaître progressivement ; l'emploi d'une self-induction variable permet donc d'effectuer une sorte de séparation des éléments et une simplification de leurs spectres, dont notre confrère a tiré bon parti pour l'élude des minéraux. Il a désigné sous le nom de raies ultimes celles qui, dans l'étincelle, résistent à l'intercalation de self-inductions croissantes et même à la suppression du condensateur. Les raies ultimes ne sont pas les plus intenses du spectre habituel de l'élément considéré, mais ce sont celles permettant de déceler les traces de cet élément, parce qu'elles offrent le maximum de sensibilité. Cette découverte, faite en 1906, a été pour son auteur une mine de travaux destinés à déterminer quelles sont les raies ultimes des divers éléments. Elle a rendu simple, rapide et sure la recherche des traces de beaucoup de corps. Son emploi a conduit, en outre, A. de Gramont à tenter et à réussir pour la première fois de véritables dosages quantitatifs par voie spectroscopique. La mort vint le surprendre au milieu d'importantes études sur les spectres des minéraux, et en particulier des silicates, dans la flamme d'un chalumeau oxyacétylénique. Sa méthode lui avait permis de déceler plusieurs corps rares, tels que le gallium et le thallium, dans certains minéraux des pegmatites de Madagascar et, avec succès. Nous avions entrepris, en collaboration, de rechercher le bure dans nombre de silicates, où cet élément n'avait pas encore été observé. La curiosité d'esprit d'A. de Gramont ne lui permettait pas de se cantonner dans la minéralogie, elle l'avait depuis longtemps entraîné vers les espaces célestes. Il a appliqué sa notion des raies ultimes à l'étude de la lumière émise par les taches et par les différentes régions de la chromosphère du soleil. Il à été ainsi conduit à des résultats intéressants pour l'astronomie, notamment sur la température et les stades d'évolution des étoiles. Dès le début de ses recherches, il avait été encouragé par un autre volontaire de la science, Lecoq de Boisbaudran, qui, lui aussi, s'était fait une réputation universelle par ses recherches spectroscopiques : On n'a pas oublié qu'elles l'avaient conduit à la découverte du gallium. En mourant, Lecoq de Boisbaudran avait confié à son disciple, devenu son ami, le soin de publier un grand travail laissé inachevé. A. de Gramont s'est employé à réaliser ce désir. Le beau volume, intitulé Analyse spectrale appliquée à l'analyse chimique, comprend deux parties : la première est formée par les spectres pris, dessinés et interprétés par Lecoq de Boisbaudran ; la seconde, signée par A. de Gramont, est consacrée à l'exposé des méthodes, des dispositifs de recherches et des observations. La correction des épreuves de cet ouvrage a été la dernière occupation de A. de Gramont,mais il n'a pas eu la satisfaction de le voir paraître. La grande guerre a été pour lui l'occasion de se dépenser pour la Patrie ; membre assidu de la Commission des inventions, il a mis à la disposition de la défense nationale sa grande compétence théorique et technique. Il a fait alors, et depuis lors, pour les alliages utilisés par l'artillerie et l'industrie, tout ce qu'il avait réalisé pour les minéraux, montrant ainsi que ses méthodes ne sont pas moins utiles à une l'usine et aux laboratoires de science pure. Ce travail intense fut un dérivatif puissant à une grande douleur, supportée avec un stoïque et discret courage. Son fils unique, tendrement aimé, officier aviateur d'une légendaire bravoure, jeune historien d'avenir trouva une mort héroïque dans un combat aérien au-dessus des lignes ennemies. La valeur des travaux d'Arnaud de Gramont, tout autant que son caractère, avaient attiré sur lui de nombreux témoignages d'estime et aussi de chaudes amitiés. Lauréat de l'Académie des sciences, il y était entré comme membre libre, le 6 juin 1913 ; il avait été élu correspondant du Bureau des Longitudes en 1921. Source : Figure de savants par LACROIX Albert La famille passait une partie de l’année à Savennières, où ils avaient du bien. Joseph se marie à Angers (Saint-Julien) le 29 décembre 1772 avec Marie-Perrine Trochon des Grandières, 28 ans. De ce mariage sont nés On se sçut bon gré, surtout, d'avoir réussi à prendre M. Morna fils, qui avoit passé dans l'armée catholique, pour ne point participer à toutes les horreurs qu'il voyait commettre devant ses yeux. M. son père et Mme sa mère avaient une maison à Angers, où ils passaient une partie de l'année, et l'autre, ils la passaient à Savennières, où ils avoient du bien. À la ville comme à la campagne, ils étaient honorés de tous les honnêtes gens ; il n'en fallait pas davantage pour leur attirer la haine des patriotes. Il n'est point de persécution qu'on ne leur ait fait éprouver. Le respectable père fut pris et conduit en prison, et, sur la réputation qu'il avoit d'être honnête homme, il fut par la suite condamné à mort, Le 11 pluviôse (30 janvier 1794) fut exécuté, à Angers, Joseph Morna, ex-juge des traites, gabelles, etc. Il était accusé : Et, parmi les motifs, celui-ci est reproduit : qu'il est prouvé que Morna a eu des intelligences avec son fils, chef des brigands de la Vendée, auquel il a fourni des secours pécuniaires pour le soutenir dans son brigandage. Cet arrêt est signé : FÉLIX, LAPOINTE, HUDOUX, DOUSSEL, MORIN, LOIZILLON. Il y a apparence que Madame son épouse et sa respectable fille n'auront pas été ménagées. Elle (la mère) avait l'âme trop sensible à la misère de ses semblables et trop attachée à sa religion pour être épargnée. Il y a lieu de croire qu'elle aura été ramassée comme suspecte. On ne se donna pas le temps de mettre Monsieur son fils [Pierre] dans les prisons. Ce fut le 25 décembre, jour de Noël, qu'il fut pris et conduit à Angers. Ses ennemis, comme des tigres, étaient altérés de son sang, et il leur tardait de s'en désaltérer. Aussitôt donc qu'il fut arrivé à Angers, sans aucune forme de jugement, malgré les promesses qu'on avoit faites de vive voix de ne point faire mourir les prisonniers, malgré même les billets imprimés qu'ils avoient eu bien soin de répandre avec profusion, où on disait qu'il y avoit amnistie pour tous ceux qui se rendraient, qu'on laissait sur tous les passages des insurgés afin qu'ils pussent les lire (ce qui a été cause qu'une infinité, par fatigue ou par besoin, sont venus se jetter entre les mains de leurs cruels ennemys), malgré, dis-je, toutes ces promesses, on le conduisit sur-le-champ, au Port-Aireau pour le fusiller. Déjà il était prêt à recevoir le coup de mort, écrit M. Gruget, lorsqu'il crut pouvoir se tirer des mains des tigres qui l'entouraient ; il se précipite dans la rivière pour s'échapper et se sauver à la nage ; ceux-ci s'élancent sur lui, à coups de sabre et de baïonnette lui coupent les bras et les jambes, et après l'avoir mutilé, finissent par le massacrer et le laissent ainsi exposé pendant trois jours aux yeux des passants. [27 décembre 1793] Source : La Maraichine Normande L'étude de la famille Richou de la fin du XVIIIe siècle au début du XXe siècle en Maine-et-Loire s'appuie sur ses propriétés encore conservées : moulins, fermes, châteaux, hôtels particuliers, banque. L'évocation de certains membres de la famille permet de montrer l'évolution d'une famille bourgeoise au cours du XIXe siècle, marqué par les révolutions agricoles et industrielles. Les Richou se sont ainsi illustrés tout d'abord dans la meunerie, participant activement à la modernisation de cette activité et au développement des minoteries modernes. Ils ont également conforté leur situation avec l'achat de nombreuses terres et la construction ou le réaménagement de fermes répondant aux nouveaux critères productifs et hygiénistes de la 2e moitié du XIXe siècle. Enfin, ils sont à l'origine d'une des premières banques angevines. À travers cette famille, ce sont donc les grands pôles d'activité du XIXe siècle qui sont étudiés (agriculture, industrie, commerce) ainsi que leurs témoins architecturaux préservés. À l’instar du reste de la France, l’Anjou connaît au cours du XIXe siècle un vaste mouvement de modernisation agricole et de développement industriel. La mise en place de techniques d’élevage et de culture novatrices suscite un nouveau mode d’organisation des exploitations et des fermes. On assiste alors à une période de reconstruction ou de réaménagement des bâtiments qui vise à rationaliser l’espace rural, à appliquer les principes hygiénistes et à accroître la productivité. L’étude de quelques fermes de la deuxième moitié du XIXe siècle du canton du Lion-d’Angers évoque concrètement cette mutation agricole. Propriétés d’une même famille, les Richou, elles constituent un témoignage intéressant, point de départ d’un parallèle entre l’évolution des biens fonciers et, de façon plus large, l’histoire économique et sociale de cette famille,jusque-là plutôt associée à l’histoire bancaire angevine. La banque Richou est créée à Angers en 1827. C’est en fait la meunerie qui est, semble-t-il, à l'origine de l’ascension sociale de cette famille, confortée par l’exploitation de biens agricoles. Si les membres de la noblesse ont, après la Révolution, repris en partie possession de leurs terres et réaffirmé leur pouvoir social affaibli, la bourgeoisie issue du négoce, de l’industrie ou des finances compose désormais une puissante classe de notables. Le modèle aristocratique reste pourtant prégnant pour ces familles en quête de reconnaissance sociale : preuve en est l'arbre généalogique que Raymond Richou fait réaliser en 1922, accompagné d'une recherche d'armoiries. Il ne s’agit pas ici de recenser l’ensemble des membres de la famille ni leurs propriétés, mais de présenter un panorama des activités d’une famille bourgeoise au cours d’un siècle marqué par la révolution agricole et industrielle, dans une région dominée par la grande propriété terrienne d’origine aristocratique. Le moulin de La Roussière : berceau de la famille D'après les sources consultées, la mention la plus ancienne des Richou date de 1747 et établit le lien manifeste de cette famille avec la meunerie : le sieur Hullin de la Coudre vend à Pierre Richoust (sic), meunier, et Renée Soreau, sa femme, une métairie à Feneu. Le couple est alors installé à La Membrolle-sur-Longuenée, au moulin de la Roussière, qui constitue le berceau et le point d’ancrage de la famille pendant plus d’un siècle. L’importance économique des moulins est ancienne, la force hydraulique étant la première à être utilisée. Ce sont les seuls ateliers de transformation ou d’affinage de nombreuses matières premières : sciage du bois et de la pierre, battage des peaux, des textiles et des métaux, broyage des graines oléagineuses et du tan. Dans les limites actuelles du département de Maine-et-Loire, on dénombre sur la carte de Cassini (1763-1769) 723 moulins à vent et 634 moulins à eau, tandis que le recensement impérial de 1809 en donne un total respectivement de 912 et 613. Avant la Révolution, ces moulins appartenaient principalement aux familles nobles et aux communautés religieuses. Le moulin de la Roussière dépendait ainsi d’un ancien fief et seigneurie avec château-fort, dont une tour subsistait au début du XVIe siècle, sur une haute motte dominant la rive droite de la Mayenne. Un aveu de 1408 atteste l’existence des moulins, porte, portineau et chaussée situés sur la rivière de la Mayenne, près de l’ancien château de la Roussière entouré de douves. Transformée en simple métairie et rattachée en 1499 au château du Plessis-Macé, La Roussière est ainsi décrite dans un autre aveu : « la place du vieil chastel du dit lieu de la Roussière avec une motte en laquelle a encore partie d'une tour ancienne et un moulin à tan et aussi la place d'une maison et jardins qui étaient dans la baillée d'iceluy moulin à tan. La maison de [mes] moulins du dit lieu de la Roussière, en laquelle il y à trois moulins tous à blés avec la chaussée, porte et portineau. Une autre maison sise près [mes] dits moulins, en laquelle demeurent les mouliniers d'iceulx avec l'arrière et des charges des dits moulins. Puis l’hôtel-Dieu d’Angers en devient au XVIIIe siècle propriétaire et fait reconstruire les moulins en 1758, pour finalement les vendre en 1780 au comte de Serrant, propriétaire du Plessis-Macé. Instruments des seigneurs et des puissantes communautés religieuses, la population était obligée d'y moudre son grain contre redevance : la symbolique seigneuriale liée aux moulins était donc particulièrement forte. Au début du XVIIIe siècle, Mathurin Soreau († 1707) puis son fils François (1680-1764) y sont meuniers. Les Richou sont alors associés à l'exploitation du moulin, par le mariage, en 1732, de Pierre Richou (1710-1779) et Renée Soreau (1711-1771), fille de François. Ils restent simples exploitants jusqu'en 1811, époque à laquelle René (II) Richou (1774-1840) acquiert le moulin de la Roussière appartenant au comte de Serrant. C’est ainsi qu’un simple meunier parvient à racheter l’un des symboles du pouvoir seigneurial à la puissante famille Walsh de Serrant. Les Richou se donnent tous les moyens pour développer la productivité du moulin et participent ainsi à la vague de modernisation que connaît la meunerie traditionnelle au XIXe siècle : c’est l’époque des grandes minoteries, utilisant des roues de dessous et surtout des turbines très puissantes qui améliorent le rendement et conduisent à la ruine des petits moulins. Ce sont les deux fils de René (II), Alexandre (I) (1809-1888), maire de La Membrolle et Auguste (1811-1878), marchand de fer, tous deux minotiers associés, qui sont les acteurs de ces transformations à la Roussière : ils y construisent en 1847 une importante minoterie avec une chute d'eau d’une hauteur constante de 90 cm, qui fait mouvoir deux roues, et une machine à vapeur verticale, système Powell, d’une force de 20 chevaux. Ces deux moteurs agissent alors sur 13 paires de meules En outre, on note la réalisation de plusieurs agrandissements qui témoignent du développement et de la modernisation de l’usine. Un acte du 29 juillet 1872, par lequel Alexandre cède la Roussière à ses fils - Alexandre (II) (1835-1897) et René-Eugène (1841-1900) , en fournit une description qui permet de mesurer l'importance du site de production avec zones de stockage et de préparation pour le transport : « l'usine dite moulin à eau avec la chute d'eau , les magasins à charbon, actuellement entourés de murs établis sur le lieudit le pâtis, la boulangerie de la maison de maître de la Roussière, les bureaux qui sont au-dessus, les magasins à blé et à farine bâtis sur l'emplacement de l'ancienne butte de vidange qui est au levant du jardin mais non compris les toits à porcs existant en ce bâtiment et un magasin à sacs nouvellement construit sur une parcelle de terrain appelée le Port au levant des magasins à blé et à farine ci-dessus désignés ; ainsi que la maison de maître de la Roussière avec servitudes et dépendances ; la maison du jardinier et celle du contremaître de l'usine et les terres et les prés les environnant ». Les démarches pour perfectionner la minoterie se succèdent : en 1875, les deux frères souhaitent élargir les coursiers pour y installer des roues perfectionnées afin d’augmenter leur force motrice hydraulique et, en octobre 1883, ils demandent l’autorisation d’élever un bâtiment au-dessus de la nouvelle roue hydraulique qu’ils viennent d’établir. Plan terrier dressé par l'ingénieur ordinaire le 27 août 1847, construction de l'écluse de la Roussière, A.D. Maine-et-Loire, 126 S 12. Rousseau, Bruno. Modification des coursiers de l'usine de la Roussière : plan de détail dressé par l'ingénieur ordinaire le 30 novembre 1875, A.D. Maine-et-Loire, 126 S 12. Rousseau, Bruno La fin du XIXe siècle voit la poursuite de ce développement : le bâtiment est reconstruit dans les années 1894-1904, un magasin est ajouté entre 1897 et 1904, mais en 1919, le moulin est accidentellement incendié. Reconstruit et encore en fonction en 1936 avec une puissance de 16 chevaux, il est définitivement abandonné en 1942, et suit en cela le déclin général des moulins à eau : si en 1862 il y a encore 609 usines hydrauliques en Maine-et-Loire, il n’en subsiste que 131 en 1946. Berceau de la famille, la prospérité et l’importance de ce lieu pour leurs propriétaires apparaissent à travers l’élégant château édifié sur les hauteurs dominant la Mayenne. En 1854, la maison du Rocher et celle de la Roussière sont élevées, remplacées en 1901 par le château du Petit Rocher. Si le moulin de La Roussière constitue le cœur de la branche Richou-Dugré, d’autres moulins sont également aux mains de la branche Richou-Guilleux. Il s'agit aussi bien de moulins à vent que de moulins à eau, installés sur les bords de la Mayenne et de la Sarthe. Dans un premier temps, la meunerie à vent a été moins touchée par la crise que la meunerie traditionnelle à eau : dynamisée entre 1850 et 1870 par l’adoption des ailes Berton, elle ne tarde pourtant pas à péricliter. Les deux types de meunerie ne sont pas incompatibles : un même propriétaire pouvait à la fois profiter d’un moulin à eau et d’un moulin à vent, exploitant en alternance les vents les plus forts et le débit maximum de l’eau. C’est ainsi que Pierre Richou (né en 1767) et Rosalie Ménard, installés aux moulins à eau du Petit Charay et du Grand Charay à Chambellay, achètent en mars 1832 le moulin à vent de la Rocherie à Châteauneuf-sur-Sarthe pour 2500 francs : il s'agit d'un moulin de type chandelier, entièrement en bois, couvert d'ardoises, ayant deux harnois. Élevé sur le coteau de La Rocherie par un certain René-Jacques Dagonneau sur un terrain acquis en 1817, il comporte un magasin surmonté d’un grenier et un appentis à usage de remise. Il est rapidement revendu, avec une maison, en février 1843, à François Lorieux, meunier demeurant au moulin de Charnacé (Champigné). La meunerie reste bien souvent une affaire de famille, comme l’évoquent la copropriété d’un moulin par deux membres de la famille Richou, ou encore des transactions internes au sein de la famille. Joseph Richou (1769-1840), marchand meunier à Montreuil-Belfroy, possède avec sa sœur Marie-Anne (née en 1764) le Moulin Neuf à Chambellay. Ils vendent en janvier 1811 les moulins de La Roche (Chambellay) à François Lemoine, meunier au moulin de Chauvon (Montreuil-sur-Maine). Les moulins étaient alors exploités à bail par leur frère Pierre. Le moulin à vent de Bel Air à Montreuil-Belfroy est transmis par François Richou (1736-1806) et Marie Guilleux à leur fille Marie-Anne, qui le vend en août 1814 à sa cousine Rose Richou (1782-1861) mariée à Jacques Raffray. Le moulin de Bel Air était accompagné d'une maison de maître vendue par Louis Richou et Rosalie Arthus en janvier 1863 Il n’est pas impossible que les Richou aient, à une époque, privilégié leurs moulins à eau au détriment des moulins à vent et qu’ils en aient cédé certains afin d'acquérir des terres. Bien que les différentes tractations ne permettent pas de déceler la logique et les motivations de ces ventes, la volonté stratégique reste évidente. Si l'on considère la branche Richou-Mareau, Mathurin (I) Richou (1753-1824), résidant rue des Tonneliers à Angers et au Hardas à Pruillé, vend en 1802 le moulin à eau de Neuville. Il l’avait acquis peu de temps auparavant (en 1800) des enfants du meunier Joseph Guilleux. Il était alors composé d’« un moulin à deux roues dont une à double harnois, un logement pour le fermier, un grand grenier, une écurie dans le bourg de Neuville, chambre à côté, grenier sur le tout, une étable à vaches, les anciens ponts de Neuville composés d'une ancienne arche, de différents piliers, des débris des dits ponts sur laquelle arche est une loge, deux toits à porcs, un jardin d'environ 12 ares ou 2 boissellées , 5 motterons dont deux adjacents à la chaussée et trois petits au milieu des eaux nommés les rutors ». Ce moulin vendu très rapidement par les Richou sera, comme la Roussière, reconstruit dans la deuxième moitié du XIXe siècle et modernisé par une autre famille de meuniers. Les répertoires alphabétiques des registres des hypothèques attestent également de l’existence de Richou meuniers, tout particulièrement à la minoterie de Cheffes-sur-Sarthe, mais aussi dans la région de Mozé-sur-Louet, au Mesnil à, Saint-Martin-du-Bois et à Cheviré-le-Rouge. L’activité meunière des Richou s’étend ainsi beaucoup plus largement en Anjou et leur donne une position singulière dans la société angevine de l’époque. Le meunier était en effet l’artisan incontournable de la phase de transformation des céréales, base essentielle de l'alimentation. Sa maîtrise des éléments, eau et vent, ses compétences techniques, la monumentalité et la complexité de sa machine, renforçaient encore le respect qu’on lui vouait. Les Richou ont su mettre à profit ce statut pour s’élever dans l’échelle sociale en diversifiant très rapidement leurs activités. Ils accumulent ainsi nombre de biens fonciers et se constituent un patrimoine confortable. Les importants investissements dans les terres agricoles, à un moment où leur rentabilité et leur productivité s’accroissent nettement, constituent un moyen supplémentaire d’asseoir un statut social déjà reconnu dans le monde rural. Une forte implantation territoriale Le Haut-Anjou segréen est une région où la révolution agricole a été fortement relayée par de grandes figures comme le comte de Falloux qui, dans sa ferme modèle de Bourg-d’Iré, met en application les nouvelles normes agricoles destinées à accroître la productivité des domaines. Les Richou, à leur échelle, ont participé à ce mouvement de modernisation. Difficile d’étudier l’ensemble du domaine foncier de cette vaste famille : l’acte de donation entre vifs d'Anne Dugré (1748-1825), veuve de René Richou (1745-1807), daté du 23 octobre 1823, permet cependant d’en mesurer l’importance. Il s'agit de terres situées dans la commune du Lion-d'Angers et des environs, léguées par ses parents, Julien Dugré et Marie-Anne Richou. Anne Dugré a également acquis une partie de ces terres au cours de son mariage et après la mort de René en 1807. Ce sont bien souvent de grands noms de la noblesse angevine : le comte Walsh de Serrant, Mme de Meaulne, qui ont vendu ces biens. Les Richou ont ainsi, semble-t-il, bénéficié des difficultés rencontrées par ces grandes familles au lendemain de la Révolution. Cet acte de donation fait état de 17 métairies, dont la surface de terres labourables varie entre 20 et 39 hectares, et une dizaine de closeries de 3 à 7 hectares. Elles sont exploitées par des fermiers selon les règles fixées par le bail, le principe de l’exploitation à moitié fruit étant fréquemment rencontré. Le revenu d’une closerie oscille entre 140 et 560 francs, celui d’une métairie est d’au moins 700 francs et peut atteindre 2370 francs. Si cet acte de donation permet de fournir quelques repères, il ne rend toutefois pas compte de l’ensemble des propriétés détenues au cours du XIXe siècle par les Richou en Anjou. L’étude de quelques fermes appartenant aux fils de René permet d’en apprécier l’organisation et le fonctionnement. Reconstruites ou réaménagées dans la deuxième moitié du XIXe siècle suivant les schémas préconisés par la Révolution agricole, ces fermes témoignent d’une rationalisation des espaces et d’un souci d’hygiène pour une meilleure productivité. Si dans certains cas la reconstruction est totale, bien souvent une partie des bâtiments plus anciens est conservée, les bâtiments de dépendance modernes étant ajoutés à proximité. Bien qu’il n’y ait réellement ni modèle ni plan spécifique, les nouvelles constructions prenant en compte les bâtiments existants, on note toutefois un effort d'organisation des bâtiments autour de la cour et une spécialisation selon leurs fonctions. La Brissetière (Le Lion-d'Angers), ancien logis transformé en dépendance. Manase, Viviane Encore visible, ce bâtiment a vraisemblablement été transformé au XIXe siècle en simple dépendance, abritant étable à vaches et à veaux, « panserie », fenil au-dessus et hangar à l’arrière. En 1864, Alexandre fait élever un nouveau logis qui se trouve ainsi dissocié des bâtiments de dépendance. La Brissetière (Le Lion-d'Angers), nouveau logis. Manase, Viviane C’est en effet une des spécificités de cette époque de construire les bâtiments à distance les uns des autres pour éviter les incendies. Une étable à chevaux et une porcherie surmontées d’un fenil sont aussi ajoutées. Chaque bâtiment a donc une fonction spécifique qui rend l’organisation de la ferme bien plus rationnelle. En 1878, la métairie comprend 29 hectares 47 ares avec un revenu brut de 2700 francs, mais son développement ne s’arrête pas là : à partir de 1881, Arthur (fils d’Auguste, né en 1845) complète cet ensemble par la construction d’une seconde porcherie à l’arrière du logis avec un enclos, un bûcher et des latrines, ainsi qu’une remise à l’ouest. À Chauvon (Le Lion-d’Angers), Auguste fait construire en 1844 de nouveaux bâtiments à côté d’une ancienne ferme détruite en 1850 lors de l’établissement de la nouvelle route. Le plan choisi est régulier, pour rendre le fonctionnement de la ferme plus efficace : le logis et les étables édifiés sur une même, la remise-grange à larges et hautes ouvertures cintrées en brique ainsi que la porcherie, donnent sur la cour. Chauvon (Le Lion-d'Angers), logis et étables dans le prolongement. Manase, Viviane Chauvon (Le Lion-d'Angers), hangar avec larges baies encadrées de brique. Manase, Viviane Le logis, couvert d'une toiture à croupes, comprend un comble en surcroît percé de jours rectangulaires en brique et tuffeau : le souci des ouvertures dans ces nouveaux bâtiments est récurrent, garantissant l’aération des zones de stockage. Ces efforts d’aménagement portent manifestement leurs fruits puisqu’en 1879, la métairie d’une superficie de 33 ha 89 ares, exploitée à colonie paritaire, rapporte 3000 francs. Outre ces fermes héritées de leur père, les frères font de nombreuses acquisitions et développent ainsi le patrimoine familial. À titre d’exemple, La Courtière (Le Lion-d’Angers) est achetée par Eugène Richou (1815-1889) à Félix Raymond Duplat, baron de Monticourt en 1857. Déjà présente sur le plan cadastral de 1809, elle est reconstruite en 1870 par Eugène en remployant le gros-œuvre de l’ancien logis transformé en étable à vaches avec « panserie », fenil en surcroît et cave à l’arrière. Cet espace de la « panserie » participe à une meilleure organisation du travail : il permet une distribution rapide et efficace du fourrage aux animaux situés dans les étables adjacentes. Le reste des bâtiments (étable à chevaux, porcherie, remise et hangar) a été disposé autour de la cour dotée d’un puits central sans doute plus ancien. Tout doit contribuer à un fonctionnement optimal, y compris le hangar avec deux grandes ouvertures, une côté cour et une autre sur le pignon du bâtiment, facilitant les manœuvres des machines agricoles. Si les aspects pratiques sont privilégiés, le côté esthétique n’en est pas pour autant négligé : le vaste logis est ici particulièrement soigné, présentant une façade symétrique avec bandeaux et chaînages d’angle en brique. Les encadrements de baies, les oculi, également en brique, animent l’ordonnancement de la façade. La bichromie du tuffeau associée à la brique pour les aisseliers soutenant le toit est un élément supplémentaire de décor du logis. La Courtière (Le Lion-d'Angers), façade principale du logis. Rousseau, Bruno
Les activités des Richou s’inscrivent ainsi parfaitement dans la vague de reconstruction des fermes de la région : leurs nombreuses terres viennent compléter et accroître la richesse générée par les moulins. L'emprise territoriale des Richou est renforcée par la présence des élégantes demeures qu'ils font édifier. Dans ce vaste territoire rural, les Richou affirment leur statut social en résidant dans de fastueuses demeures dont l’architecture se distingue nettement dans la campagne du Haut-Anjou segréen. Ils rivalisent alors avec les familles nobles de la région et leurs châteaux, dont la majorité est construite ou restaurée entre 1840 et 1880. À partir de 1862, Eugène Richou fait construire par l’architecte Auguste Bibard un nouveau château à proximité des anciens bâtiments en partie démolis. Sont conservés quelques éléments, comme le pigeonnier, signe distinctif de la puissance seigneuriale que les Richou semblent vouloir reprendre à leur compte. Le nouvel édifice est solennellement béni par le curé de Brain lors d’une cérémonie à laquelle participe l’ensemble de la population en août 1864. De plan massé, le château est composé d’un rez-de-chaussée surélevé permettant l’installation des cuisines et des caves en soubassement, d’un étage carré et d'un étage de combles. Château de la Maison Blanche (Brain-sur-Longuenée). Le Guyader, Pascal Bibard n’a pas, selon son habitude, usé du style néo-Louis XIII avec parements en tuffeau et brique. Seules les hautes souches de cheminées des toitures présentent en alternance ces deux matériaux, marquant le paysage et les abords du bourg. Le décor extérieur et intérieur du château est au contraire assez sobre, tout en recherchant un certain confort avec ces cheminées disposées sous les fenêtres, offrant aussi bien le plaisir d’un bon feu que la vue sur le paysage extérieur. Des communs sont également construits (écurie, sellerie) mais ces travaux semblent avoir été interrompus, faute d'argent peut-être. Ainsi, les anciens bâtiments, qui devaient vraisemblablement à terme être détruits, cohabitent encore avec les nouveaux. À proximité se situent les bâtiments de la métairie avec une vaste étable-grange dotée d’encadrements de baies en brique. Métairie de la Maison Blanche. Steimer, Claire
D'autres demeures ont appartenu à la famille Richou : parmi celles-ci, le château de Cimbré à Tiercé appartient dès 1824 à la famille Boreau-Deslandes et passe par mariage à la famille Richou. C'est Arthur Richou (né en 1845), marié à Louise Boreau-Deslandes, qui fait appel à l'architecte Auguste Beignet, l'un des architectes les plus renommés d'Angers, pour transformer le château du XVIIIe siècle et lui conférer un style néogothique, en y greffant notamment de nombreuses tourelles. Château de Cimbré (Tiercé), carte postale. A.D. Maine-et-Loire, 6 Fi. Rousseau, Bruno
L’affirmation de cette ascension sociale se traduit par ailleurs par le rôle des Richou dans la vie publique : peu à peu, ils deviennent des notables, endossant des responsabilités locales qui participent à leur renommée. Ainsi, à La Membrolle, la branche Richou-Dugré fournit bon nombre de maires pour la commune, de 1787 jusqu'en 1937.
Signalons aussi Mathurin (III) Richou, fils de Mathurin (II) Richou (1786-1859) et Perrine Houdebine, maire de Saint-Barthélémy-d'Anjou de 1868 à 1870 et de 1871 à 1881, demeurant dans cette même commune au Haut-Bois. D'autres membres de la famille Richou apparaissent dans la vie publique et politique, notamment Désiré (II) Richou (1836-1897), maire de Feneu en 1884, tout comme son fils Raymond (né en 1873) en 1904.
À l'instar des familles nobles qui vouent quelques-uns de leurs cadets à la religion, les Richou comptent dans leurs rangs des ecclésiastiques. Le Père Alexandre Richou (1819-1897), fils de Pierre Richou et Marie Violeau dite Laroche, est formé au séminaire puis entre chez les lazaristes comme missionnaire, affecté en 1845 à leur mission de Smyrne.
Autre exemple, féminin cette fois : Rose (ou Françoise) Richou, fille de Pierre Richou et Renée Soreau, religieuse sécularisée à la Révolution, s’installe à La Membrolle pour se dévouer aux malades et à l’instruction des enfants.
En 1820, elle lègue à la Congrégation de la Sagesse une maison et divers immeubles, dont une ferme dénommée la Babinière, à charge de fonder dans la paroisse une maison d’instruction et de charité qui serait dirigée à perpétuité par trois filles de la Sagesse. Cette école fonctionnera jusqu’en 1913 et, aujourd’hui encore, une rue de la Membrolle porte le nom de Rose Richou. La famille se distingue également par des signes de libéralité religieuse : lorsque Eugène Richou achète la ferme de La Saulaie à Brain-sur-Longuenée, il fait dresser une croix au carrefour à proximité.
En revanche, on ne remarque pas, dans les parcs de leurs demeures, de chapelle privée qui pourrait témoigner de leur attachement à une pratique religieuse personnelle. La sphère d’influence de la famille s’étend à de nombreuses activités dont témoignent les annuaires statistiques de Maine-et-Loire : banque, extraction (ardoises, bois de chauffage, fers), culture (chanvres, filasses, huiles et denrées du pays), commerces (boulangerie, charcuterie), travaux des ponts et chaussées…
Joseph Richou (1796-1859), issu de la branche Richou-Guilleux, fils de Joseph Richou et Marie-Victoire Marais, est architecte. Auteur de la reconstruction en 1856 du chœur et d'une partie de la nef de l'église Saint-Jacques à Angers, son nom apparaît aussi dans les archives de la commune de Brain-sur-Longuenée, où il réalise des plans pour la mairie-école.
Il n'est pas le seul architecte de la famille : Auguste Beignet est dans un premier temps marié à Rose Richou (1852-1886), puis à la mort de celle-ci, il se remarie avec une de ses parentes, Marie Thibault, arrière-petite-fille de Marie-Anne Richou et Nicolas Joubert.
Ce rapprochement matrimonial explique certainement l'intervention de Beignet au château de Cimbré à Tiercé.
Chapelle funéraire des Richou, face à celle des Mauvif de Montergon (1640) dans le cimetière de Brain-sur-Longuenée. Steimer, Claire
Les Richou acquièrent ainsi une place à part et s’implantent fortement dans la vie locale. Ils y côtoient alors les membres des familles nobles : ainsi, le 9 juin 1851, le curé de Brain-sur-Longuenée déjeune « chez M. et Mme Richou en société de M.M. Mauvif de Montergon et Poidevin, et de M. et Mme Richou d'Angers, marchands de fer et de leurs enfants qui arrivèrent pendant le repas ». Dans le cimetière de Brain-sur-Longuenée, la chapelle funéraire des Richou, construite par Beignet, s’élève d’ailleurs aux côtés de celle des Mauvif de Montergon, d’égal à égal.
Il existe d'autres similitudes avec les mœurs et coutumes des grandes familles nobles, à savoir la stratégie matrimoniale. L’endogamie familiale et géographique semble la règle afin d’éviter l’émiettement du patrimoine et de favoriser la continuité de leurs activités de génération en génération.
Les mariages entre membres de la famille sont fréquents : citons par exemple René (II) qui épouse en 1807 sa cousine Anne Richou, fille de Mathurin (I) Richou, ou encore Alexandre (I) qui épouse en 1834 sa cousine Claire Raffray, fille de Rose Richou et Jacques Raffray.
Les alliances matrimoniales ont aussi contribué à l’ascension sociale de la famille Richou qui a su s’allier à d'illustres familles. Jeanne-Martine Richou, fille de René (I) Richou, épouse Pierre-François Besnard : leur fils François est à l'origine, dans les années 1840, de la célèbre industrie de corderie d'Angers, reprise par son gendre Julien Bessonneau, dont le nom est encore lié à cette activité industrielle angevine. Julien Bessonneau est doublement lié à la famille Richou, puisqu'il est le fils de Jeanne-Françoise Besnard, fille de Jeanne-Martine Richou, mariée à Julien-Pierre-Maurille Bessonneau.
Autre exemple d'union prestigieuse : le banquier Désiré (II) Richou épouse en 1866 Marguerite Segris, fille du futur ministre Émile Segris.
Leurs multiples activités, leur style de vie et leurs relations sociales montrent l’évolution des Richou dans la société du XIXe siècle. Leur réputation s’élargit encore avec l’activité bancaire dont ils sont les précurseurs à Angers.
Tout au long du XIXe siècle, on trouve mention des Richou dans le monde de la banque : en 1850, au moment même où s'établit à Angers la succursale de la Banque de France et la banque Bigot-Bougère, la ville possède sept établissements de crédit dont Richou et Raguin, rue Boisnet, et dix ans plus tard, neuf banquiers dont, Veuve Richou et fils , coexistent sur la place d'Angers, indépendamment de la Banque de France.
La banque Richou était installée 23-25 rue Boisnet, ce bâtiment abritant également un immeuble de rapport et le logement de la famille. En partie du XVIIe siècle, il est remanié et agrandi entre 1848 et 1851.
Des bureaux de la banque, aujourd’hui détruits, existaient aussi place de Lorraine et on retrouve boulevard Foch un bâtiment de style néoclassique qui semble bien être celui construit en 1867 par Désiré (II) Richou
Banque et logement des Richou, rue Boisnet à Angers. Rousseau, Bruno
Portrait photographié de Désiré Richou
La banque Richou possédant par ailleurs des succursales dans d’autres villes comme Saumur, l’implantation urbaine de la famille ne se limitait donc pas à Angers et leur influence rayonnait largement en Anjou. Propriétaires de demeures à la campagne, les Richou possédaient aussi bien souvent un appartement à Angers. Ainsi, Raymond Richou, fils de Désiré (II) et Marguerite Segris, qui hérite de la banque de son grand-père et de son père, habite au 41 boulevard de Saumur à Angers, mais aussi dans l'élégante demeure des Grifferais à Savennières.
Banquier comme son père et son grand-père depuis 1897, il est également maire de Feneu de 1904 à 1919. C'est avec lui que va s'opérer la liquidation de la Banque Richou, cédée à la Banque nationale de crédit en avril 1914, dont il est alors nommé directeur régional. Une lettre du 31 mars 1916 adressée par Raymond Richou à ses enfants montre que, loin de mettre fin à la richesse des Richou, cette liquidation à la veille de la Première Guerre mondiale a été plutôt bénéfique à la famille.
Il a pu ainsi sauver une partie de la fortune laissée par son père. Malgré d’inévitables aléas, les Richou ont su, de la fin du XVIIIe siècle au début du XXe siècle, gérer au mieux leurs biens, diversifier leurs activités en investissant des domaines-clés de l’économie régionale tels que la meunerie, l’agriculture et la banque. Leur ascension sociale doit beaucoup aux innovations qu’ils ont adoptées assez rapidement : la fondation en 1827 d’une des premières banques angevines, le passage de la meunerie traditionnelle à l’ère des minoteries avec en 1847 l’usine de La Roussière et enfin la construction, dans les années 1860-1880 surtout, de nombreuses fermes modernes et d’une qualité architecturale indéniable, centres performants de terres agricoles productives.
Leur parfaite intégration dans le monde de l’époque tient aussi à leur mode de vie, commun aux notables du XIXe siècle, imitant plus ou moins le modèle aristocratique. Par leur réussite sociale, politique et économique, des familles ont ainsi façonné nos campagnes et nos villes en y édifiant nombre d’édifices qui témoignent de riches histoires familiales et, plus largement, de l’histoire de tout un territoire.
Portrait photographié de Raymond Richou.
Source :La famille Richou par Claire Steimer et Viviane Manase
Le propriétaire du château de la Possonnière auquel était attaché le fief de La Possonnière et de La Garenne était René-Marie de ROMAIN (1727-1812), lieutenant au régiment d'Anjou qui avait combattu sous Louis XV en Italie. C'est l'arrière-arrière-grand-père, Girard Romain, décédé en 1601, qui avait hérité de cette terre du Perray à la mort d'une parente, Loyse de Gennes entre 1595 et 1600, connue comme abbesse et dame du Perray.
Son arrière-grand-père, Étienne Romain, (1602-1682) avait été enterré au vieux cimetière de Savennières, c'est-à-dire à la place du Mail actuel. Son grand-père René Romain du Perray (1642-1711) inhumé dans la chapelle Saint-Jacques du Prieuré de la Possonnière, possédait la terre du Perray aujourd'hui, Clos des Rabannières. Son père, René Romain du Perray, né en 1691, avait été avocat au Parlement, échevin perpétuel d'Angers depuis le 19 mars 1726 ; nommé maire d'Angers le 14 avril 1743, il sera installé dans sa charge le 1er mai 1743 et continuera jusqu'en 1747. Il introduira à Angers l'usage de la pompe à incendie. Il avait été anobli en 1733, sous son premier mairat.
La place qui porte son nom à Angers n'en changera pas pendant la Révolution. Écuyer, il avait acheté le fief de La Possonnière en 1773, ce qui lui valut le titre de seigneur de La Possonnière. Il est enterré à Angers et une place porte son nom, à l'extrémité de la rue Saint-Laud. Mais auparavant, il possédait déjà la terre du Perray aujourd'hui, Clos des Rabannières, qui lui venait de son grand-père René Romain du Perray, (1641-1711) enterré dans la chapelle Saint-Jacques du Prieuré de la Possonnière. Depuis près de 200 ans déjà, les de Romain étaient donc fortement enracinés à la Possonnière. René-Marie de Romain fut arrêté le 17 mars 1793, libéré par les Vendéens le 17 juin 1793, à nouveau arrêté dans son château le 8 octobre 1793.
On l'emprisonna à Angers avec son jardinier Abellard, puis on les envoya à pied tous deux à Doué-la-Fontaine. Abellard y fut libéré et put revenir au château. Son fils Félix de Romain rapporta les malheurs de son père de la façon suivante : «Le voyage de Doué vers Blois et Chartres se continua dans les mêmes conditions.» Aussi, combien peu de ces prisonniers résistèrent à toutes ces épreuves. De près de mille qu'ils étaient partis d'Angers, à peine cent rentrèrent dans leur famille.
Grâce à la Bonne Providence, mon père nous fut conservé. De Doué, il fut transféré dans plusieurs autres prisons. Il fut emmené jusqu'à Chartres. De là, il aurait été conduit sans doute à Paris pour être guillotiné, mais en juillet 1794, Robespierre lui-même fut conduit sur l'échafaud. La mort de ce misérable amena une détente et les prisonniers furent délivrés. Mon père avait séjourné pendant 7 mois dans la ville de Chartres au couvent des Jacobins. Pendant ce temps, il avait été mis à la tête d'une filature où l'on travaillait le coton, le lin et la laine. Ainsi, on donnait de l'occupation à 200 femmes prisonnières pour gagner leurs vies. Mon père rentra dans notre Possonnière vers le mois de novembre 1794.
C'est alors que, pour jouir de son château et de ses biens (qui avaient été mis sous séquestre), il fut obligé de payer une somme d'argent à l’État, et cette disposition dura jusqu'en 1797. Lors du Concordat de 1801, il conserva ses terres et bâtit, la même année, dans son parc, la première église, obtenant le 12 février 1809 la création de la paroisse dont les quatre premiers marguilliers furent, outre lui-même,Victor Lancrau, François Oger et Joseph Rabineau.
Cette première église a été entièrement reconstruite sur les mêmes fondations en 1860-62. Il décéde le 15 avril 1812 à La Possonnière.
Cauterets : Découverte d'un cadavre Dimanche dernier, l'attention des baigneurs se promenant à Cauterets, sur la route de Mahourat, fut arrêtée par un corps flottant, que les eaux roulaient de cascade en cascade. On ramena cette épave et on se trouva en présence du corps d'une vieille dame, morte depuis peu de temps. Son identité fut vite établie. On reconnut une vieille demoiselle habituée de Cauterets, artiste peintre, originaire de Savennières et appelée Marie-Marthe Chevalier de la Petite-Rivière. Les recherches pour établir les circonstances de son décès firent retrouver ses toiles et ses bottes à peinture à deux kilomètres en amont et dans un plateau où les eaux, peu abondantes, coulent tranquilles. Le parquet, arrivé sur les lieux, n'a pu encore établir d’une façon positive les causes de cette mort. Est-on en présence d'un suicide, d'un accident de montagne ou d'autre chose ? Tel est le mystère, l'enquête se poursuit. Voir Histoire Château la Forestie. « Ouf ! » Je vais enfin pouvoir aller me promener ! » S'est exclamé le 1er avril 1953, le facteur rural Louis Gautier, de Savennières. Pour le brave facteur, cette date était un jour de fête. Né le 1er avril 1898, il fêtait, verre en main, son 55e anniversaire, et surtout, ce qu'il célébrait, c'était sa première journée de retraité des P.T.T. Le 24 mars dernier, le facteur avait fait sa dernière tournée. Le lendemain, il était en vacances en attendant le jour officiel de sa retraite. Un vin d'honneur lui est offert au « Bon Coin ». En présence du maire, M. Bernard du Closel, un de ses collègues retraça sa carrière. Louis Gautier, dit « Zizi » pour ses amis, qui, en trente-trois années de service, n'avait jamais eu un seul jour de maladie, se sentait mal à l'aise de tant de démonstrations d'amitié. «Zizi » le facteur de Savennières, a fait 350 000 km à pied en 33 ans. Sa tournée le menait, à travers les coteaux et par les bords de Loire, de Savennières à Épiré, en passant par la Roche-aux-Moines, la Coulée-de-Serrant et le Moulin-de-Beaupreau, sans oublier les fermes isolées. À la fin de la journée, il avait abattu ses 35 kilomètres à pied pendant toute sa carrière. À raison de 35 kilomètres par jour, cela fait quelques 350 000 kilomètres, soit, avec les « à-côtés », près de dix fois le tour du monde. Car Louis Gautier était un des derniers facteurs ruraux « à pied ». Il a toujours été un bon marcheur. 1917-1920 Pendant la Première Guerre mondiale, à 19 ans, il est incorporé au 77e régiment d'infanterie le 18 avril 1917, soldat de 2e classe ledit jour. Il passe au 135e régiment d'infanterie le 1er octobre 1917 puis transite au 68e régiment d'infanterie le 27 janvier 1918 pour le 232e régiment d'infanterie le 31 janvier 1918. Cité à l'ordre de la 59e Division du 25 novembre 1918 : « soldat téléphoniste d'un grand dévouement,il a toujours fait preuve de beaucoup de courage et de sang-froid dans l'accomplissement des missions qui lui étaient confiées.» Au cours des attaques des 26 et 27 octobre 1918, n'a jamais hésité à réparer les lignes téléphoniques coupées par les violents tirs de barrages ennemis. Après l'armistice, on le retrouve au 119e régiment d'infanterie le 24 février 1919 jusqu'à son renvoi dans ses foyers le 28 mai 1920 avec certificat de bonne conduite, croix de guerre « Étoile de bronze ». (ADML registres matricules, recrutement Angers, classe 1918, n°291) Il regagna son Savennières natal. Il avait 22 ans et rêvait d'être fonctionnaire. Les chemins de fer l'attiraient, mais c'est vers les P.T.T. qu'il fut dirigé par sa mère, qui était « facteur auxiliaire » à la poste du village. En attendant mieux, il accepta d'endosser la tunique, de coiffer le képi et de ceindre la sacoche, attributs indispensables du facteur rural. Il s'aperçut très vite que son métier avait ses bons côtés. En décembre 1920, il fit sa demande de titularisation qui lui fut accordée. Désormais, il était le facteur de Savennières, où il ne comptait que des amis et où son père avait été garde-champêtre pendant vingt-cinq ans. Ce fut à cette époque que des camarades lui suggèrent de faire sa tournée à bicyclette. Il n'avait jamais beaucoup aimé cet engin, mais voulut essayer malgré tout. Un soir, on le vit exhiber un beau vélo neuf, sauter en selle devant l'église et disparaître en direction du passage à niveau. On le perdit de vue. Il revint, dix minutes plus tard, les mains écorchées et la mine défaite, tirant à sa suite sa bicyclette tordue. Sans dire mot, il rangea l'engin au grenier, d'où il n'est jamais redescendu. De ce jour, son opinion était faite : pour un facteur rural, rien ne vaut de bons pieds. Les siens ne faillirent jamais. Il partait chaque jour à 8 heures du bureau de poste, son tri achevé. Au début de sa carrière, il transportait environ 3 kilos de courrier. « Aujourd'hui, dit-il, ça arrive à peser 15 à 20 kilos. C'est à cause des journaux. Aujourd'hui tout le monde est abonné à un journal ; et le papier, ça pèse ! » En 1920, son salaire était de 10 francs par jour. Le vin valait 2 francs le litre. À la veille de sa retraite, Louis Gautier gagnait 22 000 francs par mois. Et la « fillette » de vin (45 cl) coûte 50 francs. Les variations du coût de la vie n'empêchèrent pas Louis Gautier de continuer ses pérégrinations professionnelles. Plus il avançait en âge et plus il marchait bien. Son allure s'était fixée aux environs de huit kilomètres à l'heure. Qu'il pleuve ou qu'il vente, au soleil ou au froid, le facteur faisait son immuable tournée. Le soir, le travail terminé, il allait toujours à pied cultiver son jardin, à 7 km de Savennières, puis, sagement, il allait se coucher dans la chambre voisine de celle de sa mère, dont il était le seul soutien (rue des Lauriers, aujourd'hui rue Michel Fourcade). Pour elle, il ne se maria pas et s'endurcit dans le célibat. Pendant sa tournée, des chiens l'accompagnaient. « Au Bon Coin » en posséda deux qui avaient pris l'habitude de suivre le facteur dans sa tournée. Ils n'y purent tenir, et moururent de fatigue pour avoir trop trotté, et bu 36 barriques de vin. Bien connu de ses clients, « Zizi » avait une amitié plus prononcée pour un viticulteur de La Roche-aux-Moines, Louis Auffray. Pendant trente ans chaque jour, le facteur apporta le journal ou des lettres au vigneron. Et à chaque courrier, il eut droit au verre de l'amitié. Ce qui fait une moyenne de 300 verres par an, constate M. Auffray, et encore lorsqu'on part « sur une patte », ce qui est rare. Tout cela a fait en trente ans la valeur de six barriques, juste ma récolte de l'an dernier ! Mais « Zizi » avait encore d'autres amis dans la région. Chacun tenait à lui marquer son estime à grand renfort de vin. « En plus des six barriques à Auffray», constate aujourd'hui le facteur, j'ai dû en vider au moins une trentaine.Dame ! Chez lui, je buvais un verre, mais chez les autres, à chaque tournée, il faut bien compter une moyenne de cinq par jour ! Alors ! Faites le compte, » Ce qui ne l'empêchait pas de toujours marcher droit. Le facteur de Savennières a adopté avec joie les bottes de caoutchouc qui font plus d'usage, à son avis, que les brodequins dont il usait une paire par an, en moyenne. Par contre, il n'aime pas le nouveau képi dont viennent d'être dotés les facteurs. « Heureusement que je n'aurai pas à le porter, parce que je le trouve vraiment très laid !» Et puis, l'ancien avait une si belle cocarde ! . Des amis de sa jeunesse, il n'en reste plus guère. L'âge et la guerre sont passés par là. Rappelé à l'activité le 13 février 1940, il est démobilisé le 29 juillet 1940. Troquant son uniforme de fantassin pour celui de facteur, il reprend ses tournées. « Ce qui me vexait le plus, c'était de porter des lettres aux Allemands installés au château (L'Aiglerie).» Au début, et pendant trois mois, chaque, jour, ils m'offraient un verre de vin. De « notre » vin ! J'ai toujours refusé : j'avais pourtant soif. Mais je leur ai fait comprendre que je ne buvais pas de ce vin-là. Ils finirent par réaliser et n'insistèrent pas. Heureusement, car ils avaient l'air fâchés à la fin. Les habitants de Savennières se souviennent des services que Louis rendit au village à cette époque : les commissions orales ou écrites, les colis transmis discrètement. Louis ; on te regrettera « Zizi » comme facteur. Mais nous t'accueillons avec joie dans notre grande famille postale des retraités . Et de douces larmes coulèrent sur le visage tanné de notre retraité. Source :Histoire des Coteaux de Loire et de Maine par Louis Barrault Née le 28 janvier 1921 à Saint-Georges-sur-Loire, elle arrive à Savennières avec ses parents en 1930. Elle est allée à l’école de la commune jusqu’à ses 12 ans, avant de travailler à la ferme avec ses parents, située dans le secteur du chemin des Charronnières, près du moulin. Elle est la plus jeune fille des six enfants de la famille. En 1937, la majorité des autres enfants ayant quitté la maison, ses parents décident de prendre une ferme plus petite, non loin de là, au lieu-dit Malabrit, autour du château de La Bizolière Lequel château cherchait dans les années 40 un chef vigneron. Un jeune homme se présente et est embauché. Il fait la connaissance de Marguerite, qu’il épouse en avril 1944. Avant cela, il aura fallu déjouer la surveillance des soldats allemands… Ceux-ci sont venus habiter dans le château de la Bizolière, et ils surveillaient les allées et venues dans le parc… Les futurs mariés devaient donc se cacher pour traverser le parc et se voir… Le couple aura six enfants, six filles, qui leur donneront 14 petits-enfants, 22 arrière-petits-enfants, et 5 arrière-arrière-petits-enfants. Source : https://latelier.centres-sociaux.fr/recueil-paroles/ C'est une belle figure du monde des aveugles qui vient de disparaître. Tous les aveugles connaissaient M. Guilbeau. À 80 ans, en dépit de la surdité qui s'épaississait cruellement chaque jour, en dépit des infirmités de son corps, son âme demeurait alerte, son cerveau actif ; il était toujours prêt à rendre service. Né le 19 janvier 1850 à Angers, il perdit la vue à l'âge de 4 ans. Il aimait à parler de son excellente mère, de l'intelligence avec laquelle ses parents l'avaient élevé, l'obligeant à faire tout par lui-même, l'incitant à prendre une part active dans les jeux des enfants de son âge, dans les occupations de la campagne, dans toutes sortes d'exercices physiques. Il fera du cheval. Plus tard, il deviendra un alpiniste enragé. Avec quelle joie il racontait les excursions en montagne de sa jeunesse, en particulier celles qu'il avait faites avec ses amis aveugles, Syme et Vielhomme. Ce goût de l'exercice et des sports qui entretint si longtemps sa santé et son adresse physique, il en rendait grâce à son éducation première. Il entra jeune à l'Institution des Aveugles de Paris, en un temps où le souvenir de Braille y était encore très vivant, et il appartint aux premières générations qui furent instruites à l'aide du Braille. Puis il demeura dans la maison comme professeur d'histoire et de géographie. La valeur de son enseignement est attestée par le développement qu'il donna à l'étude des cartes en relief : lui-même a fait imprimer un bon nombre d'index qui permettent au doigt de l'aveugle de se retrouver sur ces cartes. Mais elle est attestée surtout par la gratitude de nombreuses générations d'élèves qu'il a formées. Les anciens ne l'oubliaient point. Ils restaient en rapport avec M. Guilbeau, et M. Guilbeau les suivait dans la vie, participant à leurs revers comme à leurs succès, et fier de ceux qui faisaient honneur à la maison. Quant Maurice de la Sizeranne commença à créer les diverses oeuvres dont le groupement devait constituer l'Association Valentin Haûy, il n'eut pas de collaborateur plus zélé qu'Edgar Guilbeau. Oh ! Ce n'était pas un collaborateur toujours facile, il n'était pas de ceux qui disent : amen, à tout ce qu'on leur propose. Il avait ses idées, il les défendait. Son collègue et ami Bernus, plus calme, imaginatif et plus pondéré, le lui reprochait quelquefois,mais Guilbeau agissait : il apportait des articles aux deux périodiques nouvellement fondés par Louis Braille et Valentin Haüy. Il enrichissait de ses dons la Bibliothèque Braille naissante, Il voyageait à l'étranger, visitait des écoles, représentait la France à des congrès ; il travaillait à établir ce lien entre la typhlophilie française et la typhlophilie étrangère dont la Sizeranne sentait si fort la nécessité. Mais sa part propre dans la bâtisse Maurice de la Sizeranne, c'est le Musée Valentin Haüy. Il en a eu l'idée première, il en a réuni les matériaux, il l'a logé un temps dans une chambre louée de ses deniers, à une époque où les traitements des professeurs de l'Institution étaient bien maigres ; il en est resté le directeur et le pourvoyeur tant qu'il a demeuré à Paris. C'est par le Musée Valentin Haüy que vivra le nom d'Edgar Guilbeau. Parmi ses publications, il faut faire une place à part à un recueil de poèmes, ses Chants et légendes de l'aveugle. Il y a tenté un effort original, celui de parler une langue entièrement dépouillée d'images visuelles. Il pensait se faire ainsi un style d'aveugle. C'est un fait que beaucoup, d'aveugles lisent avec plaisir ses vers, et y recherchent l'écho de leurs propres émotions. En prose, il a donné surtout, en 1907, vers la fin de sa carrière active, une histoire de sa chère Institution nationale. On l'a jugée parfois trop chargée de menus détails. Répondons qu'elle sera d'autant plus longtemps-consultée que la documentation en est plus riche. Atteint par l'âge de la retraite en 1911, Edgar Guilbeau allait nous donner le grand exemple d'une vieillesse sereine, active, bienfaisante. Retiré dans sa belle propriété de Savennières, près d'Angers, il y vit en sage. Ce citadin a su se faire l'âme d'un rural. Point de lettre qui ne parle de ses vignes, de ses lapins, de l'herbe qu'il va cueillir lui-même pour les nourrir, des pommes de terre qu'il récolte, de ses haricots, de ses poires et de ses prunes, de sa « goutte d'or » dont il est à juste titre si fier. C'est merveille de constater à combien d'occupations variées, parmi les travaux de la campagne, cet aveugle a su se mettre après la soixantaine. J'ai dit qu'il vit en sage. La sagesse de Guilbeau n'a rien d'égoïste. Sa carrière de typhlophile n'est point finie. De partout des aveugles, lui écrivent pour lui demander qui, une information, car il sait tout du passé des aveugles, qui, un conseil personnel. À tous il répond avec une indulgence de bon aïeul. Devenu presque sourd, il se donnait avec une particulière bonté à la petite famille des aveugles-sourds dont il contribua à resserrer les liens et où on lui donnait communément le nom : de grand-papa. Je ne recevais point de lettres de lui ; qui ne m'apportât ou quelques nouvelles pour le « Valentin Haïiy » et le «Louis Braille», ou quelque suggestion utile. Nos lecteurs savent que souvent un article à leur intention venait de Savennières. C'étaient de grosses lettres, souvent de petits volumes, à la fois si jeunes d'optimisme, et si sages d'expérience ! Il continuait d'écrire. Invinciblement reporté vers sa chère institution, il composait maintenant les mémoires de sa vie d'élève, quatre gros volumes en braille qui sont déposés à la bibliothèque Braille. Je gage que beaucoup de ses condisciples et de ses élèves les liront avec émotion. Mais son travail de prédilection, c'était son grand poème typhlophile, son « Eugénie », où il s'est proposé de montrer la vie de l'aveugle sous tous ses aspects. Il y a cinq ans, à la suite d'un avertissement du mal qui devait l'emporter, il m'écrivait : «J'ai eu le bonheur dans la mesure humaine du possible.» Si je m'en vais brusquement, Adieu. Mes tâches sont finies. La mort ne m'effraie pas, comme tout le monde, j'ai commis des fautes ; mais je les ai réparées dans la mesure du possible. La mort peut venir. Puisse-t-elle seulement être rapide comme celle de Viel homme. » Elle lui a accordé quelques années de répit. L'été dernier, il entreprenait encore divers voyages, il est venu revoir la maison de la rue Duroc, son musée, où pendant deux heures il a palpé maints objets en compagnie de son successeur, M. Henri. Il est retourné dans sa chère institution : « Je me suis assis dans la chaire où j'ai professé 39 ans, m'écrivait-il, et cela sans émotion, car je ne suis pas romantique ». Mais au retour d'un de ses voyages, il s'est senti atteint définitivement. Il a continué d'écrire des lettres avec sa main gauche quand la droite a été totalement paralysée. La mort, qu'il rêvait rapide, a été lente ; elle l'a pris petit à petit. Il l'a affrontée avec une chrétienne résignation et jusqu'au bout sa sérénité, ne l'a pas quitté. P. VILLEY, Musée Valentin Haüy Fondé en 1886 par un aveugle, Edgard Guilbeau, en vue de valoriser l’invention du braille et de la situer dans son contexte historique, le musée est aujourd’hui dévolu à l’histoire des aveugles. Cette histoire a des spécificités françaises. La prise en charge de la cécité en France remonte à la fondation à Paris par Saint Louis, vers 1260, de l’hospice des Quinze-Vingts. Au siècle des Lumières, Diderot fait du personnage de l’aveugle un objet philosophique. En 1785, Valentin Haüy dirige à Paris la première école jamais ouverte pour des enfants aveugles. Dix ans plus tard, la Convention nationalise cet établissement. En 1825, un élève de l’Institution des jeunes aveugles, Louis Braille, qui a seize ans, finalise un codage tactile de l’écriture qui porte aujourd’hui son nom. En 1889, Maurice de La Sizeranne, élève, puis enseignant de l’Institut national des jeunes aveugles (Inja), fonde une association « pour le bien des aveugles », à laquelle il donne le nom de Valentin Haüy. L’association accueille le Musée en son sein. Prix de Poésie M. Edgard Guilbeau, professeur à l'institution nationale des Jeunes-Aveugles, a obtenu un prix de poésie pour son livre « Chants et Légendes de l'aveugle ». Source : Le Valentin Haüy : revue française des questions relatives aux aveugles René d’Anjou, de son vrai nom, Marie Renée Joséphine MESLET, était la fille de René François MESLET, propriétaire, originaire de Savennières, et de Julie PERROT d’ABLANCOURT. Elle naquit le samedi 1er octobre 1853 à Angers, au numéro 3 de la rue Belle-Poignée, dans le quartier du Tertre Saint-Laurent. Son père était alors âgé de plus de 70 ans, tandis que sa mère en avait à peine 30. Sa mère, précisément, était la fille d’un ancien officier de l’Armée d’Anjou, Jean PERROT d’ABLANCOURT1 et la femme de ce dernier, Joséphine de REVILLE, grand-mère de Renée, lui conta pendant toute son enfance les hauts faits de son mari au cours des guerres de Vendée. Enfance Renée rend sans doute souvent visite à sa grand-mère maternelle, Joséphine PERROT d’ABLANCOURT, qui demeure non loin d’Angers, à Joué-Etiau. Celle-ci lui raconte peut-être les mystères de ses origines. On peut se demander en effet comment la petite Joséphine, enfant exposée à Saint-Didier dans la Nièvre, s’est retrouvée mariée à Rochefort, en Charente-Maritime, à Jean PERROT d’ABLANCOURT, digne descendant de Nicolas PERROT d’ABLANCOURT, historiographe de Louis XIV et membre de l’Académie Française ? Née sans patronyme, Joséphine est dite REVILLE à son mariage, puis REVILLE-FAYOL par la suite. Mais le grand-père de Renée est-il vraiment un descendant de cet illustre personnage ? Il est permis d’en douter, comme nous le verrons plus loin. Le père de Renée, quant à lui, meurt en 1866. Peu après, avant même d’atteindre ses quinze ans, vers 1868, elle aurait publié selon l’une de ses nombreuses nécrologies ses premières nouvelles dans une revue locale angevine, que pour l’instant je n’ai pas retrouvée. Désormais, Renée vit entourée de femmes : sa mère, sa grand-mère, mais aussi sa tante, Agathe Perrot d’Ablancourt, née le 12 octobre 1813 à Joué-Etiau. Cette dernière est encore en vie en 1911 et il semble qu’elle ne se soit jamais mariée. Renée l’évoque souvent, avec une grande tendresse, dans ses œuvres en particulier dans l’introduction de Vieille France. A 18 ans, Renée se marie avec Georges GOURAUD, le 17 juillet 1872, à Angers. Renée suit son mari à Limoges où naissent leurs premiers enfants. (Ils en auront quatre, trois filles et un garçon). En 1873, le 18 octobre, Renée accouche de sa première fille, Renée Marie Lucie2. L’enfant naît à Limoges, rue de Brettes. Renée se fait déjà appeler Renée Joséphine MESLET d’ABLANCOURT, comme on peut le constater sur l’acte de naissance ci-dessous. Le deuxième enfant de Renée est un garçon, Paul. Il est né le 30 décembre 1874, à Limoges, toujours Rue de Brettes. On peut imaginer qu’il fut très proche de sa mère. Il semble avoir hérité un peu de sa fantaisie, de son caractère fantasque. Ainsi, sur l’acte de naissance de sa nièce, en 1901, il est dit explorateur demeurant momentanément au Château du Plessis. Il s’est marié sur le tard, à 65 ans, en 1940, à Bordeaux, avec une certaine Germaine MAYEUX. Le 31 mars 1876, naissait le troisième enfant de Renée, une fille, prénommée Marie Clotilde. Elle voit le jour à Saint-Martin-Terressus, non loin de Limoges. Peu après, entre 1876 et 1878, c’est le retour en Anjou. Renée et son mari résident tout d’abord à La Meignanne au château de La Filotière dont ils sont propriétaire. C’est là que naît le quatrième et dernier enfant de Renée, Marie-Cécile GOURAUD, le 22 novembre 1878. C’est la sage-femme qui déclare l’enfant. Le père, Georges GOURAUD, est en Suisse, à Bex, pour affaires. En 1888, la famille GOURAUD acquiert le magnifique et très romantique château du Plessis-Macé, un vrai château de princesse ! Nul doute que Renée se soit inspirée de celui-ci pour décrire son château de Val-Salut dans Véga la Magicienne ! Renée écrit en effet : Le vieux-manoir de Val-Salut construit par corvées au XIIe siècle, restauré au XVIe siècle, et tout-à-fait réorganisé pour devenir une habitation confortable… (Véga, chap. XI). Or, justement, selon Célestin Port, le château du Plessis-Macé est un édifice médiéval remanié au tout début de La Renaissance…. En 1897, son pseudonyme n’était plus un secret. Dans le Carnet mondain du Journal Paris du 2 octobre 1897, on peut en effet lire ceci : on annonce le prochain mariage de Mlle Renée Gouraud avec M. le baron Pinoteau, lieutenant d’infanterie à Dreux. La fiancée est la fille de Mme Georges Gouraud, bien connue dans le monde des lettres sous le pseudonyme de René d’Anjou, dont elle a signé des nouvelles charmantes et des romans d’un puissant intérêt. Quant au fiancé, il appartient à une des familles les plus justement estimées de l’Anjou. C’est au Château du Plessis-Macé que se marie sa fille aînée, en 1897. Toute l’aristocratie et la haute société de l’Anjou se trouvaient lundi dernier au château de Plessis-Macé où M. Georges Gourand et Mme née Meslet d’Ablancourt mariaient leur charmante fille Renée au baron Raymond Pinoteau, lieutenant au 101e. Impossible de rêver plus joli tableau dans un plus joli cadre… La France, 1er novembre 1897. Dans la seconde partie de sa vie, Renée publie énormément sous différents pseudonymes. Chaque pseudonyme a une fonction : pour les publications sérieuses, c’est Perrot d’Ablancourt, pour celles ayant trait à la Vendée ou à connotation religieuse, c’est « Gouraud-d’Ablancourt ». Enfin, pour les publications plus légères, c’est René (ou même Renée pour la Presse féminine) d’Anjou. Elle tient de nombreuses chroniques que l’on retrouve en particulier dans Le Petit Echo de la Mode, L’Elan de la Mode, ou encore La Mode Illustrée, et il n’est pas rare d’y retrouver, quasiment sur la même page, un article signé de René d’Anjou et un autre de Gouraud d’Ablancourt ! C’est surtout à partir de 1896 que les publications de Renée abondent dans de multiples revues. C’est également à cette époque qu’un fait amusant est relaté par les journaux. Mme René d’Anjou et Blanche de Presles, en viennent aux mains, s’arrachant à qui mieux mieux le casque de leurs cheveux ! Pugilat ! Joute ! Les journaux exultent . On aimerait tant savoir la raison pour laquelle elles se sont battues comme des chiffonnières ! Je me demande qui est cette Madame de Presles, qui s’appelle une fois Renée, une fois Blanche ? (De rapides recherches semblent montrer que Renée de Presle était sans doute une actrice…) Mais quelques deuils commencent à émailler la vie de Renée. Sa mère, Julie PERROT d’ABLANCOURT, disparait en 1899, à Angers. On peut lire dans Le Gaulois du 16 février 1899 : Mme MESLET, née PERROT d’ABLANCOURT, vient de mourir à Paris, chez les Dames Augustines, dans sa 77e année. Elle était fille du comte Jean PERROT d’ABLANCOURT, ancien chef de bataillon de l’Armée de Vendée, officier de la Légion d’honneur, et descendante de Nicolas PERROT d’ABLANCOURT, historiographe de Louis XIV. Les obsèques ont eu lieu en l’église Saint-Joseph, à Angers. Si le décès de sa mère est dans l’ordre des choses, la perte d’un enfant est très différente. En 1901, Renée a la douleur de perdre sa première fille, qui meurt à la naissance de son second enfant, à l’âge de seulement 27 ans. Celle-ci était venue auprès de sa mère, au Château du Plessis-Macé, pour y accoucher. Elle y met au monde une petite fille, le 20 août 1901, mais meurt quelques jours plus tard, le 2 septembre. La petite fille Marie-Thérèse se porte bien. Elle épousera quelques années plus tard le vicomte Léonce de Gibon. Le 7 janvier 1923, Renée devient veuve ; son mari Georges GOURAUD s’éteint. Il avait 77 ans. Entre temps, les GOURAUD ont revendu le château du Plessis-Macé. Était-il trop grand, trop cher ou contenait-il trop de mauvais souvenirs ? Toujours est-il qu’en 1908, Monsieur Charles-Victor Langlois (1863-1929), directeur des Archives de France, spécialiste du Moyen Âge, devient propriétaire du Plessis-Macé. Renée Gouraud d’Ablancourt meurt le 13 mai 1941. et dans le Petit Courrier du 21 juin, il est écrit : voir article "Mon Billet" Je n’ai pas réussi, jusqu’à maintenant, à trouver le lien entre le grand-père maternel de Renée, Jean Perrot d’Ablancourt et le fameux Nicolas Perrot d’Ablancourt, historiographe de Louis XIV (1606-1664). Ce dernier était membre de l’Académie française. L’acte de baptême de Jean PERROT d’ABLANCOURT, baptisé le 16 septembre 1776 à Pas-de-Jeu dans les Deux-Sèvres, ne mentionne que le patronyme PERROT. Quelques exemples de chroniques et d’articles écrits par Renée Gouraud d’Ablancourt parus sous différents noms de plume Édouard Moll, architecte auteur de plusieurs compositions sur nos coteaux, naquit à Angers le 26 novembre (ou 2 décembre ?) 1797 dans la Doutre (ou bien encore, selon d'autres sources, rue Beaurepaire). Sa famille alsacienne était originaire de Huningue près de Bâle. Très jeune, il manifesta des dons particuliers pour le dessin et suivit en 1813 les cours gratuits de dessin de Delusse, le successeur de Coulet de Beauregard à l'École des Beaux-Arts d'Angers. Puis il monta à Paris pour entrer dans l'atelier de l'architecte Debret où il obtint en 1820 l'admission en deuxième classe à l'école Nationale Supérieure des Beaux-Arts. En 1824, il accéda à la première classe, s'y distingua, mais ne concourra pas, semble-t-il, pour le Grand prix de Rome. Cela ne l'empêcha pas de se rendre, en compagnie de deux angevins, Théodore Jubin et Charles Giraud (1801-1877), futur député de l'arrondissement de Baugé et fondateur de la Société Industrielle, à Rome pour deux ans. Il s'y lia d'amitié avec les peintres Corot et Guillaume Bodinier, fondateur et premier conservateur du musée Pincé, ainsi qu'avec les architectes Gilbert, Duban, Labrouste et Constant-Dufeux. À son retour, il continua de collaborer avec Debret pour la restauration de la basilique de Saint-Denis près de Paris. Il partagea ensuite ses activités entre la capitale et l'Anjou. À Angers même, il construisit les premiers abattoirs de l'Aloyau aujourd'hui disparus, dans la Doutre face au château, puis l'Hôpital Général dont on peut admirer la chapelle récemment classée « monument historique » et qui contient de grandes fresques de ses amis Bodinier et Lenepveu. On lui doit encore l'École de Médecine, le Palais de Justice, l'Hôpital Psychiatrique de Sainte-Gemmes-sur-Loire et plusieurs hôtels particuliers du boulevard Foch. Mais son œuvre ne s'arrête pas à sa province natale. Il fut inspecteur général de l'Hospice de Charenton près de Paris, construisit l'Hospice Saint-Louis de Laval, l'Hôpital et l'Hospice de Mayenne, l'église Saint-Nicolas de Craon et celle de Pré-en-Pail pour ne citer que quelques œuvres. On lui doit à Savennières, le château de la Roche-aux-Moines bâti vers 1839 pour la famille de Jourdan et celui de la Bizolière pour Jean-Jacques-Émile Duboys, ceux de Trèves-Cunault, de Flèchay pour Victoria de la Réveillère-Lépeaux et de La Garde à Avrillé et surtout celui de La Madeleine à Varades pour l'entrepreneur François Briau qui construisit la ligne de chemin de fer d'Orléans à Nantes. Il réalisa également avec son confrère Tendron, le château de Launay à Sceaux-d'Anjou pour Mme Brichet et réalisa pour Ossian de la Réveillère-Lépeaux une étonnante villa d'inspiration italienne au Gué-du-Berge à Thouarcé. À la Possonnière, on lui doit très vraisemblablement le château de la Grange pour le pharmacien B. Guitet et plusieurs fermes alentour qui en dépendaient. Il était l'ami intime de l'architecte Mathurin Binet, auteur de l'église de Saint-Georges-sur-Loire, et de Charles Giraud, député de Baugé de 1832 à 1837, membre fondateur de la Société Industrielle de Maine-et-Loire et membre de la Société Linnéenne avec qui il publia un traité d'agriculture en 1842. Il est décédé à Paris le 2 juin 1876 à l'âge de 79 ans. Ses archives ont été léguées à la ville d'Angers en 1878. J. Marcot. Sources : « L’héritage d’E. Moll », Musée des Beaux-Arts d’Angers. Texte de la lettre Vous connaissez la malheureuse disgrâce de mon beau- père ; En vérité, il est bien innocent, et le fait est démontré aujourd’hui. Il présente une requête au département, qui d’abord sera envoyée à la municipalité pour en avoir l’avis. Elle est entre les mains du citoyen Dieusie ; je vous prie de lui en parler et d’en presser l’exécution. Mon Beau-père est malade et a tellement besoin de secours ; je ne m’étends pas davantage, je connais votre cœur et votre amitié pour moi, votre ami Milscent. » Le premier député élu pour représenter le Tiers-État d'Anjou aux États-généraux de 1789 fut Marie-Joseph Milscent. Les historiographes, toujours à l'affut des noms retentissants, ont négligé de conserver le souvenir de cet homme modeste ; les annales de nos Assemblées l'ont mentionné, avec la foule, dans les comptes-rendus des séances et des travaux .des commissions. Il méritait mieux que cela, et l'Anjou doit le regarder comme l'un de ses fils les plus désintéressés et les plus honorables : c'est déjà quelque chose. Il naquit, en 1752, dans une des plus petites bourgades de la province, à Saulgé-l'Hôpital, commune de quatre à cinq cents habitants seulement, qui fait aujourd'hui partie du canton de Thouarcé, arrondissement d'Angers. Son père, Louis-Michel Milscent, était avocat au présidial d'Angers ; il n'avait qu'une ambition : voir son fils prendre place à côté de lui et lui succéder un jour. Le jeune Milscent fit ses études dans cette ville, dont les écoles étaient en renom depuis près de quatre siècles ; puis, ses études achevées, il suivit les cours de la Faculté de droit, se fit recevoir docteur agrégé et inscrire au nombre des avocats. C'était en 1774 ; il avait vingt-deux ans. Six ans après, le 21 avril 1780, il épousa Mlle Raimbauld de la Douve, fille d'un avocat distingué du barreau d’Angers, qui s'était fait connaître dans la région parla publication de plusieurs mémoires judiciaires fort remarquables. Milscent travailla pendant quelques années dans le cabinet de son beau-père et s'y fortifia dans la science théorique et pratique du droit. Il suppléa même M. Raimbauld dans plusieurs affaires et plaida, en sa place, différentes causes qui mirent en relief la solidité de son savoir et la logique de son raisonnement, mais qui donnèrent une pauvre idée de son éloquence. Il fallait alors pour se faire une réputation au barreau des périodes pompeuses, des tirades magnifiques, toute une rhétorique sentimentale et savante : tel était, à la fin du XVIIIe siècle, le dernier mot du grand style oratoire. Ses plaidoiries ne lui procurèrent donc que peu d'éclat ; il désespéra de se faire un nom à part parmi les avocats plaidants, et il tourna ses vues du côté de la magistrature. Une occasion se présentait : M. Olivier de Préneuf, lieutenant particulier du Présidial et de la Sénéchaussée d'Angers, désirait céder son office ; Milscent en fit l'acquisition et fut installé en 1788. Cette charge n'était qu'une sorte de vice-présidence, sans éclat en temps ordinaire ; mais les grands évènements qui se préparaient lui donnèrent, en cette circonstance, une importance inaccoutumée. Un édit du mois d'août 1764 avait supprimé les offices de président dans les bailliages et les sénéchaussées : dès lors, les lieutenants généraux durent présider seuls aux affaires civiles, et les lieutenants criminels aux jugements de toutes les affaires criminelles. Le dernier lieutenant criminel à Angers avait été M.de Marcombe; il était mort en 1780 et sa charge était demeurée vacante. C'était donc le lieutenant particulier qui en remplissait les fonctions, et, en cette qualité, Milscent eut l'insigne honneur de présider aux élections des députés du troisième ordre aux États-Généraux. Le 14 février 1789, conformément aux conclusions du procureur du roi, il convoqua, pour le dimanche qui suivrait la réception de l'avis, tous les électeurs des paroisses angevines, dans le but de nommer leurs délégués ; puis il invita ces députés des paroisses à se réunir, sous sa présidence, le 9 mars suivant, dans la grande salle de l'Abbaye de Saint-Aubin. Les délégués devaient apporter à cette première réunion les cahiers contenant les vœux et doléances de leurs commettants pour les soumettre à l'examen et en faire une fusion générale. Partout, on se conform, avec empressement aux prescriptions de l'ordonnance. Sur plus de deux cents paroisses de la sénéchaussée d'Angers, treize seulement firent défaut, et le zèle des députés fut tel que sur 828 ; il s'en trouva 807 de présents à l'Assemblée générale du 9. mars.Tous les absents adressèrent une excuse motivée au président, à l'exception de Choudieu, substitut du Procureur du roi, et de Pérard, avocat, que nous reverrons, plus tard, parmi les fougueux conventionnels, et qui, alors, trouvèrent bon de s'abstenir, parce que l'Assemblée n'était pas assez révolutionnaire. C’est dans cette séance du 9 mars que furent choisis, parmi les délégués, vingt-cinq commissaires, chargés de lire, de résumer et de rédiger d'une manière définitive tous les cahiers des paroisses. Au nombre de ces commissaires, il convient de citer en première ligne les noms de Volney et de La Revellère-Lépeaux. Ils se mirent immédiatement au travail et y apportèrent tout leur talent, tout leur dévouement aux idées nouvelles et, sans doute, les humbles et timides aspirations des vilains et des manants leur ont emprunté un peu de cette fierté, de cette indépendance qui était un des côtés saillants de notre jeune bourgeoisie angevine, si ardente' et si éclairée. Dès le 16 mars, le rapport fut déposé sur le bureau de l'Assemblée, et le 18, Milscent, présida à l’Hotel de ville d'Angers, la mémorable séance de discussion générale qui devait précéder les élections définitives. Il prononça, pour ouvrir l'Assemblée bailliagère, un long discours, qui eut l'honneur d’être imprimé en tête des vœux et demandes. Nous avons dit plus haut que Milscent avait été contraint de renoncer à la profession d'avocat en raison de son éloquence, froide, sèche et dénuée d'ornements. Son discours du 18 mars dut faire revenir l'opinion publique sur le compte de cet orateur. Dans un style déclamatoire, il récrimine avec autant d'emphase que d'indignation contre les abus du passé que la Révolution nouvelle est appelée à supprimer. Nous ne reproduirons rien du discours, de Milscent dont la pompe solennelle nous ferait sourire aujourd'hui ; mais sans cette phraséologie, alors en vogue, on sentait les généreuses pensées qui remplissaient le coeur de Milscent, ses aspirations grandes et nobles, la haine de ces monstrueux abus dont toutes les âmes honnêtes et vraiment libérables désiraient la réforme; aussi obtint-il un vrai succès d'enthousiasme dans cet auditoire merveilleusement préparé ; toute la ville applaudit aux sentiments que venait d'exprimer le président de l'Assemblée bailliagère. Milscent avait parlé avec sa conviction d'honnête homme, juste et modéré ; il avait, du reste, donné des preuves de sa sagesse et de sa modération, dès la première séance qu'il avait été appelé à présider. Leclerc, de Chalonnes, dont nous aurons à parler plus tard, voulait exclure de la représentation communale les officiers des justices seigneuriales : c'était une atteinte à la liberté, portée par ceux-là mêmes qui se posaient en champions de la liberté ; ni l'usage, ni la loi ne pouvaient autoriser une telle mesure, Milscent s'opposa énergiquement à la proposition de Leclerc et la fit repousser au nom de la concorde et du respect des principes. Le lendemain de cette réunion, le 19 mars, on procéda à l’élection des députés du Tiers-État. Les votants étaient au nombre de trois cents environ ; à la fin de la séance du matin, Milscent fut élu, le premier, à la presque unanimité des suffrages. Le même jour, à la séance de l’après-midi, furent nommés : Volney ; La Revellière-Lepeaux et Brevet de Beaujour, mais à une assez faible Majorité. Le lendemain, 20 mars, au matin, Riche, négociant à Angers, et Allard, médecin à Chateaugontier, furent élus à leur tour, ce dernier avec 152 suffrages ; le soir, Desmazières, conseiller au présidial, réunit une majorité suffisante avec 150 voix seulement. Enfin, le 21 mars au matin, on nomma le huitième et dernier député du Tiers, Lemaignan, lieutenant criminel à Bauge. Le même jour, on vota pour l'élection de quatre députés suppléants : Pilastre de la Brardière, Leclerc, Druillon et Delaunay l'aîné, réunirent la pluralité des suffrages ; mais ce dernier, mécontent de n'arriver qu'en dernière ligne et comme simple suppléant, donna séance tenante sa démission et fut remplacé immédiatement par Davy des Piltières. Tous ces personnages ont joué un rôle plus ou moins considérable dans nos premières Assemblées, et la Revue de Bretagne et d'Anjou leur consacrera, suivant leur importance, quelques pages ou quelques lignées de biographie. La séance d'ouverture des États-Généraux eut lieu le 4 mai suivant, à Versailles. Milscent fut exact au rendez-vous ; le députe angevin prit place dans la Chambre du Tiers. Convaincu de la nécessité absolue de réformer la vieille société, usée et injuste. Il était prêt à accepter toutes les améliorations compatibles avec le maintien du régime monarchique ; jamais il ne s'écarta du programme qu'il s'était proposé, et qui était celui de tous les esprits sages et modérés du moment. Du reste, même parmi les plus fougueux partisans des idées nouvelles, personne ne songeait à renverser la royauté. Hélas ! Ce fut la royauté elle-même qui fut l'ouvrière de sa propre ruine : la Convention ne guillotina qu'une morte. Pendant tout le temps qu'il exerça son mandat, Milscent joua le rôle de conciliateur qui était bien dans son caractère. Dès les premiers jours, au moment des plus ardentes discussions sur la réunion des trois ordres, le député de l'Anjou monta à la tribune et proposa d'employer, aussi longtemps qu'il serait possible, tous les moyens de conciliation compatibles avec la dignité des mandataires des communes, pour amener les deux ordres privilégiés à se réunir au Tiers Éta t; puis il engagea ses collègues à ne se constituer en Assemblée nationale qu'après avoir épuisé tous ces moyens. La proposition de Milscent fut accueillie ; et naturellement, il fut désigné pour faire partie des commissaires chargés de conférer avec le clergé et la noblesse sur la vérification en commun des pouvoirs, conformément au désir exprimé par le roi. Ces commissaires siégèrent depuis le 23 mai jusqu'à la réunion définitive, et Milscent porta, dans toutes les séances, l'autorité que lui donnait sa réputation bien établie de sagesse et de modération. Ces mêmes qualités, que savaient apprécier tous ses collègues, le firent choisir, le 11 juin, pour aller auprès des curés de la sénéchaussée d'Anjou, dans le but de les engager à se joindre à l'Assemblée des communes ; les abbés Rangeard, Chatizel et Robin s'empressèrent de se rendre à cette invitation ; seul l'abbé Martinet, curé-prieur de Daon ; refusa son adhésion. Milscent fit encore partie de la commission du tiers-ordre chargée d'aller porter au Roi et à la Reine les condoléances, des représentants des communes au sujet de la-mort prématurée du jeune dauphin. Lorsque les États-Généraux se furent définitivement formés en Assemblée constituante, le député angevin ne chercha plus à prendre part aux discussions qui n'avaient qu'un caractère purement politique ; il réserva son autorité et sa compétence pour les questions de droit et de législation. Mais il ne lui fallut pas longtemps pour s'apercevoir que sa place n'était guère au sein des assemblées délibérantes ; son tempérament s'accommodait mal des luttes parlementaires, qui s'annonçaient déjà ardentes, passionnées, implacables ; il prévoyait que ,la Révolution, au lieu d'étayer, de restaurer le vieil édifice chancelant et vermoulu de la société, allait le renverser, pour en reconstruire un autre plus en rapport avec les idées du jour. La Révolution a-t-elle réussi ? Nous n'avons pas ici à juger cette question. Toujours est-il que Milscent se sentit profondément découragé. Eût-il peur ? La Revellière-Lepeaux l’a dit ; nous ne le croyons pas ; et nous ne voyons dans le mot du théophilanthrope qu'une boutade de collègue. Milscent prétexta sa santé qui devenait chancelante et n'aspira plus qu'à revoir son pays d'Anjou. L'occasion se présenta bientôt, et sans doute il l'avait fait naître ; il se fit nommer juge au tribunal du district d'Angers, et ce fut avec joie, avec soulagement qu'il donna sa démission de député pour aller occuper son nouveau poste. Pourtant, quelques mois après, mécontent des collègues qu'on lui avait imposés, il se démit de ses nouvelles fonctions. Ses concitoyens, toutefois, ne cessaient de lui conserver leur estime et leur confiance : il fut élu maire d'Angers, le 10 décembre 1792. Milscent n'eut garde d'accepter : les circonstances étaient trop graves, .les fonctions de maire dans une ville comme Angers entraînaient trop de responsabilité. Il n'en était pas de même de Savennières, joli bourg à quatre lieues d'Angers, au milieu d'un pays fertile, où se récoltent les meilleurs vins blancs de la région.Milscent se retira dans cette commune et y accepta les fonctions qu'il avait refusées à Angers. Il y resta jusqu'en brumaire an II (23 octobre 1793), oublié par la terreur, mais aimé de tous ses administrés. Il est vrai de dire qu'il cherchait toutes les occasions de leur être utile, et, en ces temps de trouble, au centre d'un pays en proie à toutes les horreurs des luttes civiles, les occasions ne devaient pas lui faire défaut. En quittant la mairie de Savennières, il revint à Angers siéger au bureau de paix, et il y resta jusqu'au moment où le gouvernement consulaire, par arrêté en date du 9 floréal an VIII, le nomma président du tribunal d'appel qui venait d'être institué à Angers. Un mois après, le 9 prairial, eut lieu, avec une grande solennité, son installation au fauteuil présidentiel. Ce poste éminent, qui lui assurait la tranquillité, si conforme à son caractère, aurait dû le fixer à jamais, et pourtant, dès l'année suivante, on le vit briguer les suffrages des électeurs angevins ; il se mit sur les rangs, comme candidat au Corps législatif, et l'on peut s'en convaincre en relisant les discours qu'il prononça à l'assemblée primaire de la commune de Savennières, où il était inscrit sur les rôles des électeurs. Il fut nommé à une très forte majorité. Son vice-président, Mollard de La Groye, qui avait été son collègue à la Constituante, lui succéda à la présidence du tribunal. Quand les pouvoirs de la législature furent expirés, Milscent se trouva sans emploi. Heureusement, un siège de conseiller au tribunal d'appel vint d'être vacant, le gouvernement l'offrit à l'ancien député qui l'accepta, et, un peu plus tard, lors de la réorganisation des cours impériales, il fut nommé président de chambre. Milscent pouvait se croire assuré d'un repos bien mérité pour les dernières années de sa vie ; il pouvait enfin, sans crainte, partager le reste de son existence entre ses affections de famille et ses devoirs professionnels, mais son espoir ne fut que de courte durée. Ce fut dans sa propre maison qu'il trouva une source de chagrins, d'autant plus amère qu'elle le frappa dans ses affections les plus chères, et sa santé en fut profondément altérée. Il s'était vu forcé, par sa situation dans la magistrature, de dénoncer à Fouché les agissements en Anjou du fameux abbé Bernier, que le Premier Consul fit nommer évêque d'Orléans. Ce prêtre, intrigant orgueilleux et vindicatif, qui s'était fait recevoir dans la maison du président, exalta l'esprit de la femme de Milscent, de sa belle-mère et de sa soeur, ancienne religieuse de l'ordre de la Visitation, qu'il avait recueillie chez lui après la suppression des couvents. Ces femmes, qui logeaient sous son toit, qui partageaient son pain, qui formaient toute sa famille, animées d'une ardeur religieuse irréfléchie, exaltées par les insinuations perfides de Bernier, ne voyaient dans l'ancien député qu'un vil excommunié et refusaient même de diner à sa table et de lui adresser la parole .À ces persécutions domestiques, vinrent s'ajouter les soucis d'un long et triste procès. Une de ses cousines-germaines, Renée-Antoinette-Sophie Milscent, veuve d'un sieur Bernard, avait épousé en secondes noces, à Saint-Domingue, un médecin nommé Letondal, qui acquit plus tard une certaine célébrité en Anjou. Letondal, sous prétexte de sauvegarder les intérêts de ses enfants et de sa femme, dont Milscent avait été le tuteur, se crut obligé, en 1814, de lui intenter un procès qui fit grand bruit à Angers. Letondal, dans les mémoires qu'il fit paraitre à cette occasion, attaquait en termes presque injurieux la bonne foi et la probité de Milscent. Ce fut en vain que celui-ci se plaignit des insinuations injustes et passionnées dont il était l'objet : plusieurs arrêts des cours de Rennes et d'Angers donnèrent en partie gain de cause à son accusateur, sans incriminer pourtant l'honnêteté du vieux magistrat : la mauvaise tenue de sa comptabilité fut seule mise en jeu. Ce fut un coup terrible pour Milscent ; il n'y résista pas. Une attaque de paralysie le laissa pour mort ; toutefois les soins empressés des médecins, et, disons-le aussi, le dévouement de ceux qui l'entouraient, et qui ne songeaient plus aux calomnies de l'abbé Bernier, prolongèrent sa vie de quelques années ; mais son intelligence était morte tout entière. Maintenu, lors de l'instruction royale, en qualité de président honoraire, dit M. Bougler dans son ouvrage sur le mouvement provincial en 1789, il ne reparut plus au palais. On le voyait parfois courbé sous le poids des infirmités, bien plus que sous celui des années, parcourant à l'aide d'un bras les rues ou les promenades de cette ville ; et, certes, personne ne se serait douté que ce vieillard tout cassé, tout caduc, incliné vers la tombe, avait été un homme important, avait présidé une grande assemblée, avait été mêlé enfin à des événements qui marqueront dans l'histoire des siècles. Milscent mourut à Angers le 16 juillet 1821, dans la soixante-neuvième année de son âge. Il n'a laissé, pour sauver sa mémoire de l'oubli, aucune œuvre littéraire, car on ne saurait donner ce nom aux quelques discours qu'il fut appelé à prononcer dans le cours de son existence, en raison des fonctions dont il fut chargé (Discours prononcé devant l'assemblée bailliagère ; Discours prononcé à l'assemblée électorale du département dans sa dernière séance (22 germinal an V, in-8, Mame, 7 pages) ; Discours pour l'installation du tribunal d'appel (9 prairial an VIII, Angers, Mame, 15 pages, in 8). Source :La Revue Illustrée de Bretagne et d’Anjou Voir Aussi : les Angevins de Paris
On ne peut écrire l'histoire du Savennières, sans évoquer ceux qui ont contribué à le faire connaître et apprécier, ou du moins quelques-uns : le père Quillet est un de ceux-là. La famille Quillet était originaire des Deux-Sèvres, où son grand-père était charpentier à Saint-Martin-de-Macon-près de Thouars ; la famille de sa mère, les " Belliard " était installée à Savennières depuis plus d'un siècle, son arrière-grand-père, né au Mesnil et son grand-père ayant été métayers puis rouliers à la Forestrie ; et c'est à Coulaine que sa mère Françoise Belliard, née le 23 février 1837, épouse Edouard Quillet le 22 septembre 1857. Leur fils Louis-Lucien Quillet est né le 23 mars 1876 à Angers ; il a passé sa jeunesse à Savennières " le jour de ma naissance, raconte-t-il, on me donna à boire une gorgée de vin sec et, au lieu de pleurer comme cela arrive habituellement, je fis un très joli sourire ". En 1907, en passant rue du Four, à Paris, son attention fut attirée par un petit bistrot où à la devanture était affiché : " Vin du Baugeolais, vin d'Anjou " ; il entra, mais jura en sortant qu'il n'y reviendrait pas, tellement le vin d'Anjou qu'il avait bu ressemblait à de l'eau sucrée et pétillante.. Or, peu de temps après, le bistrot était mis en vente, il décida de l'acheter et de s'y installer pour vendre un véritable vin d'Anjou à l'exclusion de toute autre boisson, ni bière, ni apéritif. Situé entre Saint-Germain-des-Prés et Saint-Sulpice, non loin du café de Flore et des célèbres brasseries " Lipp " et " les Deux Magots ", lieux de rencontre des écrivains en vue, le bistrot " au Vin d'Anjou " fut vite repéré par tous ceux qui donnaient la priorité à la qualité du vin d'Anjou et à l'agrément des rencontres avec des connaisseurs ; c'est ainsi que l'on pouvait rencontrer, rue du Four, Curnonsky, " le prince des gastronomes ", Marc Leclerc, Henri Coutant qui fut longtemps président des Angevins de Paris, des membres de l'Institut, les bibliothécaires de la rue Mazarine, des professeurs, Louis Salleron, des élèves des Beaux-Arts et aussi Henri Longnon, frère de l'historien. On ne buvait que du vin de Savennières : le père Quillet venait faire sa tournée des vignobles deux fois par an et choisissait les barriques qui lui plaisaient : il n'achetait qu'en barriques, de même qu'il ne vendait qu'en bouteilles. " La fillette " n'apparaît sur les tables qu'après 1940. Il ne craignait que les hommes en uniforme et les agents des Contributions : or, durant l'Occupation, il vit entrer deux officiers allemands dont l'un lui demanda en français : " Père Quillet, avez-vous encore du vin d'Anjou ? " Devant son air peu accueillant, l'officier insista, lui rappelant qu'il venait souvent chez lui étant élève aux Beaux-Arts, quelques années auparavant. Le père Quillet fut bien obligé de le servir, mais le soir, le même officier revenait avec une dizaine de militaires, anciens élèves des Beaux-Arts, et occupaient le bistrot sans aucune retenue. Dès le lendemain, les volets restèrent fermés et jusqu'au jour de la Libération de Paris, les vrais clients surent qu'ils retrouveraient " leurs fillettes " en passant par le porche d'entrée de l'immeuble et par une petite porte donnant sur l'arrière-cuisine. Le Vin d'Anjou à Paris Pour le déguste- Pour en emporter QUILLET, 28, rue du Four - PARIS Le père Quillet ne se contentait pas seulement de servir le vin, il le décrivait, faisait découvrir aux clients les mérites comparés des différentes années et les mets avec lesquels le vin de Savennières dévoilait toutes ses qualités. C'est au cours de ces longues soirées de dégustation où les habitués donnaient leurs impressions et leurs préférences pour telle ou telle bouteille que. Henri Lognon écrivit : les " Laudes du père Quillet ", belle plaquette tirée en 250 exemplaires, préfacée par Jacques Saint-Germain, illustrée de quatre portraits d'André Hébuterne, comprenant vingt et un sixains dont voici quelques-uns, à chanter sur l'air de Cadet Roussel. À Savennières, sur le site de Coulaines, chaque jour, depuis 50 ans, Lucien Rousseau relève les informations données par les appareils de son poste d'observation météorologique, phénologique et végétale et les transmet au service de Protection des Végétaux. " Mon vrai métier, c'est ouvrier vigneron. Je n'avais pas 13 ans quand j'ai passé mon certificat d'études. J'aurais aimé être peintre décorateur, mais mon père en avait décidé autrement pour moi ; il était ouvrier agricole et vigneron ; d'ailleurs, des vignes, il y en avait tout autour de chez nous. À cette époque, nous n'avions pas les outils modernes de maintenant, nous travaillions encore avec le cheval. La veille de mes 14 ans, un matin d'août 1946, mon père m'imposa de le suivre au travail. C'est ainsi que je démarrai dans le métier et j'ai assuré l'emploi chez M. Roussier jusqu'à ma retraite à 60 ans. Avec ma femme, nous comptabilisons 95 ans de présence à Coulaines. J'y étais responsable du vignoble et ça allait de la taille de la vigne jusqu'à la correspondance. Au début, le dimanche, j'allais à Angers suivre des cours pour me perfectionner ; ça avait lieu à la Sté d'Horticulture, rue Desmazière et j'ai obtenu là mes brevets En mars 1950, Jacques Roussier était régisseur des vignobles de la Bizolière et de Coulaines et avait des rapports avec le service de la Protection des Végétaux. Il demanda la création d'un poste d'observation météorologique sur Savennières et proposa à Lucien Rousseau d'en assurer la responsabilité, lequel a aimablement accepté la charge. Depuis 50 ans, j'effectue quotidiennement les relevés, et continue encore aujourd'hui. Pendant mes périodes militaires, c'était ma femme qui me remplaçait. Parfois, j'ai dû demander à un voisin ou à M. Roussier lui-même, mais vraiment, c'était que je ne pouvais pas faire autrement. " Situé à la sortie de Savennières en direction de Saint-Georges-sur-Loire, surplombant la vallée de la Loire, le coteau de Coulaines est couvert de vignes. Le poste d'observation de Savennières est installé là, dans une vigne de François Roussier, pas loin de l'entrée et à quelques cinquante mètres de la propriété. " Il y en avait un aussi à La Pommeraye. Je me souviens que tous les ans, le directeur du centre et son adjoint réunissaient les chefs de poste à Beaucouzé autour d'un repas. Cela permettait de se connaître et de s'informer. Lucien Rousseau est passionné par son activité : " Le jour où je m'arrêterai, c'est que je ne pourrai plus, je ne peux pas m'en passer, c'est rentré en moi ". Tous les matins, je viens ici à 7 h, l'été (à 8 h l'hiver). Voyez ici, vous avez deux thermomètres placés à 40 cm du sol, l'un à minima, l'autre à maxima ; je les ai laissés dans l'état où ils étaient ce matin pour vous montrer ; qu'est-ce que vous lisez sur le minima, " 7,5° ", c'est la plus basse température de cette nuit, et sur l'autre, " 21° ", c'est la plus haute température de la journée d'hier, ce n'est pas fort pour un 17 juillet. " Un peu plus loin, sur le même rang de vigne, attaché en haut d'un piquet à 1,50 m : " il en a une grande taille votre pluviomètre " C''est du matériel de la météorologie nationale. Voyez encore, il faut verser le contenu du récipient dans l'éprouvette graduée et vous lisez la hauteur au 1/10e . Toujours sur le même rang : L'état de végétation de la vigne est relevé selon le code donné par l'échelle des stades de l'évolution de la plante d'après la méthode et la codification " Eichhorn et Lorenz " du service de la Protection des végétaux : Pour le temps qu'il fait (brouillard, bruine, brume, pluie, neige, rosée, orage, grain, grêle, verglas, gelée), Lucien Rousseau utilise les signes conventionnels de référence. À propos d'averses de grêle, j'étais également chargé d'envoyer des fusées paragrêles. C'était la mairie qui nous les procurait ; tous les coteaux des alentours en profitaient. La fusée était attirée par le nuage et ça transformait la grêle en pluie. Toutes ces observations, notre chef de poste les a notées ce matin sur son cahier personnel ; un tableau à double entrées permettant de porter, d'une part, les mentions : températures minimales et maximales, pluie, cochylis, eudémis, divers, et d'autre part, les jours du mois. Depuis 50 ans, je n'ai pas manqué un jour. Je recopie sur le cahier donné par le Service. En 1990, c'est moi qui ai demandé un cahier avec double pour mes archives. Chaque jour, Lucien communique ses relevés (température, pluie, insectes) au service de protection des Végétaux, rue Le Nôtre à Angers. Les autres renseignements divers (intempéries et développement de la vigne) sont donnés en fin de mois. Je transmets tous mes renseignements par le minitel ; dans le temps j'envoyais des cartes par la poste. À partir des données des chefs de poste, des avertissements agricoles sont diffusés par la radio et également rédigés dans un bulletin à destination des vignerons abonnés au service de protection des végétaux à raison d'un ou deux par semaine selon l'urgence. Ce bulletin fait état de la situation météorologique générale du moment, des risques de maladies et d'invasion par les insectes, des meilleurs moments pour les interventions de protection. Toute une vie au service de la vigne J'ai toujours été dans le vin, c'était ma vie. Savennières est une commune de châteaux (7 sont reconnus). Les propriétaires, des notables, très souvent, à une certaine époque, refusaient de vendre leur production, ne serait-ce qu'une barrique. Ce sont les chefs de chais et des vignerons comme moi qui ont maintenu la réputation des vins de Savennières. C'était une belle époque, nous allions les uns chez les autres pour goûter et comparer nos vins. Chaque parcelle de terre donne au raisin un goût particulier e,t par rapport à ça, nous avions beaucoup de barriques. Maintenant, tout le jus de raisin est mis dans une grande cuve. Moi, je savais ce que désirait le client, les particuliers, les restaurateurs, les clients belge ou anglais ; il passait à la propriété et goûtait pour choisir : Ce n'est pas ce que je recherche, disait-il, non, ce n'est pas encore ça ; ah ? voilà, celle-ci, c'est mieux ; redonnez-moi encore un peu de cette dernière barrique, c'est celle-ci que je veux ; j'étais content, car il s'agissait en réalité de celle que j'avais tout exprès, préparée pour eux. Goûter, c'est un art, il faut un don, de l'expérience et de la concentration (de l'intelligence et du cœur aussi). À Coulaines, il fallait goûter 50 barriques et c'était le cabernet rouge qui dominait, une singularité dans Savennières. Les techniques ont évolué et avec elles, les gestes, les pratiques, l'amour du métier. Pour tout vous dire, je regrette mon temps. Lors de son départ en retraite en 1992, Lucien Rousseau reçut deux distinctions dont il est très fier parce qu'elles représentent la reconnaissance de ses services rendus au vignoble de Savennières, de son souci du travail bien mené et de ses talents de professionnel. Il s'agit de la médaille d'honneur agricole " Grand Or " et des insignes d'Officier dans l'Ordre du Mérite Agricole, ces derniers remis par M. Perrin, ingénieur général d'agronomie au service régional de la Protection des Végétaux des Pays de Loire. Source : Histoire des coteaux de Loire et de Maine « Je m’souviens bien de sa mobilisation. Comme si c'était hier. J’vas vous expliquer. La guerre, on voyait bien qu'ça venait. J'avais 5 ans. V'là la guerre. C'était un samedi, le 3 août 1914. J'étais chez ma grand-mère au moulin au-dessus de P'tit-Mont (en Saint-Jean-de-Linières, à la limite de Saint-Martin : le moulin n'existe plus). Mon père est parti l'lundi. Il a pris le train à la gare de La Roche : le P'tit Anjou. Y avait une partie du train qui venait des Mauges, l'autre de Candé. Il l'avait pris l'après-midi. On l'avait emmené en carriole. Les gens chantaient. C'est impensable comme y chantaient. Sur les wagons, ce n''étaient pas des premières classes, ben sûr, y avait écrit : direct pour Berlin, ou ben, dans trois jours, on rapportera la tête à Guillaume (l'empereur d'Allemagne) au bout d'une ficelle. Moi, j' tordais la goule, vu que mon père partait. Au bout de trois jours,qu'y disaient : il est resté quatre ans et demi sans rentrer. Y avait des trains qui venaient d'Angers. Mon père est v'nu à Saint-Martin, chez les Chauvat, sa soeur. C'est eux qui l'ont ramené à la maison. C'était un jeudi, on n'était point à l'école, j'm'en souviens. Y'avait ma soeur, elle était encore plus prudente que moi. Elle a dit : c'est y bien sûr que c'est lui ? On savait pas ! Il est rentré le 9 janvier 1919. .Ma grand-mère disait, quand y avait quelqu'un d'un peu arriéré : il a toute l'allure d'un gars qui vient d' Pontoise. Et ben, moi, j'y allais à Pontoise ! De passage à Paris, j'ai vu Etienne Pineau, de Saint-Martin (ingénieur aux usines Samson). Quand j'ai arrivé à Paris, j'savais pas où j'étais. Y avait du monde partout. J'ouvrais les yeux partout. Y m'a emmené au restaurant. Et puis après, on est allé boire le café, c'est moi qu'a offert le café. Et puis il m'a dit : y a deux gares pour aller à Pontoise, Saint-Lazare et la gare du Nord. Il a réfléchi et il a dit : tiens, la gare du Nord f' ra mieux ton affaire, tu s'ras moins embêté. A Pontoise, j'étais pas si mal que çà puisque j'avais comme copain Louis-Charles de la Trémoille (du château de Serrant). Un numéro au-dessus des autres I C'était mon pote. Non, attendez, j'vas rectifier. J'apprends par hasard qu'il y avait là c'Monsieur qu' j'avais jamais vu de ma vie. Et lui, on lui avait dit que j'étais là. Ca c'était colporté. Coïncidence, on se croise. Quand j’l'ai croisé, il n'avait point d'étrille (brosse à nettoyer le poil des chevaux), y n'donnait pas l'impression d'avoir beaucoup d'poussière. On a causé un peu. Y m'a pas parlé longtemps, faut pas croire. Il m'a dit : Vous connaissez Saint-Georges-sur-Loire ? Ben oui, j'ai dit, c'est là que j'ai passé le conseil de révision. Mes parents habitent à côté. Alors, vous connaissez ma propriété ? Ben oui, que j'réponds. Mais on n'a pas discuté longtemps. rvas pas vous dire plus qu'y en a eu. J'y avais dit que j'avais pas d'situation. Alors, quand on s'est quitté, il m'a dit : dites donc, si vous aviez des ennuis, vous pourriez faire une démarche. Parce qu'il y en avait du personnel à Serrant dans c' temps-là. Et puis le temps a passé. C'est cette année-là qu'il a disparu. Je l'avais vu en avril 33. Il est mort à l'automne 1933. (Louis-Charles de la Trémoille est décédé en Angleterre en décembre 1933, dans un incendie). » Joseph se marie en 1934 et travaille au château de la Guerche à Savennières pour la famille Bougère dont le mari est banquier et député. Puis, c'est la Guerre. Joseph Roynard est fait prisonnier et envoyé dans une ferme en Bavière. Publié dans "Saint-Georges magazine" de janvier 2011, il est consultable sur le site Internet de la commune. Joseph travaille ensuite au domaine du Closel jusqu'à sa retraite. À Savennières, il est socialement très actif au comité des fêtes et au club de la bonne entente dont il fut l'un des fondateurs en 1977 et dont il resta longtemps trésorier. Entré à la maison de retraite de Saint-Georges en 2007, il y fêta son centenaire en juillet 2009. Mémoire précise, esprit vif, caractère jovial, parole savoureuse : c’est une personnalité attachante et un monument de notre histoire qui vient de nous quitter Source : Histoire des Coteaux de Loire et de Maine Personnalité engagée, elle a également collaboré à différents journaux et revues et tient depuis 2009 une chronique hebdomadaire sur France Culture. Ses ouvrages ont souvent été récompensés par des prix littéraires de grande notoriété. Ainsi, elle a reçu le prix Renaudot en 1980 pour "Les portes de Gubbio", le Grand prix de littérature de l'Académie française en 2005 pour l'ensemble de son oeuvre, le prix Jean Giono la même année pour "La Fraga", le prix Marguerite Duras en 2006 pour son recueil de pièces de théâtre" Quand même", ou encore le prix Jean Monnet de littérature européenne de la Charente pour sa biographie de Simone de Beauvoir. Elle est également membre du jury du Prix Fémina. Son avant-dernier ouvrage, "Nous, on n'aime pas lire", traite de son expérience au sein de collèges difficiles et elle aborde cette année la littérature jeunesse avec "Pourquoi on écrit des romans". Son implication dans la vie culturelle de Savennières remonte à quelques années quand une de ses anciennes amies d'enfance, toujours résidente au village, eut l'idée de renouer avec elle et de lui proposer de revenir sur les lieux de sa jeunesse. Elle accepte aussitôt et s'intéresse rapidement à la vie culturelle du village. À la demande des responsables de la bibliothèque municipale et plus particulièrement de sa présidente de l'époque, Catherine Goulpeau, elle accepte de donner son nom à la bibliothèque qui devient "Maison de lecture Danièle Sallenave". Peu de temps après, forte de ses nombreuses et importantes relations dans les milieux littéraires parisiens, Danièle Sallenave propose la création d'un festival littéraire à Savennières. Il verra le jour en 2004 sous le titre "Festival Terres à vins, Terres à livres", l'idée étant d'associer la manifestation culturelle à la renommée des vins de Savennières en consacrant une journée à la promotion de grands terroirs inscrits au patrimoine mondial de l'UNESCO. Le festival "Terres à vins, Terres à livres" fêtera cette année son septième anniversaire. Il aura lieu les 23, 24 et 25 septembre et aura pour invité d'honneur le célèbre écrivain Dominique Fernandez, lui-même membre de l'Académie française. Prix Goncourt en 1982 pour "Dans la main de l'ange" et Prix Médicis en 1974 pour "Porporino ou les mystères de Naples", Dominique Fernandez est considéré comme l'un des grands spécialistes français de l'art baroque et de la culture italienne. Savennières s'enorgueillit de l'élection de Danièle Sallenave à l'Académie française. Ses habitants sont fiers et reconnaissants de l'implication qu'elle témoigne dans la vie culturelle du village et de la renommée à laquelle elle contribue. Source : Michel Marcot Source : Michel Marcot Chez P.O.L Aux éditions Gallimard Chez d'autres éditeurs
Né à Baugé le 22 avril 1759, avocat au Parlement et premier huissier en 1789 de la Chambre des Comptes de Bretagne, mort à Savennières le 3 juin 1841, il a publié : Poésies dramatiques et fugitives. Ce volume renferme trois pièces, l'Adepte Philosophe, les Femmes du jour ou la Philosophie tenue en quenouille, les Sonneurs d'Amboise, tragi-comédie burlesque ; Sylla, tragédie en cinq actes, en vert (Paris, 1821, in-8e), non représentée ; Ode sur la naissance de S. A. R. le prince de Bordeaux, paraphrase du Psaume XIX : Exaudiat (Nantes, 1821, in-8e de 4 p.). L'auteur, très-lié avec son compatriote, la Messagère, V. ce nom, envoyait souvent des petits vers au Journal de Modes. Son théâtre, s'il avait été imprimé entièrement, formerait 5 ou 6 vol. in-8e. Ils sont restés aux mains de sa petite-fille. . Source : Dictionnaire Célestin PORT Née en 1884, décédée en 1968 Profession: Agrégée de sciences physiques, docteur ès sciences naturelles et auteure d’ouvrages botaniques, elle fut directrice de l’École normale supérieure agricole et ménagère de Savennières en 1948. Madame Trouard-Riolle a réalisé un petit manuel pour aider et conseiller la population à bien s’occuper d’un petit élevage. Jardinage et petits élevages au temps des restrictions, guide les éleveurs dans le choix de volailles, donne des indications sur leur santé et comment en prendre soin. Ce livre est très utile pour comprendre les opportunités qu’offrent tous ces animaux ; il explique le coût des élevages et des animaux, les installations à réaliser, le rendement des animaux, les consignes à respecter pour la santé des volailles, la reproduction, la nourriture . Source : Mémoire d’Histoire économique et sociale par Aurore PODEVIN Voir aussi fiche individuelle. Maire de Savennières 1792-1793 Lieutenant au présidial d'Angers, il est élu député du Tiers aux États généraux par la sénéchaussée de l'Anjou le 20 mars 1789. Les députés d'Anjou tiennent leurs électeurs au courant des événements grâce à la chambre de correspondance élue à cet effet. Le terme, des délais, écrivent-ils, n'est peut-être pas loin d'expirer. Sitôt que la nation sera bien convaincue qu'il n'a rien été oublié de ce qui pourrait tendre à rapprocher les deux ordres privilégiés, qu'en un mot toutes les voies de conciliation ont été employées pour réunir tous les membres de la patrie, l'assemblée des communes se déterminera dès lors à se constituer en un corps national et à régler en cette qualité les intérêts de la nation. Il prêta le serment du Jeu de paume, fit partie du comité de judicature, s'occupa surtout de questions judiciaires, fit une motion contre les intermédiaires entre le roi et les communes, demanda compte aux ministres des mesures prises pour prévenir la disette, proposa que la durée de la judicature fût fixée à 10 ans et que le roi ne pût nommer au ministère public, puis donna sa démission. Au 18 brumaire, il devint président du tribunal d'appel d'Angers le 9 floréal an VIII et fut élu, en germinal an X, par le Sénat conservateur, député de Maine-et-Loire au Corps législatif. À la réorganisation des tribunaux, le 2 avril 1811, il se vit confirmé dans ses fonctions de président de chambre à la cour d'Angers et fut nommé président de chambre honoraire le 1er juillet 1818 Maire de Savennières du 03/08/1800 au 22/09/1802 Percepteur Époux de Désirée LE SOURD DE LA FLEURIAIS Né le 22/02/1776 à Angers Décédé le 06/08/1843 à Savennières Epoux de Marie LABOUREAU des Bretêches Maire de Savennières du 22/09/1802 au 22/11/1817 Conseiller général du Maine-et-Loire Né le 16/04/1780 dans la paroisse de Saint Martin-Angers Décédé le 07/08/1828 à la Maison de La Cour aux Moines-Savennières Époux de Marie Claire de MIEULLE Maire de Savennières du 22/11/1817 à 1828 Né le 30/04/1810 à Angers Décédé le 10/09/1870 à La Possonnière Époux de Marie Anne de CORNULIER Maire de Savennières du 11/10/1828 au 06/09/1830 Né le 22/06/1797 à Savennières. Époux de Zélie BRICHET Maire de Savennières du 06/09/1830 au 25/10/1839 Et du 20/08/1844 au 20/10/1850 Né le 25 nivôse an VII (14/01/1799) à ANGERS. Décédé le 29/07/1844 Époux de Sophie Nelly FOURMOND Maire de Savennières du 25/10/1839 au 20/08/1844 Né le 17/05/1814 à Angers Décédé le 17/07/1888 à Savennières Époux de Marie Adélie PETIT de CHEMELLIER Maire de Savennières du 28/10/1850 au 07/02/1881 Avocat à la Cour d’Appel d’Angers Né le 17/10/1841 à Laval (Mayenne) Décédé en 1930 à l’âge de 89 ans Époux de Marie Aimée CHARAULT Maire de Savennières du 07/02/1881 au 17/07/1898 Maire de Savennières du 17/07/1898 au 10/12/1919 Né le 17/09/1883 au Mans Décédé le 30/5/1956 à Savennières Époux de Madeleine Cécile de LAS CASES Capitaine au 7e régiment de Zouaves Maire de Savennières du 10/12/1919 au 13/07/1956 Né le 20/02/1913 à Paris Décédé le 27/10/2004 à Savennières Époux de Jacqueline LELONG Maire de Savennières du 13/07/1956 au 14/03/1965 Né le 22/09/1909 à Courseulles-sur-Mer Décédé le 07/05/1983 à Savennières Époux de Denise DROIN Maire de Savennières du 20/03/1965 au 19/03/1971 et du 20/03/1977 au 14/12/1979 Né le 31/08/1903 à Thouars Décédé le 06/04/1996 à Savennières Maire de Savennières du 19/03/1971 à mars 1977 Maire de Savennières du 14/12/1979 au 26/03/1983 Maire de Savennières du 26/03/1983 AU 24/03/1989 Maire de Savennières du 24/03/1989 au 15/03/2008
C'est un héros aussi, tombé au Champ d'honneur le 3 juillet 1918. Issu d'une des plus illustres familles de l'ancienne France, fils du comte Arnaud de Gramont, membre de l'Académie des sciences, petit-fils du général comte de Gramont, qui perdit un bras à Reichshoffen, arrière-petit-fils du lieutenant général duc de Gramont, notre jeune confrère, attiré irrésistiblement vers les études historiques, avait suivi, comme auditeur libre, les cours de l'École des Chartes.
Antoine-Alfred-Arnaud-Xavier-Louis de Gramont
Était né à Paris le 21 avril 1861. II s'est éteint à Savennières (Maine-et-Loire) le 31 octobre 1923, après une courte maladie.
Famille MONA
Joseph MORNA
Né à Saint-Jean-des-Mauvrets, le 9 septembre 1739. Il deveint juge des traites, gabelles, tabacs et impositions foraines d'Anjou, domicilié à Angers, 55 ans, condamné à mort comme conspirateur le 11 pluviôse an II , fils de Jean-René, conseiller du Roy, juge des traites d'Anjou à Angers, et de Louise-Geneviève Dupont .
Famille RICHOU
Les Richou : Minotiers
De la fin du XVIIIe siècle au début du XXe siècle, la Roussière est restée aux mains des Richou, qui y ont concentré tous leurs efforts et en ont fait un exemple de réussite de la minoterie industrielle.
Moulins à vent et à eau : une affaire de famille
Des propriétaires fonciers dans le Haut-Anjou segréen
(Re) Construction et organisation des fermes
Généralement, le logis reconstruit pour répondre aux nouvelles exigences de confort se distingue par le soin apporté à sa façade ordonnancée. Quant aux matériaux, l’usage de la brique pour les encadrements de baies est caractéristique de cette époque de construction et largement répandu tant pour les dépendances que pour le logis. Transmise par René (II) à ses fils, la Brissetière (Le Lion-d’Angers) est composée à l’origine d’un seul corps de bâtiment avec un petit logis du XVIe siècle et des dépendances du XVIIIe siècle.
L'ascension sociale des Richou
Demeures
On dénombre ainsi en Anjou 516 chantiers et 301 châteaux nouveaux au cours de cette période. Alors qu’une partie de la famille réside au château de la Roussière, René (II) (1774-1840) et Anne Richou achètent en 1831, à Brain-sur-Longuenée, la Maison Blanche, manoir des XVIe et XVIIe siècles, composé de deux corps de bâtiment en retour d’équerre avec dépendances
Rôle dans la vie publique
Alliances matrimoniales
L'activité bancaire
La branche Richou-Mareau, avec notamment Désiré (I) Richou (1798-1860), fait évoluer les activités de la famille et ouvre l'ère de la banque Richou. Non seulement influents sur le monde agricole et industriel, ils sont aussi des acteurs incontournables de la société urbaine. Les plus anciens banquiers d'Angers sont les sieurs Philippe Rogeron et Louis et Frédéric Gaultier, déjà associés pour exercer cette fonction avant 1810. Mais dès 1822, Philippe Rogeron s'associe à Désiré (I) Richou pour continuer ses affaires et, en 1827, celui-ci se retire pour fonder une banque personnelle : il apparaît ainsi en 1830 dans l'annuaire départemental comme l’un des trois banquiers angevins.
Les Grifferais à Savennières. Rousseau, Bruno
Ce membre de la famille Richou ne faillit pas aux caractéristiques évoquées ci-dessus et s’inscrit parfaitement dans la tradition familiale : sa femme, Denyse de Kergos, issue d’une famille noble, lui apporte par mariage la propriété de Savennières. Responsable de charges importantes et honorifiques, il est nommé vice-consul de Sa Majesté Britannique à Angers en 1912 et reçoit la Légion d’honneur en 1920.
La Famille ROMAIN
Individus
BESSIN Jean
CHEVALIER Marie-Marthe
COQUEREAU du Boisbernier
GAUTIER Louis
Le Dernier Facteur
Fantassin pendant trois ans :
GIRAUD Marguerite
Madame Marguerite GIRAUD : Raconte
GUILBEAU Edgard
MESLET Marie Renée Joséphine
Mariage avec un fabricant de papier
Une vie de château (1878 – 1908)
Vie mondaine et littéraire
Deuils et mystères
MOLL Édouard
Architecte 1797-1876
MILSCENT Marie-Joseph
Lettre de M. MILSCENT
QUILLET Lucien
ROUSSEAU Lucien
Né le 07/08/1932 à Savennières, décédé le 21/07/2001 à Savennières
de 1ère et 2e année en viticulture, cultures légumières et horticulture.
Visite au poste d'observation météorologique :
" Que tenez-vous là, dans vos mains ? ", C'est un piège sexuel à cochylis. Avec ma pince à épiler, je vais détacher et aussi compter les papillons qui sont venus s'accrocher à la glu. Sur une plaque cartonnée enduite de glue ,on plante une capsule à base de phéromone ; les papillons mâles attirés par l'odeur viennent se coller à la glue. Il y a des années favorables au développement du cochylis comme l'année 2000, mais il n'y a pas de règle, on ne peut pas prévoir. Sur un autre rang, un deuxième piège spécifique existe pour les papillons eudémis, mais aujourd'hui aucun n'est venu se coller sur la plaque. Tout à côté, sur le même rang : regardez ici, ce rameau de cabernet est ma pousse de référence, je vais compter ses feuilles pour connaître l'état de son développement aujourd'hui, 36 feuilles, je vais pouvoir comparer avec d'autres années .
ROYNARD Joseph (1909-2011)
Même si ses obsèques furent dignement célébrées en l'église de Savennières, Joseph Roynard est parti sans grand bruit. Pourtant, c'était un chêne : enraciné, robuste, magnifique, dispensant comme une ombre rafraîchissante le rayonnement de sa présence amicale. Il était né le 14 juillet 1909 à la ferme de Guinezer, commune de Beaucouzé. Mais ses parents s'installèrent à Saint-Martin-du-Fouilloux le 1er novembre 1913. Ils avaient acquis une petite biquerie, comme il disait, à la Hérinière, un peu à l'écart de la grand' route. Son enfance fut marquée, très tôt, par le départ de son père pour la guerre. Voici quelques extraits, enregistrés en 2008 et publiés dans "le Foliosain" en janvier 2009, des souvenirs qu'il avait conservés de certains épisodes saillants de sa vie.
Le départ du père pour la guerre en 1914
Le retour du père
Service militaire
Comme tout le monde ! En 1933. J'ai été affecté à Pontoise, dans la cavalerie.
Un récit détaillé de cette captivité, émouvant, a été recueilli par Marie-Hélène Chevalier, des Archives Départementales.
SALLENAVE Danielle
Née le 28/10/1940 à Angers L'écrivain Danièle Sallenave, a été élue en avril dernier à l'Académie française au fauteuil de Maurice Druon décédé en 2009. Danièle Sallenave a passé son enfance dans le village de Savennières où son père M. Robert SALLENAVE, né le 7/07/1909 à Chalonnes, et sa mère Georgette GELINEAU, née le 28/01/1912 à Segré, étaient instituteurs pendant la guerre. Normalienne et agrégée de Lettres, universitaire, elle est l'auteur de nombreux romans, essais et pièces de théâtre.
Œuvres de Danièle Sallenave
SALLION Bernard-André-Jacques
TROUARD-TRIOLLE Madame
Autres Livres
MAIRES de Savennières
Classement par dates
MILSCENT Marie Joseph
LEGLOU Pierre Louis Jérôme
LETOURNEUX René Sébastien de la Perraudière
CHEVALLIER Jean Justin
ROMAIN René Félix (de)
FOURMOND-DESMAZERES François Claude
LE GLOU Victor
CHARBONNIER Charles de La Guesnerie
PICHARD Edouard
LABOUREAU Étienne Martin
BARBAT Bernard du Closeul
ROUSSIER Jacques
JOLY Antoine
REGNIER Armand
ABLINE André
ROUSSIER Marie-Rose
MARTIN Rémy